Dans son ouvrage, "L'impossible citoyen. L'étranger dans le discours de la Révoloution française", Sophie Wahnich cite un extrait d'un rapport de Bertrand Barère de Vieuzac, député des Hautes-Pyrénées en 1793. Il est fait allusion à une guerre peu connue que la Convention déclara à l’Espagne le 7 mars 1793: La guerre du Roussillon.
Cette guerre méconnue n’est ni anodine ni sans incidences. Elle durera plus de deux ans, de mars 1793 à juillet 1795. Elle oppose l'Espagne, associée au Portugal, et la France révolutionnaire durant la Convention nationale. Ces affrontements correspondent au front pyrénéen oriental du conflit plus général entre la Première Coalition et la France.
Que s’est-il passé?
Le Roussillon sera envahi par les espagnols notamment les Albères, le Boulou dans le Vallespir, Collioure sur la Méditerranée… Durant un temps, Perpignan sera menacée. Face à cette invasion ibérique, les Français reprennent l'initiative en allant occuper Figueras (Figueres en catalan) en Catalogne mais aussi à l'autre boit des Pyrénées à San Sebastian, Bilbao, Vitoria au Pays Basque. Le conflit fait plusieurs dizaines de milliers de victimes de part et d'autre.
Le traité de Bâle, signé le 22 juillet 1795, met un terme au conflit. La France restitue les territoires conquis en échange de la moitié de l'île de Saint Domingue. Business is business même chez les Révolutionnaires.
"Le traité de Bâle, conclu en 1795 est un ensemble de deux traités signés respectivement entre la France et la Prusse (le 5 avril) et entre la France et l’Espagne (le 22 juillet - 4 thermidor An III), par lequel les deux pays signaient la paix avec la France révolutionnaire victorieuse, abandonnant ainsi la Première Coalition".
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"En allant venger nos frères, rappelez que, lorsqu'un des despotes de la France eut placé un de ses petits-fils sur le trône espagnol, il s'écria dans son orgueil: Il n'y a plus de Pyrénées. Portons l'égalité et la liberté en Espagne, par nos victoires ; et nous le dirons alors avec plus de vérité: Il n'y a plus de Pyrénées, et nous le dirons pour le bonheur du monde".
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"Je ne citerai pas mille traits de barbarie dignes des cannibales les plus enragés, et que l'on peut reprocher aux ennemis. Si, dans leur juste indignation, quelques républicains se sont livrés à la représaille, ils n'ont jamais donné, comme l'Espagnol, le spectacle horrible d'un cadavre à la broche".
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"Que l'Espagne entière, transformée en un vaste désert, apprenne à l'univers qu'on ne viole jamais impunément la parole donnée à la République française".
Extrait d'un rapport de Bertrand Barère de Vieuzac, député des Hautes-Pyrénées, en 1793 reproduit dans "L'impossible citoyen. L'étranger dans le discours de la Révoloution française" - Ed. Albin Michel - 1997