Le Monde des Pyrénées

Villages et Vallées de Catalogne

En espagnol Cataluña, en catalan, Catalunya
Située dans le nord-est de la peninsule Iberique, la Catalogne appartient très tôt à l'Europe, par simple voisinage, par son développement économique et culturel et grâce à son ouverture sur la Méditerranée. La Communauté autonome catalane, qui a toujours manifesté la volonté de garder ses distances face au centralisme castillan, appartient à l'Espagne dynamique que symbolise Barcelone. La Catalogne est souvent double, montagnarde et littorale, intérieure et méditerranéenne, sèche et humide, verte et grise, urbanisée et encore rurale, romane et moderne. Barcelone coiffe un réseau urbain qui lui confère le rôle de cap i casal de Catalunya, à la fois la tête et le foyer de la Catalogne.

- Zones de Montagne

- Les villages

- Géographie

Photo satellite de la Catalogne espagnole

- Physique

Les aspects physiques d'«Europe» et d'«Afrique» se combinent pour faire de la Catalogne un milieu de transition entre Pyrénées et Levant, au-delà du delta de l'Èbre, dont l'aridité de la cuvette s'oppose aux records pluviométriques des montagnes.

- Relief Compartimenté

Dans la masse pyrénéenne comme dans les chaînes littorales, le relief laisse peu de place aux plaines côtières, hormis les zones de deltas et d'anciennes lagunes. La Catalogne est aisément pénétrable grâce aux vallées fluviales (Besòs et Llobregat ) et aux bassins d'effondrement (Vallès et Penedès ). Le Montseny (1 712 m ) et Montserrat (1 236 m ) - la montagne sacrée des Catalans, les indentations de la Costa Brava, le volcalisme d'Olot, la plaine d'effondrement remblayée de l'Ampurdán et les hauts sommets andorrans s'ajoutent à la variété physique, qu'atteste le paysage humanisé: verdure des prairies d'élevage au nord, cultures arbustives sèches au sud (amandiers et caroubiers ). Entre les deux s'intercalent les nuances d'une Catalogne que l'on dit méditerranéenne.
Le bassin del'Ebre introduit une notion de continuité dans l'ensemble catalan ; il s'insère Entre les Pyrénées, les monts Ibériques et la cordillère côtière en une grande dépression triangulaire marquée vers l'Aragon.

- Hydrographie

Les régimes fluviaux sont sujets à des poussées brutales, le plus souvent en automne. La pluviosité annuelle peut ainsi enregistrer 200 mm en quelques heures, et dans les ramblas ( ravins ) - à sec la majeure partie de l'année (à tel points qu'ils peuvent servir de chemins aux agriculteurs ) - l'eau peut tout emporter sur son passage. Les nombreux lacs sont d'origine glaciaireglaciaire, à l'exception de celui de Banyoles (106 ha ), qui bénéficie d'une alimentation karstique.
L'Ebre prend sa source près de l'Atlantique.
Son débit moyen, 260 m3 /s à Saragosse, s'élève à plus de 600 m3 /s à Tortosa.
Dans cette dernière station, située à la tête du delta, les débits, élevés en hiver, connaissent un maximum en mars.

- Climat et végétation

En janvier, le mois le froid, mais aussi en août, les isothermes se calquent sur les grandes lignes du littoral, révélant l'influence de la Méditerranée. Le massif pyrénéen enregistretoute l'année des records de froid ; il est soumis vers l'ouest à un régime atlantique, pluvieux, humide et à faible amplitude thermique.
Trois autres types de climat obéissent à diverses nuances. Si le climat de montagne provoque d'abondantes précipitations, les influences méditerranéennes se font sentir dans les pré-Pyrénées, où les précipitations sont comprises entre 600 et 1 000 mm.
Le climat continental, avec des amplitudes thermiques marquées, caractérise l'intérieur, aux confins aragonais, froid en hiver et chaud en été. Sur le littoral, la température descend rarement au-dessous de 8 °C en janvier; les pluies s'espacent et se concentrent sur un faible nombre de jours. En descendant en latitude, les conditions climatiques correspondent davantage à ce qu'en attendent les touristes:
températures moyennes annuelles plus élevées (15 °C à Gérone ), chaleurs estivales marquées (24 °C à Barcelone ), précipitations - dont moins d'un cinquième en été - en baisse (585 mm à Tortosa ).
La Catalogne peut être divisée en deux grands ensembles biogéographiques:
médio-européen et nméditerranéen.
Dans le premier, la haute montagne présente une végétation de type alpin (pelouses, mousses, lichens ). L'étage subalpin est onstitué de conifères (pins rouges et noirs ) et de feuillus. La moyenne montagne humide reste le domaine du hêtre et de la lande de callunes et de genévriers. Le passage au chêne vert (Quercus ilex ) - alzina en catalan - annonce la garrigue méditerranéenne, à la fois adaptée au substratum calcaire et à l'aridité de la saison chaude. dans le massif du Garraf, au sud de Barcelone, apparait déjà en pleine terre le palmier nain (Chamoerops humilis ). En bordure des littoraux bas poussant des phragmites et des graminées adaptées à une teneur en sel élevée.
Dans le sud, on entre dans le domaine des plantes xérophiles et héliophiles, de formations arbustives ouvertes (monte bajo, matorral ou gagarriga ), du chêne kermès (Quercus coccifera ) - garric en catalan - et de l'arbre de la garrigue.

- Population

Les Catalans représentent 16 % de la population espagnole, contre 10 % au début du XXe siècle. Leur région s'urbanise de façon continue: la population des villes de plus de 10 000 h. représentait le quart du total. Vers 1850, la moitié vers 1900 et déjà les deux tiers vers 1950. Le transfert se produit au profit des plus grandes villes, déjà fortement densifiées, et du littoral.
La répartition par grands sexteurs d'activité est également significative de l'évolution économique de l'Espagne à l'aube du XXIe siècle:
plus de la moitié des actifs sont employés dans les services et plus du tiers dans l'industrie. Le Barcelonès ( Barcelonais ) regroupe l'essentiel des forces vives du «Principat», ce qui renforce la macrocéphalie d'une capitale dont le poids est mal compensé par les autres villes, excepté Tarragone. L'urbanisation répond à trois types de croissance: la concentration de la population dans les plus grandes villes, le poids des capitales provinciales et la densification du littoral.

- Economie

Évoquer la Catalogne en termes de «performances» économiques ne doit pas occulter l'ambition de la Communauté catalane en termes d'intégration européenne. Parmi ses provinces, Gérone est surtout touristique, Lérida agricole, et Tarragone agricole et industrielle, tandis que Barcelone combine les trois aspects.

- Agriculture

La Catalogne produit des fruits, notamment des pommes et des poires, en partie sur les 140 000 ha irrigués de Lérida, où le verger fait reculer la friche ; le maraîchage côtier est en déclin, comme les productions florales du Maresme. À la culture du riz (23 % de la production espagnole ) dans le delta de l'Èbre s'ajoute celle des primeurs. La Communauté produit la quasi-totalité des noisettes d'Espagne ( Tarragone ) et une grande part de la «trilogie» méditerranéenne: céréales, huile, vin. Les vins de Penedès, d'Alella et de Priorato ont acquis une réputation hors des frontières catalanes. Pays de moyenne exploitation familiale en faire-valoir direct, la Catalogne a évité le morcellement des propriétés foncières grâce au droit d'aînesse, les familles dédommageant les cadets sans terre qui se tournaient vers d'autres activités.
Quant à la flotte artisanale de pêche, elle est éparpillée et peu productive, obligeant la Catalogne à s'approvisionner sur la côte atlantique en produits de la mer.

- Ressources minérales et énergétiques

Le lignite de Berga et de Figols complète la production hydroélectrique de montagne.
Barcelone, qui a bénéficié, dès 1842, de l'implantation d'une centrale au charbon, s'est spécialisée dans l'accueil des butaniers en provenance d'Algérie et redistribue le gaz vers le nord-ouest, la Castille et le Pays Basque.
Tarragone raffine des hydrocarbures qui alimentent Madrid et le sud du pays, et a développé la pétrochimie.
Les petites centrales hydroélectriques sontnombreuses dans les vallées pyrénéennes, sur le Sègre et le Noguera ; la centrale thermique de Badalona appartient au paysage urbain de Barcelone.
Une centrale nucléaire est en service depuis 1972 à Vandellós, au sud-ouest de Tarragone ; celles d'Ascó (I et II ) et de Vandellós II datent des années 1980.
Les potasses du bassin de Súria sont exploitées depuis 1913 (Cardona et Sallent ) et donnent lieu à des exportations sous la forme de sels et d'engrais.

- Industrie

Bien des spécialistes s'accordent pour situer le poids de l'industrie catalane au tiers de la production nationale dans les domaines des produits chimiques, du textile et des cuirs, des plastiques et du caoutchouc, du papier et des arts graphiques. Au début des années 1990, les investissements favorisent le textile, la chimie, l'édition, l'énergie et la métallurgie.
La révolution industrielle a commencé ici dès le début du XIXe siècle avec le coton, la force hydraulique, les capitaux, une main-d'eouvre habile et l'importation de technologies nouvelles. Elle a donné Sabadell et Terrassa, les chapelets de colonies ouvrières dans les vallées du Llobregat, du Ter, du Cardoner et le centre barcelonais. Seule Tarragone, dans le domaine des produits énergéiques, dépasse la capitale catalane.

- Tourisme et services

Le tourismene redémarre guère avant les années 1930, les Barcelonais fortunés gagnant épisodiquement le Maresme au nord, Sitges au sud ou la Costa Brava géronaise, qui suscitera à nouveau un grand engouement dans les années 1950.
La Catalogne,aux portes de l'archipel des Baléares qui appartient aux Països Catalans, tout comme la principauté d'Andorre, concentre le quart des terrains de camping de l'Espagne. Entre la frontière française et le delta de l'Ebre se met en place la première région soumise à la «ruée» sur les prix dans les années 1960 -1970, Salou au sud, Lloret au nord.
Les services sont, pour l'essentiel, constitués à partir de la demande touristique, ce qui explique aussi l'importance des équipements bancaires et des grandes surfaces commerciales périurbaines.
Bien desservie par les transports routiers et ferroviaires, la Catalogne l'est aussi par l'aéroport international de Barcelone, qui génère un trafic annuel de 10 millions de passagers.

- Histoire

La situation géographique de ce qui allait devenir la Catalogne en a fait une zone de passage et de brassage de populations depuis la préhistoire. L'apport culturel le plus important devait être celui de Rome. Politiquement, la naissance de la nationnation catalane est liée à l'histoire de l'Empire carolingien.

- Naissance d'une Nation

Charlemagne et Louis Ier le Pieux ont lutté contre les musulmans de la péninsule Ibérique et ont établi, aux confins méridionaux de l'Empire, la Marca Hispánica (la marche d' Espagne ), à la fois bastion avancé de la chrétienté face à l'islam et refuge pour les chrétiens d'Espagne, les Hispani, qui fuient la domination des Sarrasins. Les affrontements sont nombreux, surtout après l'établissement de l'émirat de Cordoue. L'autonomie des comtes, fonctionnaires impériaux chargés d'administrer et de défendre les pays de la marche, est d'autant plus grande qu'ils sont géographiquement éloignés du centre de l'Empire, que la menace sarrasine est plus pressante et le pouvoir franc plus faible.
Devenues héréditaires, les fonctions comtales sont aux mains de quelques dynasties dont la plus importante est celle de Barcelone.
En 985, à l'occasion d'une nouvelle offensive des troupes de l'émir de Cordoue, le comte Borrell II demande de l'aide à son souverain, le nouveau roi de France Hugues Capet ( 987 ), sans l'obtenir. Considérant que plus rien ne l'engage envers celui-ci. Le comte, qui a repoussé les forces musulmanes, proclame l'indépendance de fait de son pays et commence à y exercer les droits régaliens, dont les plus importants sont la frappe de la monnaie et la nomination des évêques.

- De l'Occitanie à la Mediterranee

Par une habile politique d'alliances, de mariages, voire de captation d'héritages, la maison comtale de Barcelone rassemble sous son autorité la totalité des terres de l'ancienne marche. En 1151, Raimond Bérenger IV, par son mariage avec Pétronille, reine d'Aragon, hérite du royaume. Leur fils Alphonse II est le premier comte-roi: ainsi appelle-t-on les souverains de cette monarchie. En 1172, le dernier comte de Rousillon lui lègue par testament ses biens: s'ouvre alors une période d'expansion vers les terres d'Occitanie, dont les seigneurs se reconnaissent vassaux des scomtes-rois, et vers la Provence. Cette constitution d'un ensemble catalano-occitan se trouve arrêtée par la croisade contre les albigeois, et la Catalogne échappe de peu aux convoitises des croisés, après la mort en 1213 du comte-roi Pierre II.
Son fils, Jacques Ier le Conquerant, réalise d'importantes conquêtes au détriment des Sarrasins: les îles Baléares ( 1228 - 1231 ), le pays de l'Ebre ( 1232 - 1233 ), les royaumes de Valence ( 1238 ) et de Murcie ( 1266 ). Il marie son fils Pierre à l'héritière de la couronne de Sicile.
Entre-temps,en 1258, il a signé avec le roi de France Louis IX le traité de Corbeil établissant l'indépendance de droit de la Catalogne.
Avant de mourir, en 1276, il partage ses terres entre ses deux fils: l'ainé, Pierre III le grand, reçoit le Principat, l'Aragon, Valence; le cadet, Jacques, le royaume de Majorque, comprenant les Baléares, les comtés de Rousillon, de Conflent et de Cerdagne, ainsi que la seigneurerie de Montpellier.
Malgré la pression qu'exercent sur lui ses deux puissants voisins, la France et l'Aragon, ce royaume va survivre soixante-quinze ans dans une grande prospérité et un grand rayonnement culturel. Il reviendra dans l'ensemble catalano-aragonais en 1344.
Aux XIIIe et XIVe siècles, on assiste à un important développement des activités artisanales, industrielles (draperie, métallurgie ) et commerciales: les marchands Catalans sontprésents dans tout le monde méditerranéen, où ils rivalisent avec les Génois et les Pisans, et prennent même pied dans les îles Canaries ( 1369 - 1380 ). Cette expansion favorise l'essor de la bourgeoisie urbaine et explique son rôle politique croissant.

- Consolidation étatique

C'est à cette époque que sont mises en place les institutions qui font de la monarchie catalano-aragonaise un Etat fédéral ( Catalogne-Aragon-Valence) et constitutionnel: les Cortes, des assemblées élues par le clergé, la noblesse et les villes, se réunissent périodiquement pour tracer les grandes lignes de la politique, en accord avec le souverain, et pour voter les impôts. De plus, un conseil permanent, la Generalitat de Catalunya, créée en 1359, est chargé de contrôler l'exercise du pouvoir par le comte-roi et surtout l'usage fait des derniers publics.
La seconde moitié du XIVe siècle est marquée par de graves difficultés économiques et sociales: les épidémies de peste font des ravages, tandis que la sécheresse, les inondations, les tremblements de terre et les nuages de sauterelles se succèdent.
Les campagnes se vident, leurs habitants se réfugient dans les villes.
Entre le XIe et le XIVe siècle, la Catalogne connait une longue période de prospérité, un développement intellectuel et artistique incomparable: la construction d'innombrables édifices religieux, l'institution, pour tout l'Occident, du principe de la paix et trêve de Dieu ( synode de Toulouges, 1027 ), la rédaction des Constitutions, du Livre de la mer ( Code de droit maritime ), les oeuvres de Ramón Llull ou de Ramón Muntaner dans le domaine philosophique ou historique en témoignent.
Au début du XVe siècle, la maison de Barcelone s'éteint en la personne de Martin Ier ( 1410 ). Ce sont des princes castillans de la famille des Trastamare qui montent sur le trône: ces princes étrangers commencent à mener une politique de castillanisation mal acceptée par les Catalans, d'autant que le pays est confronté à une crise économique de plus en plus marquée. La révolte, menée par la bourgeoisie barcelonaise, qui éclate en 1462, est d'ordre à la fois économique, social et politique.

- Guerres et révolution

Ferdinand II le Catholique ( successeur de Jean II sans Foi ), marié à la reine Isabelle de Castille, va mettre fin à cette révolte en supprimant la plupart des droits féodaux. Il est très intéressé par les affaires européennes. Soucieux des intérêts de son petit-fils, Charles de Gand, le futur Charles Quint, il est amené, à travers les guerres d'Italie, à s'opposer à la maison de France ( Charles VIII, Louis XII, François Ier ). Sous le règne de ses successeurs, les Habsbourgs, la rivalité entre les deux maisons régnantes devient permanenete et les territoires Catalans situés au nord des Pyrénées sontsouvent le théâtre d'opérations militaires, d'où l'importance des fortifications qui y sont édifiées ( Salses, Perpignan ).
Même si les deux couronnes de Castille et de Catalogne-Aragon demeurent séparées, la puissance castillane se fait de plus en plus écrasante. La centralisation et la castillanisation s'intensifient tout au long des XVIe et XVIIe siècles.
Aussi les Catalans, écartés de l'aventure américaine, menacés par les incursions françaises, en plein marasme économique, supportent - ils de plus en plus mal cette situationsituation.
Au début du XVIIe siècle, la Castille connait à son tour d'enormes difficultés monétaires et économiques. Afin de poursuivre leur politique hégémonique, les souverains castillans exigent une participation fiscale accrue de la part des Catalans. En 1635, l'entrée de la France dans la guerre de Trente ans impose de nouvelles charges à la Catalogne, tandis que le nord du territooire est de nouveau ravagé par les armées, tant françaises qu'espagnoles. Le 7 juin 1640, les Catalans, excédés, se soulèvent et font sécession: après l'échec d'une tentative de république, la couronne comtale est offerte à Louis XIII.
Le 7 novembre 1659, la signature du traité des Pyrénées, entre Louis XIV et Philippe IV, prévoit entre autres dispositions le partage de la Catalogne: le Principat fait retour à la monarchie hispanique, tandis que les comtés situés au nord des Pyrénées sont annexés au royaume de France ( province du Rousillon ).

- Renaissance

Bien qu'amputée de sa partie septentrionale, la Catalogne va, dès la fin du XVIIe siècle, reconnaître une reprise de ses activités économiques; la richesse retrouvée contraste avec la décadence de la Castille.
Cependant, tout est remis en cause par la question de la succession d'Espagne. Charles II, n'ayant pas d'enfant, laisse par testament ses possessions au petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou, au détriment de l'archiduc Charles de Habsbourg. Une coalition européenne est immédiatement constituée contre Philippe V et la France. La Catalogne, hostile au nouveau roi, se range aux côtés des coalisés et reconnait l'archiduc. La guerre fait rage, indécise jusqu'en 1711, où Charles est appelé à succéder à son frère sur le trône impérial. Ses alliés, Anglais et Hollandais, peu soucieux de voir se reconstituer l'Empire de Charles Quint, abandonnent alors sa cause et reconnaissent Philippe V. C'est ainsi que sont signés les traités d'Utrecht ( 1713 ). mais, lors des négociatioins, le cas de la Catalogne n'a pas été évoqué.
Seule, elle continue la guerre. Après treize mois d'un terrible siège, Barcelone est obligée de se rendre (11 septembre 1714 ). Philippe V se trouve en position de conquerant et, par un décret de Nova Planta ( 1716 ), il abolit toutes les libertés catalanes: la Catalogne n'est plus qu'une province du royaume d'Espagne.
Ayant perdu toute autonomie, écartés de la vie politique, les Catalans mettent toutes leurs capacités au service du développement économique. L'agriculture se transforme ( mise en valeur du delta de l'Ebre ). L'industrie s'intensifie et se diversifie: aux activités artisanales s'ajoutent la production de cotonnades, les industries du liège, les papeteries et imprimeries. Il s'agit désormais d'une industrie moderne, très mécanisée, mettant en jeu d'enormes capitaux et une main-d'oeuvre salariée considérable. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le commerce retrouve tout son dynamisme. Les guerres menées contre la Révolution française et l'Empire napoléonien compromettent un moment cet élan, mais la Catalogne du XIXe siècle retrouve sa place prééminente dans l'ensemble hispanique, en dépit des désordres dus aux guerres carlistes.
Ce développement des industries provoque la naissance d'un important prolétariat urbain qui prend place à l'avant-garde des luttes syndicales.
La renaissance culturelle est allée de pair avec celle de l'économie ( 1833, publication de l'Ode à la patrie d'Aribau ). Les magnats de l'industrie pratiquent, très souvent, un important mécénat ( Joan Güell ).

- Le Temps des défis

Le XXe siècle est marqué par une renaissance du sentiment national qui, de culturel, devient rapidement politique. Les tensions sonttrès vives entre le gouvernement central de Madrid et une Catalogne où domine de plus en plus la conscience d'une identité très forte appuyée sur une nette supériorité économique. La revendication autonomiste s'affirme lors de crises comme celle de Cuba et surtout pendant la guerre du Rif. Quelques réformes sont consenties par Madrid. Mais la reprise de la guerre au Maroc sous la direction du chef Abd el-Krim et les échecs essuyés par les Espagnols amènent des grèves durement réprimées et la prise du pouvoir par le général Primo de Rivera, qui instaure un régime de type fasciste. Une fois encore, les libertés de la Catalogne sont supprimées et même la langue catalane, l'élément le plus significatif de son identité, est interdite. Un système corporatiste est mis en place et on fait venir en Catalogne de nombreux ouvriers de Murcie et d'Andalousie afin de briser la puissance des mouvements catalanistes. Toute opposition est réprimée avec une grande brutalité, les résistants et les intellectuels sont condamnés à l'exil.
Cependant, les élections municipales de 1931 donnent la victoire aux républicains et entraînent le départ du roi et la proclamation de la République. En 1932 est promulgué un statut pour la Catalogne: Elle retrouve ses anciennes libertés et dispose d'un gouvernement autonome, la Generalitat. La victoire des partis de gauche, lors des élections générales de 1936, provoque un soulèvement militaire nationaliste, que dirige bientôt le général Franco (18 juillet 1936 ). Pendant trois ans, la guerre civile fait rage, avant la victoire des forces franquistes. Elles entrent à Barcelone en janvier 1939, tandis que des centaines de milliers de républicains viennent chercher refuge en Rousillon.
De 1939 à 1975, la Catalogne est de nouveau privée de son autonomie et parvient difficilement à panser les plaies de la guerre: Barcelone, en particulier, avait été affreusement bombardée par l'aviation franquiste. Il faut attendre la décennie 1950 - 1960 pour qu'une évolution se dessine: l'Espagne renoue alors avec les autres pays européens dont l'avait séparée son entente avec l'Allemagne hitlérienne et l'Italie de Mussolini. Les touristes déferlent sur les côtes catalanes, apportant les devises qui permettent la reprise industrielle et commerciale, tandis que se développe une opposition à la fois politique et culturelle, soutenue souvent par le clergé catalan ( moines de Montserrat ). La mort du général Franco ( 20 novembre 1975 ) précipite les événements: un nouveau statut de la Catalogne est mis en place en 1979, ainsi qu'une nouvelle Generalitat et un Parlement autonome.

- La langue Catalane

Parlées en Europe et en Asie, les langues indo-européennes sont divisées en différents groupes:
- le groupe roman comprend le français, l'italien, l'espagnol, le portugais, le roumain, le catalan, l'occitan, le sarde, langues parlées dans l'Europe du sud et provenant toutes du latin. Trois d'entre elles, le français, l'espagnol et le portugais, ont depuis l'époque coloniale une expansion mondiale
- le groupe slave se divise en une branche orientale ( russe, biélo-russe, ukrainien ), une branche occidentale ( polonais, tchèque, slovaque ) et une branche méridionale ( bulgare, serbe, croate ). Jusqu'au tout début des années 1990, le russe domina la sphère des pays de l'est inféodés à ce qui fut l'Union soviétique
- le groupe germanique, rassemblant l'anglais, l'allemand, le néerlandais et les langues nordiques ( danois, suédois, norvégien ), est parlé dans le nord-ouest de l'Europe. Seul l'anglais, parmi les langues de cegroupe, a conquis une importance internationale depuis l'époque coloniale
- le groupe celtique réunit le breton, parlé en Bretagne
- le groupe iranien est constitué par le kurde, le persan, l'afghan, le baloutchi, le tadjik, langues essentiellement parlées en Iran et en Afghanistan
- le groupe indien comprend le hindi, l'ourdou, le bengali, le pendjabi, le marathi, le gujarati, l'oriya..., en tout plus de vingt langues parlées en Inde, au Pakistan, au Népal et au Sri Lanka.
Il faut ajouter à ces groupes quelques langues qui constituent un groupe à elles seules, comme l'albanais, l'arménien ou le grec.