Le Monde des Pyrénées

Suivi non invasif du loup à la frontière de sa zone de distribution en Espagne

Noninvasive monitoring of wolves at the edge of their distribution and the cost of their conservation

Il s'agit d'une étude scientifique de 2009, publiée par la "Zoological society of London", réalisée dans le Pays Basque espagnol. Elle apporte un regard complémentaire sur la prédation respective des chiens divagants et des loups par rapports aux études françaises. Certains chercheront à opposer les trois études alors qu'il faut les prendre comme des apports supplémentaires à la connaissance.

- Avertissement

L'étude réalisée en Espagne se base sur l'analyse génétique des fèces et permet de différencier les espèces et leur régime alimentaire respectif. De cette manière nous savons qui mange qui, loin de toutes les influences, quelles soient pastorales ou environnementales. Toute fois elle présente l'inconvénient, lors de prédations, de ne pas toujours trouver les fèces consécutives à une prédation.

Deux études ont été réalisées en France:

Ces études se basent sur des témoignages d'éleveurs collectés directement par des enquêteurs et non sur simple déclaration. Pour l'étude de 2007, l'enquête a été réalisée sur des territoires où il n'y a pas de loup afin de ne pas fausser le jugement. Laurent Garde disait à propos sa dernière étude: "Il apparaît impératif de se donner les moyens de distinguer les deux types de prédation pour mieux les caractériser. Ce travail est impossible à mener dans un territoire à loups où nous sommes confrontés en permanence à un ensemble indissociable "loups + chiens""
La Zoololigical society of London a eu une autre approche que celle de l'enquête.
Pour J. Echegaray et C. Vila: "distinguer les deux types de prédation pour mieux les caractériser devient possible". La méthode consiste à réaliser des analyses génétiques des fèces afin de savoir qui a mangé quoi. Cette étude scientifique peut apparaître moins subjective mais présente l'inconvénient de ne pas pouvoir être exhaustive comme l'a été l'enquête de 2007 pour, non pas savoir qui a mangé quoi puisque par définition il n'y avait pas de loup mais qu'elle est l'ampleur des attaques de chiens sur les troupeaux permettant une analyse statistique comparative avec l'ensemble des prédations en zone loup et ainsi estimer l'ampleur de l'action des loups sur le pastoralisme.
Il ne s'agit donc pas d'une remise en cause de l'une ou l'autre méthode mais d'une approche différente permettant d'apprécier l'action du chien et du loup.

Louis Dollo, le 18 décembre 2009

- Résumé

Les grands prédateurs recolonisent des territoires dans les pays industrialisés d'où ils avaient disparus depuis des dizaines d'années, voire des siècles. Lorsqu'ils pénètrent dans de nouveaux territoires, les prédateurs rencontrent des troupeaux non protégés appartenant à des éleveurs imprudents qui ne se sont pas préparés à leur venue, ce qui ce traduit par des prédations et des coûts économiques non négligeables. Ces coûts ramenés par prédateur peuvent avoir des répercussions importantes sur la politique de conservation et de gestion des populations de prédateurs.

Durant la période 2003-2004, nous avons récoltés 136 fèces préalablement identifiées comme appartenant à des loups gris le long de la frontière de leur territoire dans la péninsule ibérique (Pays basque). Les analyses génétiques nous ont permis d'identifier les espèces d'origine dans 86 cas: 31 fèces appartenaient à des loups (Canis lupus), 2 à des renards (Vulpes vulpes) et 53 à des chiens (Canis familiaris). Pour les loups, nous avons identifiés 16 individus différents.

En se basant sur le coût de la prévention et de la compensation des dommages, nous estimons le coût de conservation des loups à 3000€ par loup et par an pour la période 2003-2004. Cependant, la plupart des fèces de loups contenaient des restes de leurs proies: des animaux sauvages alors que les déjections de chiens contenaient la plupart du temps des restes d'animaux domestiques. Cette découverte suggère que les chiens errants et divagants (uncontrolled dogs) pourraient être responsable de certaines des attaques de bétail domestique, contribuant ainsi à l'imagine négative de la protection du loup auprès du public et à l'augmentation du coût de sa protection.

Auteur: J. Echegaray (1,2,3) & C. Vilà (3)

1 Basque Wolf Group, Vitoria-Gasteiz, Spain
2 Center for Conservation and Evolutionary Genetics, Smithsonian Institution, Washington, DC, USA
3 Estacion Biologica de Donana-CSIC, Seville, Spain