- Les départements, une idée ancienne
De même, ce n’est pas en 1792 que furent créés les départements. Certes, ils avaient une forme et des noms différents, mais c’est bien avant que l’idée a germé. La République n’a fait que poursuivre un travail entrepris avant son existence.
L’idée apparaît en 1764 lorsque le marquis d’Argenson demande que le royaume soit divisé en départements. A ce moment, plusieurs concepts apparaissent, parfois assez surprenants.
La première idée avait une vision assez géométrique de la division de la France. Un quadrillage très administratif digne d’un jeu de Dames. Evidemment, échec! C’était le mauvais jeu.
La seconde idée était une sorte de compromis de centralisation et décentralisation, si on pouvait déjà l’appeler ainsi. Il s’agissait de 83 départements numérotés du nord au sud laissant la dernière place à la Corse. Pas plus de succès que la première idée. Tout était à revoir.
- Le rôle de Bertrand Barère
Il faudra attendre 1789 et le rôle essentiel de Bertrand Barère, sous la Constituante, pour avoir les contours actuel du département. Après avoir écarté toute idée de rattachement de la Bigorre au Béarn en invoquant le fait que "les deux nations sont trop séparées par les mœurs et une sorte d'antipathie qui rendront à jamais toute liaison impossible", il obtiendra le rattachement des Quatre Vallées, des parties de Rivière -Basse, Astarac, Nébouzan, Comminges, Rivière-Verdun et 5 enclaves du Béarn. Mais il n’était plus question de l’appeler «Bigorre».
- Quel nom pour le département?
Ainsi composé de morceaux féodaux de l’ancien régime, la Bigorre n’était plus seule au sein de cette nouvelle entité départementale. Si c’est Bertrand Barère qui plaide cette composition devant le comité de division des départements, le nom de «Hautes-Pyrénées» avec pour chef-lieu, Tarbes, fut imaginé par Pinteville de Cemon, un noble champenois. Le département des Hautes-Pyrénées fut créé officiellement par un décret du 26 Février 1790, confirmé le 4 Mars 1790 par lettre patente.
- L’organisation administrative du département.
La France conservera ses 83 départements de l’ancien régime, remaniés, comme celui des Hautes-Pyrénées et, cette fois, numérotés par ordre alphabétique. En 1790 il a 240.000 habitants et seulement 30 000 citoyens actifs avec 5 districts: Tarbes, Argelès, Bagnères, Vic, La Barthe. En 1800, Vic est réuni à Tarbes, tandis que La Barthe intègre Bagnères.
- Entre intérêt privé et collectif.
S’il n’était pas membre du conseil stratégique du groupe Bolloré à la veille de sa naissance, Bertrand Barère défendait néanmoins un groupe privé qui souhaitait conserver des acquis économiques. Lors des discussions pour l’adhésion des autres territoires à la Bigorre, il convenait de préserver d’anciens réseaux d’échanges et de service entre villages, bourgs et zones de production jouèrent un rôle essentiel. De la même manière, les intérêts béarnais sur les mines de la vallée de l’Ouzoum, notamment autour de Ferrière, furent rattachés aux Basses-Pyrénées.
Par ailleurs, Bertrand Barère craignait une annexion de la Bigorre à laquelle il était attaché, au Béarn. De plus, il ne voulait pas que la Bigorre, pays d’état, perde son assemblée représentative. Jean François Le Nail, ancien directeur des Archives Départementales des Hautes Pyrénées, dira qu’il existait «une notion d’intérêt général confondue dans la personnalité nationale».
Même si le département des Hautes-Pyrénées existe pour la République, les noms, voir même certaines habitudes, issus de l’ancien régime persistent. C’est de cet aspect de la mémoire patrimoniale que le département tire une grande partie de sa richesse.
- En savoir plus....
- La formation du département des Hautes-Pyrénées - Version 2003
- La formation du département des Hautes-Pyrénées - Version 2005
Ce fichier nous montre de trés belles images de la Bigorre dont la vallée des Gaves avant la catastrophe des 18 et 19 juin 2003
