Le Monde des Pyrénées

W.W.F.: le lourd passé de ses fondateurs

La repentance est toujours possible mais s'engager dans la protection de l'environnement est il une forme de repentance?
C'est la question que nous pourrions nous poser au sujet des deux co-fondateurs du W.W.F., le Prince Philip d'Angleterre et le prince Bernhard de Hollande, tous deux anciens sympathisants du nazisme des années 30. Un article trouvé dans la Gazette du SNCC attire l'attention sur cette situation.

- Le cofondateur et président d'honneur du W.W.F. reconnaît son passé pro nazi

Le prince Philip vient de rompre un silence qui aura duré 60 ans, sur les liens de sa famille avec le régime nazi. Le livre de Jonathan Petropoulos Royals and the Reich paru en mai 2006 confirme ce que les lecteurs d'Industrie & Environnement savent depuis longtemps. Le W.W.F. a été fondé par deux anciens sympathisants du régime d'Adolf Hitler, le prince Philip, actuel mari de la reine Elisabeth II, et le prince Bernhard de Hollande, décédé l'an passé. Ce dernier était même un officier nazi, membre du parti, dont il n'a démissionné que pour épouser la princesse de Hollande. Dans une interview donnée à un professeur américain, le prince Philip explique l'attraction qu'il avait pour le régime nazi et pour Adolf Hitler. Même s'il ne s'est jamais considéré comme antisémite il reconnaît qu'il avait de "fortes inhibitions à propos des juifs" et une "jalousie pour leur réussite". Il reconnaît également une fascination pour Hitler qui avait réussit à faire "arriver les trains à l'heure" après le chaos de la république de Weimar. "Je peux comprendre que les gens soient pris par quelque chose ou quelqu'un qui semble faire appel à leur patriotisme et qui essaye de faire marcher les choses. Vous pouvez comprendre à quel point c'était attirant." Il ajoute qu'il y avait "beaucoup d'enthousiasme pour les nazis à l'époque: l'économie marchait bien, nous étions anticommunistes et l'on ne pouvait pas savoir ce que ce régime allait donne".
Sur l'une des photographies prise en 1937 à l'occasion de l'enterrement de sa soeur aînée, disponible sur le site Internet du Daily mail, on trouve le Prince Philip alors âgé de 16 ans entouré de proche parents en uniforme SS ou en chemises brunes. Un rang derrière, on trouve Lord Mountbatten. Philip est né en 1921 à Corfou, prince du Danemark et de Grèce; c'était le seul fils et le plus jeune des cinq enfants du prince Andrew de Grèce et de la princesse Alice de Battenberg. Ses quatre soeurs ont toutes épousé des princes allemands et trois d'entre elles - Sophie, Cécile et Maragarita - sont devenues membres du parti nazi. Le mari de Sophie, le prince Christoph de Hesse, a été le chef du bureau de renseignement de Goering. Dans une photo prise lors du mariage de ce dernier, on trouve d'ailleurs la plus jeune soeur du prince Philip assise en face d'Hitler. Cette "attraction" pour le régime nazi était certes très répandue dans les cercles aristocratiques britanniques. A commencer par le président de la Banque d'Angleterre, Montagu Norman, qui donnait quotidiennement ses instructions au ministre des Finances de Hitler, Haljmar Schacht, jusqu'à la déclaration de guerre! Ces cercles aristocratiques considéraient qu'il y avait un intérêt géopolitique à voir Hitler et Staline s'affronter dans une guerre totale qui allait détruire l'Europe continentale, perçue depuis toujours comme une menace à leurs intérêts financiers impériaux.
Ces faits étaient surtout connus jusqu'ici dans le monde du renseignement. Auparavant, la presse britannique avait souvent glosé sur le caractère raciste du prince Philip (un racisme larvé que l'on retrouve fréquemment dans l'attitude du W.W.F. vis-à-vis du tiers-monde) mais ne s'était jamais attaquée à son passé. Aujourd'hui qu'ils deviennent publics, répercutés dans les tabloïds anglais, il serait temps pour le W.W.F. de faire le nettoyage sur son passé. Rappelons que le directeur du W.W.F. International, Claude Martin, continue à défendre les valeurs de l'autre co-fondateur, le prince Bernhard de Hollande.

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Début avril 2001, Luc Ferry publiait dans Le Point un texte qui rappelait que les nazis avaient promulgué des lois sur la protection de l'animal. Une paternité embarrassante pour les tenants "de l'écologie profonde".
Face aux critiques, le philosophe y revient, textes et preuves à l'appui.

Source: La Gazette du SNCC n°21 du 2ème trimestre 2006

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