Le commentaire de France 3 Côte d’Azur précise: «C’est l’un des plus sauvages de la dizaine de parcs nationaux français. C’est aussi l’un des plus variés sur le plan des paysages». Disons que chaque Parc va dire la même chose sur son Parc, ce qui ne valorise guère un parc plus qu’un autre et banalise cette notion de Parc qui apparaissent bien souvent au niveau de leurs «portes» comme une entrée en parc d’attraction avec ses vastes parkings et accès payants formant une barrière de protection exceptionnellement franchissable. Ce n’est pas parce que le loup est arrivé ou a été introduit dans ce Parc en 1990 – 1992 qu’il est plus sauvage qu’un autre. Et il est précisé: «Une nature protégée qui n’est pas sans poser quelques problèmes. Des incidents ont eu lieu cet été, la cohabitation est parfois difficile entre les agents qui doivent faire respecter les règles et la population locale». Incompréhension de vocabulaire: les parcs ne sont pas lisibles. S’il y a des problèmes de cohabitation avec la population sauvage c’est que nous n’avons pas de nature sauvage mais simplement un espace faisant l’objet d’un statut de protection au milieu d’activités humaines. Et ce ne sont pas les Chartes qui vont éclairer la situation puisqu’il n’est fait aucune distinction entre milieu naturel où l’homme n’intervient pas et un milieu semi-naturel qui existe grâce au travail de l’homme le plus souvent accompagné de ses bêtes.
Dans les Pyrénées, dans le cadre de la préparation de la Charte, la commission «patrimoine» présidée par l’écologiste Gérard Caussimont, Président du FIEP, avait clairement pris le parti de ne pas faire cette distinction «pour simplifier». Le problème aujourd’hui est qu’il y a incompréhension entre les protecteurs de la «nature» et les populations locales qui y ont toujours eu une activité notamment d’affouage, de cueillette et de chasse. Est-il normal qu’un village en zone d’adhésion soit traité comme étant en «zone naturelle»? Curieuse définition de la nature sauf à imaginer qu’à terme on rejoigne l’écologie politique extrémiste où l’homme est un intrus dans la nature. Et puisque tout est nature et naturel, il doit en partir.
Vous avez dit spoliation des territoires? C’est un des enjeux du débat au Mercantour qui pourrait parfaitement se faire de la même manière et dans les mêmes termes dans les Pyrénées.
Comment concilier la Charte du Parc et la liberté de ceux qui y travaillent ou qui y résident? Ce n’est pas tant la Charte qui pose problème que la loi et ses décrets d’application. Après un tel débat, quelle commune osera encore adhérer à la charte? Il faut peut-être, comme le dit le Député Européen Gaston Franco tout remettre à plat car «je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens qui y adhère».
Voilà qui en dit long sur l’avenir des Parcs Nationaux dans le concept de la loi de 2006 que beaucoup de députés de gauche n’avaient pas voté à cette époque. Aujourd’hui qu’ils sont majoritaires dans les deux assemblées, que feront-ils? Quel avenir pour l’application de cette loi de plus en plus conflictuelle et contestée?
Les invités:
- Alain Brandeis, Directeur du Parc National du Mercantour
- Anthony Turpaud, secrétaire du Syndicat de l’Environnement, majoritaire au sein du personnel du Parc
- Gaston Franco, député européen et maire de Saint-Martin-Vésubie
- Bernard Bruno, Président Syndicat Ovin 06
- Et au téléphone l’intervention de Gilbert Barbier, Président de la société de chasse de Saint Etienne de Tinée.