Si les écologistes intégristes se sont mobilisés pour censurer ces informations et ont violemment réagi contre ceux qui les divulguaient, c’est que ces attaques mettent en évidence le caractère insoutenable de cette écologie selon laquelle l'homme est un intrus dans la nature, un facteur de déséquilibre dont "l’empreinte" est nuisible. Dans une telle perspective, l’homme est prié de déranger le moins possible… donc d’apprendre à vivre avec les grands carnivores jusqu’à sa propre disparition de la surface de la terre.
À la seule fin de nous apprendre à cohabiter avec les loups dans les Alpes, l'Union européenne n'a pas hésité à consacrer en 2012 six millions d'euros pour financer, entre autres, des mesures pour la "préservation de l'espèce" et "atténuer l'impact de la prédation" du loup sur le "bétail", deux objectifs mutuellement incompatibles à moins de nourrir les loups avec de la viande en conserve. Et notre "éducation" concerne également la coexistence avec l'ours, le sanglier etc.
Ce n'est pas seulement un nouveau coup porté par l’écologie abstraite et irresponsable à ceux auxquels la montagne est un lieu de vie, et non seulement le rêve d'une nuit d'été. Ce problème touche désormais plus ou moins tous les pays développés et s’étend bien au-delà des zones non urbanisées où les grands prédateurs carnivores se répandent (ainsi que les sangliers et autres herbivores qui ravagent les pâturages et les vignes).
Sachant qu’en Italie la protection du loup fait partie intégrante du "politiquement correct" et ne relève pas seulement d’une culture citadine, il est significatif que, depuis plusieurs mois - après avoir été reléguée dans les chroniques locales - la question du loup apparaisse maintenant dans les pages principales d'un journal d'importance nationale comme La Stampa, ce qui est inévitable depuis le temps qu’on raconte dans les diverses vallées des Alpes les graves dommages provoqués par le retour du loup.
"La France chasse les loups, l’Italie les protège", titrait par exemple en première page La Stampa du 15 Octobre dernier en commentant une photo sur trois colonnes d'une meute de loups dans la neige. Dans les pages intérieures, un grand espace tentait un compromis habile entre le "politiquement correct" qui s’impose en Italie sur tout ce qui concerne le loup, et les décisions prises en France en 2012 après que 5848 brebis et chèvres aient été taillées en pièces par les loups. Vingt ans après leur première apparition, on estime à 250 le nombre de loups répartis en France entre les régions du Sud-Est, la Lorraine et les Pyrénées.
Dans la région Provence -Alpes- Côte d' Azur (PACA) - où la chasse au cerf et aux sangliers était déjà autorisée pour réguler leur population dans des limites compatibles avec l'agriculture - Paris a également autorisé la chasse aux loups pour des raisons similaires. Mais les Verts ont fait bloquer cette décision par le Conseil d'Etat contre laquelle des bergers et des agriculteurs se sont mobilisés.
Le problème ne se pose pas seulement en France. En Allemagne, le loup est réapparu dans les plaines peu peuplées du Brandebourg qui entourent la capitale du pays. La nouvelle a été reprise par The Economist sous le titre choc "Les loups sont proches de Berlin". En Suisse, dans le canton des Grisons, des initiatives populaires se sont multipliées pour obtenir une révision de la convention internationale signée entre autres à Berne en 1979, qui interdit strictement la chasse aux loups menacés d'extinction. Ceux qui réclament ce réexamen font valoir, avec raison, que ce ne sont pas les loups qui sont menacés d’extinction mais les bergers et les agriculteurs. A Poschiavo, la principale ville de la vallée italophone des Grisons, où le problème est survenu après que les ours soient sortis du Trentin, une association pour un territoire libre de grands prédateurs est apparue récemment avec tous ses titres ses lettres de noblesse.
Pendant ce temps, on apprend qu’aux Etats-Unis, malgré l'opposition des écologistes, le président Obama a réaffirmé la volonté du gouvernement d'autoriser la chasse au loup "pour en limiter le nombre" dans les Etats où - après avoir été réintroduit dans les Rocheuses du Nord – la multiplication de l'animal s’est multiplié au point de devenir insupportable. Ce qui concerne une grande partie des Etats-Unis: le Nord, le Nord-Ouest, les montagnes Rocheuses et le sud de la Californie.
Chez nous en Europe, et en particulier dans les Alpes et dans d’autres massifs montagneux, le retour de l'ours (tantôt carnivore, tantôt omnivore selon les dessins animés), des loups, des sangliers et des cerfs (les premiers détruisent les pâturages, les seconds les forêts) rendent l’élevage à l’herbe et le pastoralisme dans les alpages de moins en moins viable. Mais les dommages provoqués à l'environnement montagnard vont au delà des atteintes portées à l’activité légitime des bergers et des agriculteurs. Aux États-Unis, où il n’y a que 33 habitants au kilomètre carré et non 201 comme chez nous, les loups descendent maintenant des montagnes vers les vastes plaines parsemées de zones urbanisées éloignées les unes des autres, ce qui recouvre une bonne partie du territoire du pays. De fait, les aberrations des écologistes intégristes ennemis des hommes se développent dans tout le monde industrialisé.
Auteur: Robi Ronza, Journaliste écrivain catholique Italien, écrit dans "Il Sabato"
Source: La Bussola du 15 novembre 2013
Observation:
La Bussola est un journal catholique italien très proche du Vatican. Pour ne pas dire son journal officiel. A une forte audience en Italie et à l'étranger dans les milieux
catholiques, notamment La Croix.