E-media 05, journal en ligne des Hautes-Alpes, nous fait part des "premières images du film de Jean-Michel Bertrand consacré au loup". Un «Teaser» avec des prises de vue qui ne manquent pas d’intérêt, réalisées dans des conditions difficiles.
Sachant que, contrairement à des cinéastes de renom, il s’agit de loups pris dans leur milieu, dans les Hautes-Alpes, dans les montagnes du Champsaur, en totale liberté. Difficile de ne pas adhérer à une telle réalisation qui a demandé des heures et des jours d’attente, de patience et d’observation. Jean-Michel Bertrand nous fait un bref résumé de l’envers des décors, ce qu’il vit derrière la caméra. Sur ce point, nous devons rendre hommage au cinéaste animalier qui a travaillé, manifestement, avec de petits moyens avec l’aide logistique de la Cinémathèque d’Images de Montagne.
Pour faire un tel film, comme tous films animaliers, il faut de la passion. Et Jean-Michel Bertrand n’en manque pas. Peut-être un peu trop.
«La quête du loup sauvage» a débuté par une quête à l’argent. Le nerf de la guerre. Tout débute par un appel de fonds par le site "Touscoprod". C’est ainsi qu’il est levé 17.750 sur les 15.000 nécessaire avec 173 coproducteurs. Un sujet qui passionne. Mais une passion qui n’est pas si neutre que nous pourrions l’imaginer.
Au détour de la présentation une phrase choquante:
"Loin de l'hystérie collective et des battues organisées un peu partout, je partage de beaux instants de sérénité avec la meute..."
Aux yeux de Jean-Michel Bertrand, les éleveurs et bergers sont manifestement plus des hystériques que des victimes. Si nous comprenons qu’il puisse vivre "de beaux instants de sérénité avec la meute", peut-il comprendre qu’il n’en est pas de même pour tout le monde, surtout pour ceux qui travaillent et vivent dans ces montagnes autrement que par des activités ludiques?
Et pour commenter une photo de loups:
"Heureux d'être encore en bonne compagnie!!"
Dirait-il la même chose s’il devait garder un troupeau de brebis?
A prétendre ne pas vouloir polémiquer on finit par prendre parti. Face au loup et à ces problématiques, il n’est pas possible de rester neutre. On l’accepte ou on le refuse. Historiquement, personne n’a jamais accepté cet animal, source de malheur pour les populations villageoises. Seuls ne peuvent l’accepter que ceux qui ne risquent pas d’en être victime ou, mieux encore, en profitent. C’est le cas de Jean-Michel Bertrand qui profite du loup à des fins ludiques ou professionnelles. Il n’a pas de contraintes de cohabitation ni le risque de perdre son outil de travail. Etre fasciner et admiratif du loup est une chose. Accepter de vivre avec sous contrainte en est une autre qui ne fait pas pour autant des bergers des hystériques. De la même manière, l’image est une chose, le discours qui l’accompagne une autre.
Il apparait dans la présentation de ce film, que nous sommes en présence d’un excellent instrument de propagande à travers un esprit contemplatif plus ou moins philosophique. Un de plus qui cache la vérité et la réalité à l’observateur. Si Jean-Michel Bertrand est libre de produire ce qu’il veut comme il le veut, les bergers et éleveurs sont peut-être aussi libres de dire ce qu’ils en pensent.
Louis Dollo, le 5 novembre 2014