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La protection du grand tétras en Ariège – Pyrénées devient pratiquement le fonds de commerce du Comité Ecologique Ariégeois. Une occasion de se valoriser aux yeux du public lorsque, sur le terrain, on est une association qui ne sert à rien. Le fait est que le même arrêté attaqué dans les Hautes-Pyrénées ne fait pas l’objet d’un «retoquage» de la part de la juridiction administrative. Il y a matière à s’interroger. Deux poids, deux mesures… Il faut le faire. Et sur des bases et affirmations étonnantes de la part des écolos ariégeois. Une fixation contre les chasseurs de la part des écolos ou de juges administratifs écolos?

- Le tribunal interdit la chasse au grand tétras et au lagopède en Ariège

La chasse au grand tétras et au lagopède alpin est interdite en Ariège par décision du tribunal administratif de Toulouse. Une victoire pour les écologistes qui contestaient un arrêté préfectoral autorisant cette chasse jusqu'au 20 octobre 2013.

Le Comité Ecologique Ariégeois peut se réjouir. Le Tribunal Administratif de Toulouse vient de lui donner raison en interdisant la chasse au grand tétras et au lagopède alpin.

Un arrêté autorisant la chasse jusqu'au 20 octobre 2013

L'arrêté préfectoral autorisait la chasse de ces deux oiseaux sauvages du 29 septembre au 20 octobre 2013 avec des quotas maximum de prélèvements de 21 grands tétras et 70 lagopèdes. Trop, selon le tribunal administratif qui souligne dans son référé que "l'arrêté attaqué porte une atteinte à l'intérêt public que constitue la conservation des espèces protégées dans leur aire naturelle de distribution et de reproduction". Il a donc ordonné la suspension immédiate de cet arrêté et condamné l'Etat à verser 1 200 euros à l'association écologiste au titre des frais de justice.

- Deux oiseaux protégés

Le grand tétras et le lagopède alpin sont protégés par une directive européenne datant du 2 avril 1979. Elle oblige les Etats membres de l'Union à protéger toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur leur territoire européen des États membres, y compris les œufs de ces oiseaux, leurs nids et leurs habitats.

Auteur: Laurence Boffet Publié
Source: France 3 le 14/10/2013

- Chasse au grand tétras: "le préfet et le président de la fédération de l'Ariège sont des menteurs" selon le Comité Ecologique Ariégeois

Le tribunal administratif de Toulouse vient de suspendre l’arrêté préfectoral autorisant la chasse au lagopède de montagne et au grand tétras, espèces emblématiques des Pyrénées.

Cet arrêté prive les chasseurs ariégeois de cinq jours de chasse et condamne l’Etat à payer au CEA une somme de 1200 € au titre des frais de justice.

L’arrêté de chasse prévoyait pour la saison de chasse 2013-2014 les prélèvements de 70 lagopèdes et 21 grand tétras. Le préfet, s’appuyant sur les chiffres de l’observatoire des galliformes de montagnes (OGM), expliquait que ce chiffre ne mettrait pas en danger les deux espèces et que de plus, ces quotas ne seraient pas atteints au terme de la période de chasse.

Il est vrai que l’avocat de la Fédération de Chasse, Charles Lagier du barreau de Lyon, s’est malencontreusement trouvé bloqué le jour de l’audience par une grève des avions, laissant ainsi l’avocate toulousaine de l’association ariégeoise, faire valoir ses seuls arguments. Et le tribunal de conclure que «l’arrêté attaqué porte une atteinte à l’intérêt public que constitue la préservation de ces deux espèces protégées»

- Les chasseurs ariégeois fulminent

Inutile de dire que les chasseurs ariégeois n’entendent pas en rester là. Ce matin Jean Guichou, président de la Fédération de Chasse de l’Ariège, nous a livré ses réactions. La Fédération ariégeoise va dans un premier temps saisir le Conseil d’Etat.

D’autant qu’un jugement contraire vient d’être rendu dans les Hautes-Pyrénées: «il y a à l’évidence deux perceptions de la même affaire par des juridictions administratives différentes: nos collègues des Hautes-Pyrénées qui ont subi les mêmes attaques ont vu leur arrêté confirmé alors que le nôtre est suspendu de manière étonnante.

D’autant que les deux arrêtés ont été rédigés avec les mêmes méthodes, ils s’appuient sur les mêmes chiffres, validés par les autorités de l’Etat qui ont validé et harmonisé les méthodes de fixation des quotas… c’est assez surprenant»

Pour Jean Guichou, cette affaire n’a que trop duré, «elle va connaître un dénouement prochain et la démonstration sera faite, j’en suis convaincu, que nous chassons de manière tout à fait normale des espèces qui ne sont pas protégées»

De son côté, le CEA affirme que les populations de grands tétras et de lagopèdes sont en baisse constante. Une affirmation qui selon le président des chasseurs ariégeois ne tient pas la route: «je trouve particulièrement choquant que des gens qui ne participent à aucun comptage, aucune opération de préservation de ces espèces, se permettent ce genre d’affirmation.

Les documents sur lesquels nous nous appuyons sont rédigés par l’ONCFS, nous sommes dans une période de croissance pour le grand tétras. Il y en a plus aujourd’hui qu’en 1900 où l’espèce était au bord de l’extinction. Le milieu est plus favorable aujourd’hui qu’au début du siècle dernier. Le reste n’est que littérature…

Nous, nous parlons de gestion de la nature, de gestion d’une espèce, eux parlent d’interdiction de la chasse. Nous n’abordons pas les mêmes sujets. C’est pour cela qu’avec ces gens là il ne peut pas y avoir de discussion»

- Pour les Ecologistes, les populations de grand tétras sont fragiles

Joint par téléphone, Thierry de Noblens, responsable du CEA, rappelle que l’affaire dure depuis 2008: «nous avons attaqué tous les arrêtés des chasseurs et tous les treize jugements sur le fond (jugements en Cour d’Appel, au tribunal Administratif et au Conseil d’Etat) nous ont donné raison»

Fort de cette belle jurisprudence, cette année le Comité Ecologique Ariégeois a décidé d’assigner les chasseurs qui pratiquent la chasse des galliformes de montagne en référé. Ils y ont réussi en Ariège, un peu moins dans les Hautes-Pyrénées.

«Pour nous le cœur du jugement c’était les comptages qui mettent au jour une baisse continue des populations: depuis 50 ans nous avons perdu 75% des effectifs. Certaines communes du piémont comme Montagagne sont désertes alors que dans les années 90 il y avait une dizaine de coqs chanteurs.

L’espèce est fragile, il y a énormément de contraintes: les câbles et les extensions des stations de ski, les clôtures des associations pastorales, les routes forestières, les balades en raquette, la météo, à cette fragilité s’ajoute les prélèvements des chasseurs.

En 2011, le tribunal de Pau a dit que les chasseurs étaient une des causes volontaires de la régression des effectifs des grand tétras et que le préfet devait faire casser cet arrêté […] Les associations d’environnement ne sont pas les seules à tenir cette position, l’ONF interdit la chasse au grand tétras depuis 10 ans dans les forêts domaniales dont il a la gestion.

Depuis 2003 il n’y a donc plus de prélèvements dans les domaniaux de la chaine Pyrénéenne […] dans les Pyrénées sur 6 départements, il y a deux mauvais élèves dont on attaque depuis 2008 systématiquement tous les arrêtés.

Heureusement il y a aussi de bons élèves comme les Pyrénées Orientales (3 prélèvements en 10 ans), l’Aude qui ne chasse plus de grand tétras depuis 20 ans ou la Haute-Garonne (2 à 3 prélèvements dans les 5 dernières années»

- Selon le CEA, le département de l’Ariège est à côté de la plaque

Revenant sur l’Ariège et les Hautes-Pyrénées: «les parties affirment que les populations se portent bien, c’est un mensonge total… le drame c’est que les ministères les suivent à 100% […] les présidents de ces deux fédérations sont complètement à côté de la plaque au plan légal, il y a 200 à 300 chasseurs pour 20 tétras officiellement sans compter le braconnage et les trafics car un tel trophée passé par les mains d’un taxidermiste est évalué à 2000 €»

Enfin revenant sur les chiffres de 2009 du bilan démographique de l’OGN: «tant que les populations ne seront pas à la hausse nous ne changerons pas notre fusil d’épaule, actuellement en Ariège tout repose sur un mensonge: le préfet de l’Ariège et le président de la fédération sont des menteurs»

Les deux parties se basent sur des chiffres récents: ceux de Gallipyr, un programme européen auquel participent, entre autres, les fédérations des chasseurs des Pyrénées, l’ONF, l’ONCFS et son spécialiste, Emmanuel Ménoni. Selon ce rapport, les effectifs sont de l’ordre de 3.200 adultes des deux sexes pour les Pyrénées françaises.

Et ceux de l’observatoire des galliformes de montagne (OGM), un groupement d’intérêt scientifique créé en 1992 par l’ONCFS où le CEA refuse de siéger.

Auteur: Laurence Cabrol
Source: AriègeNews du 14 octobre 2013