Durant la saison d'hiver, nombreux sont ceux qui, à Barèges, se précipitent sur les pentes de l'Ayré. Mais qui sait ce que représente l'Ayré? L'Ayré c'est d'abord un sommet qui domine Barèges. C'est aussi un funiculaire qui part de Barèges et s'arrête quelque part dans la forêt de l'Ayré. Ce sont aussi des pistes de ski à l'ouverture incertaine au gré des caprices de l'enneigement.
En fait, l'Ayré c'est bien plus que tout ça. C'est une histoire. C'est l'histoire du ski pyrénéen.
Barèges fut une des premières stations de ski pyrénéenne de grande renommée. Avec le thermalisme qui battait son plein depuis Napoléon et les thermes militaires pour soigner les blessés, c'est en 1936 que le premier tronçon du funiculaire fut inauguré. Un tronçon certes modeste qui allait du village au Lienz.
La dernière guerre stoppa les élans des promoteurs mais dés 1948, le second tronçon donna au funiculaire l'allure que nous lui connaissons aujourd'hui. Ce funiculaire fut d'une grande utilité pour les travaux d'aménagement hydroélectrique (à cet égard, visiter la centrale hydroélectrique de Pragnères sur la route de Gavarnie) avec un téléphérique de service entre l'Ayré et la Glère (station de pompage, tunnel de conduite d'eau, bâtiments de logement d'ouvriers et d'ingénieurs)
Parallèlement à ces grands travaux, les sports d'hiver se développèrent à Barèges. Les pistes de l'Ayré furent ouvertes dans la forêt. Des champions apparurent tel que François Vignoles, les frères Cazaux (Henri, Jacques et Bernard) et les frères Jeandel. La dernière en date de ces champions fut Annie Famose, championne olympique en 1968 dont l'entraîneur était Pierrot Marcou, mémoire vivante de cette belle époque, hante encore les rues de Barèges.
Ces pistes de l'Ayré où s'entraînaient ces grands champions ont accueilli de nombreuses compétitions de grand niveau tel que des championnats de France, des coupes de France et d'Europe. Le tremplin (aujourd'hui à l'abandon) était toujours en activité avec une équipe de France et son entraîneur norvégien Klssen qui venait tous les ans. Une époque où les dameuses n'existaient pas: on damait à pied.
Ce site attirait une clientèle de qualité. L'activité hôtelière de Barèges était intense et florissante. Le restaurant de la gare supérieure de l'Ayré était le "must" de la station. On y servait le champagne pour une clientèle aisée. Le Lienz n'était qu'un plateau avec pas puis peu de téléski. Un seul téléski remontait à mi-pente dans la forêt. Si vous vouliez monter plus haut il fallait revenir à la station intermédiaire du funiculaire. Par la suite un télésiège Barèges - Le Lienz fut construit puis le petit téléski de la Chapelle. L'auberge du Lienz n'était qu'un cabanon où on pouvait acheter des boissons. Le cabanon s'agrandit dans les années 70 d'une bâtisse en maçonnerie et ce n'est qu'à la fin des années 80 que l'auberge prendra sa forme actuelle. Louisette, sa mère et sa soeur étaient déjà là pour accueillir les skieurs. En 25 ans Louisette a su faire de ce lieu une auberge renommée pour sa gastronomie du terroir où nous pouvons notamment y déguster du mouton AOP Barèges-Gavarnie.
L'avenir de ce lieu mythique est bien sombre. Les difficultés financières de la station ont conduit à une fermeture partielle aux skieurs. Bien sûr l'auberge reste ouverte. Une route permet l'accès au Lienz. Il reste encore des pistes de ski de fond et des itinéraires de balade à raquettes. Mais du restaurant de la gare supérieure de l'Ayré il ne reste que les souvenirs. Les champions ne s'entraînent plus mais on peut encore y observer le coq de bruyère.