Le rapport sur la "reconquête des clientèles et compétitivité internationale" des stations de ski françaises établi par Vincent Rolland et remis au Premier Ministre Dominique de Villepin en décembre 2006 est tout à fait édifiant dés qu'il est abordé le chapitre environnemental et le développement durable.
Dans son chapitre III, Section III "Le développement de la qualité de la vie dans les stations" il est écrit:
"Renforcer l'attractivité des stations de sports d'hiver françaises suppose de porter une attention toute particulière au confort des usagers sous toutes ses formes: confort visuel au travers de la beauté des villages et des paysages, confort d'utilisation par une organisation fluide des déplacements et un accueil adapté à tous, ainsi que par une offre de services de proximité."
"La qualité de vie en stations s'accompagne également d'une préservation constante des ressources naturelles et des milieux.
"Elle doit favoriser le bien-être de l'ensemble des populations qui fréquentent les sites de sports d'hiver, touristes bien entendu mais également population locale. L'accueil des travailleurs saisonniers ne doit ainsi pas être négligé."
Il y a bien ici les trois volets de la définition du Développement Durable mais il n'y a pas les moyens pour y parvenir et des restrictions de langage entraînent des restrictions d'actions pour faire à minima.
Il faudrait définir de quelles populations nous parlons. Celles de la station ou celles du territoire au sens large c'est-à-dire toute une vallée ou tous ceux qui sont en droit
d'attendre et de recevoir des retombées liées à l'existence d'une station de ski. Quel développement pour les villages de proximité?
Développement imposé ou sollicité? Quel accompagnement d'évolution? Etc...
Dans la station même, la population locale inclut elle les commerçants saisonniers présent ponctuellement le temps d'un hiver et qui se moquent de ce qui se passe le reste de
l'année? Et les personnels saisonniers? Ou bien s'agit-il d'une population sédentaire vivant à l'année, de manière permanente sur le territoire?
A priori c'est le foncier sur lequel vont être construites des remontées mécaniques, des hébergements et fait des aménagements de pistes et bien sûr la neige lorsqu'elle est au rendez-vous (si non elle devient neige de culture et ne fait plus partie de la ressource naturelle mais en consomme avec l'eau). Préserver ces ressources c'est préserver une potentialité commerciale et non préserver l'environnement et la biodiversité.
La vue estivale n'est pas un souci majeur pour les stations n'ayant pas d'activité l'été. Rien n'est dit sur la qualité des sols. Comment et pourquoi les préserver? Les incidences sur la biodiversité animale et végétale tel que la flore et de la petite faune des alpages et estives? En fait le rapport recommande de soigner l'apparence, la forme, mais pas le fond. C'est d'ailleurs par cela que l'auteur débute: "confort visuel au travers de la beauté des villages et des paysages"
Et il poursuit par ces propos:
"La qualité esthétique de l'environnement urbain est un élément majeur de la qualité de vie en stations, et son niveau varie considérablement en fonction de la typologie des sites.
Les attentes des clientèles actuelles s'orientent pourtant tout autant vers l'authenticité et le caractère des lieux de vie que vers la performance des seuls sports d'hiver."
En clair, hors des populations accueillant des touristes l'hiver, il n'y a personne d'autres sur les territoires. Il n'y a pas de vie, pas d'humain, pas d'animaux sauvages ou
d'élevage. Rien ne permet de dire qu'il y a "lui (la station) et les petits oiseaux" car nous imaginons que la vie des oiseaux sur ce territoire n'est pas sa préoccupation.
Et pourtant, leur présence est un élément prouvant la qualité de la biodiversité du site.
Nous pouvons, à partir de ces quelques petits éléments du rapport, constater l'ampleur du fossé qu'il peut exister entre un technocrate établissant un rapport à partir de dossiers depuis un bureau et la réalité d'une conception de terrain à partir des habitants eux-mêmes. Ou bien, dans ce cas précis, la différence entre un alpin de terrain d'une station de ski moyenne totalement tournée vers le tourisme de masse et un pyrénéen de terrain ayant des stations villages ou des villages actifs dans les vallées où se trouvent une ou des stations.
Dans les Pyrénées, beaucoup pensent, à juste titre, que la protection de l'environnement ne peut pas être garantie autrement que par ceux qui la vive au quotidien. Elle ne peut pas se réduire à des préoccupations bureaucratiques et citadines qui se limitent, comme l'indique le rapport dans un paragraphe à "Intégrer le développement durable au coeur de la vie des stations" en proposant de soutenir et de développer les projets visant:
Surtout en parlant de promouvoir les énergies renouvelables tel que le bois-énergie à partir de ressources locales, sans doute pour éviter l'emprise forestière, conséquence d'une diminution ou, dans certains cas, disparition du pastoralisme montagnard sans même se préoccuper des faisabilités.
Il est assez désolant de voir ce député d'un département de montagne (Savoie), adjoint au maire de Pralognan la Vanoise, petite station / village de ski avoir une vision aussi
étroite de l'environnement d'une station de ski. Il est vrai qu'à Pralognan, il y a bien longtemps qu'ils ne sont plus ennuyés par les vaches et les moutons et que l'ensauvagement
du hors pistes / hors stations est bien avancé.
C'est exactement le contraire de ce que nous recherchons pour les Pyrénées.
PS: Ma critique ne porte que sur une petite partie du rapport concernant l'environnement et le développement durable. N'étant pas concerné par la plus grande partie de ce document, je ne porte aucun jugement sur la qualité de celui-ci.
Louis Dollo, le 10 janvier 2007