En Ariège - Pyrénées, l'écobuage n'est en cause, mais la méthode utilisée est nouvelle.
Cette fois, les pompiers et l'ONF ont eu un rôle préventif et complémentaire à l'agriculture pour pratiquer un écobuage indispensable à l'entretien des terrains pastoraux
de montagne.
Les écobuages et les feux de broussailles embrasent la montagne ariégeoise.
Depuis hier matin, la quasi-totalité des centres de secours du département est sur le terrain pour s'attaquer à des foyers parfois très importants.
Face au Pont-de-la-Taule, à "Mirabat", commune d'Ustou, les pompiers de Seix sont intervenus hier pour un feu de landes se propageant sur une zone de crête. Les pompiers n'ont pu
effectuer qu'une reconnaissance, l'endroit étant inaccessible pour les hommes et les véhicules.
A Seix, le feu a pris très vite de l'ampleur, pour parvenir à encercler quelques minutes plus tard le hameau d 'Esteiches.
Les pompiers de Seix, renforcés par ceux de Saint-Girons avec plusieurs porteurs d'eau, ont été contraints d'employer les gros moyens pour éviter que le feu ne lèche les neuf
maisons du hameau. "Les flammes sont arrivées près des maisons", nous explique le lieutenant André Escaich, "le front de feu a atteint les 600m de long, attisé par un vent
assez soutenu".
En fin d'après-midi, il n'y avait plus aucun risque pour le hameau, mais le feu continuait de brÜler en crête. Les pompiers ont été contrariés dans leur intervention par des chutes
de pierres se détachant de la montagne.
Toujours en fin de matinée, ce sont les pompiers de Castillon et de Sentein qui ont été mobilisés pour un incendie de landes au-dessus d'Alas Balaguères.
Plus d'une quinzaine d'hectares sont partis en fumée. Les secouristes, ne pouvant atteindre le feu avec les lances, ont combattu les flammes à la batte en fer, évitant ainsi tout
risque de redescente du sinistre vers le village d'Agert.
En milieu d'aprèsmidi, le feu continuait de brûler.
Le maire-adjoint du village, M. Tournié, était présent sur les lieux.
Les centres de secours de Seix et de Saint-Girons, après une très courte pause, sont repartis vers Ustou. En bordure de la route de Guzet-Neige, plusieurs centaines de mètres
carrés d'herbe et de landes étaient aussi la proie des flammes.
50ha à Lercoul
Dès le début de l'après-midi, une épaisse fumée noire se dégageait des hauteurs de Lercoul, dans le Vicdessos. Un important foyer était signalé au lieudit "Agal du Bès", sur la
route du col du Crail.
Devant l'importance du foyer, les pompiers d'Auzat et de Tarascon-sur-Ariège ont fait appel à leurs homologues d'Ax-les-Thermes, Les Cabannes et Foix.
A 18-heures, plusieurs dizaines d'hectares subissaient la loi d'un feu attisé par un léger vent. Quelques petites sapinières situées sur la crête étaient à un moment menacées. Le
front de feu a été estimé à environ 300m.
A Bédeilhac, les pompiers de Tarascon-sur-Ariège et Les Cabannes sont intervenus sur quelques dizaines de mètres carrés, toujours en début d'après-midi. Un écobuage contrôlé a
échappé aussi à un particulier, qui l'avait déclaré, aux Issards, ce qui a nécessité l'intervention des pompiers appaméens avec un gros porteur d'eau.
D'autres foyers, écobuages sauvages, ou feux allumés sans autorisation étaient signalés dans le Tarasconnais, à L'Hospitalet-près-l'Andorre, dans la région d'Urs.
Plusieurs centaines d'hectares ont été ravagées par les flammes en une seule journée.
Devant l'importance des foyers se situant en Couserans, les pompiers de Saint-Girons ont reçu des renforts de Pamiers, Le Mas-d'Azil, de Lavelanet et de La Bastide-de-Sérou.
Source: La Dépêche du Midi du 27 février 2000
Il ne faut pas confondre incendie et écobuage. L'écobuage ou feu pastoral a une fonction agricole de débrousaillage et doiit être contrôlé. L'incendie volontaire ou accidentel
n'est pas, en général, contrôlé.
Ses conséquences sur la nature ne sont pas les mêmes que pour un écobuage notamment parceque le lieu et la période ne sont pas ciblés
C'est un incendie de broussailles d'une rare violence qui a démarré hier, à 14 heures, sur les hauteurs de Senconac. La soixantaine de pompiers travaillant au sol a reçu le renfort
de deux avions. Le feu a gagné une plantation de résineux.
Branle-bas de combat hier, en début d'après-midi, chez les sapeurs pompiers.
Peu avant 14-heures, un appel téléphonique, transmis au centre de traitement de l'urgence à Foix, leur signale la présence d'un front de feu important sur les crêtes qui dominent
Senconac.
Lorsque la première équipe des Cabannes arrive sur les lieux, le feu ravage déjà plusieurs hectares. Très vite, des renforts sont demandés.
Une heure après le déclenchement de l'alerte, des dizaines de camions sont déjà sur les sentiers escarpés qui mènent au foyer.
Deux fronts distincts
Encore une fois, tous les éléments constatés sur le terrain concordent pour dire qu'il s'agit d'un acte criminel. Les pompiers se retrouvent face à plusieurs départs de feu.
Le premier front, long d'environ 400-mètres, ne semble pas embêtant, il se dirige vers une crête où la végétation est inexistante.
L'autre front, par contre, pose de réelles inquiétudes aux hommes du lieutenant-colonel Théron, présent sur les lieux.
En l'espace de quelques heures, le feu se propage sur toute la colline.
Vers 15-h-30, il commence à lécher une sapinière récemment plantée. La sapinière est attaquée en une fraction de seconde. Les plantations sont jeunes, donc très fragiles.
Cette plantation a été réalisée pour protéger le village de chutes de rochers.
"L'intervention est de plus en plus difficile pour tous les intervenants", expliquait, en fin d'après-midi, le patron des pompiers ariégeois, "les trackers de Marignane connaissent
les pires difficultés pour larguer le retardant au coeur du foyer.
Les pilotes sont gênés par le vent qui souffle à plus de 60-km/h et la fumée, très épaisse".
Plus d'une centaine d'hectares
Attisé par ce vent, parfois très soutenu, le feu progresse vite. Les équipes au sol, armés de gros porteurs d'eau sont confrontées à des difficultés topographiques. Les engins ne
peuvent pas passer partout, ce qui nécessite l'établissement de longues lances à travers la roche brûlante.
Tandis que les trackers s'affairent sur la tête du front de feu le plus important (plus de 600-mètres), les pompiers luttent contre les reprises afin d'éviter que les flammes ne
sautent plus bas et qu'elles ne se dirigent vers une zone habitée.
Deux groupes d'attaque sont disposés sur le terrain pour contenir l'évolution rapide du sinistre. Ils se composent de pompiers de Luzenac, Foix, les Cabannes, Tarascon-sur-Ariège,
Auzat, Varilhes, Laroque-d'Olmes, Lavelanet et de ceux du Mas-d'Azil.
Un poste de commandement est établi à quelques centaines de mètres des foyers. Il dirige la manoeuvre des pilotes des trackers et des hommes au sol.
"On peut craindre le pire", lançait même un pompier en fin de journée. Alors qu'il pensait avoir éteint une partie du feu, celui ci a repris quelques dizaines de mètres plus loin.
Les pompiers ont débuté l'opération à 14-heures. Ils s'apprêtaient, au moment où nous écrivions ces lignes, à passer une bonne partie de la nuit sur le site.
Les gendarmes des Cabannes étaient également présents sur les lieux pour tenter de trouver les causes de ce feu.
Auteurs: Raymond Dedieu et Patrice Bouscarrut.
Source: La Dépêche du Midi du 29 février 2000
Alors que l'incendie de Senconac s'est déclaré avec huit départs volontaires, à Cazenave, à quelques kilomètres de là, on effectuait un écobuage contrôlé.
Gilbert Petit, adjoint au maire de la commune, est également directeur de l'association foncière pastorale. "Il faut dire aux gens que l'on met pas le feu comme ça. Ici, on le fait
sous le contrôle des pompiers." C'est en tout environ 80-ha qui sont ainsi débroussaillés par le feu sur la commune de Cazenave.
Hier, 10ha étaient brûlés avec l'aide des pompiers de Tarascon-surAriège et des Cabannes. Ceci permet de rendre les abords des zones d'élevage accessible et sans ronces.
Dans le Couserans aussi
Hier matin, à partir de 8-h-30, près de la forêt e Caplong, sur le territoire de la commune d'Alos, en Couserans, ce sont les pompiers qui ont mis le feu. Mais qu'on se rassure,
c'était dans le cadre d'un écobuage contrôlé (et bien contrôlé) qui a eu lieu en partenariat entre l'ONF, le SDIS et le groupement pastoral local.
Il s'agissait de remettre en pâturage, au profit des éleveurs qui en avaient fait la demande, une cinquantaine d'hectares de terrains envahis par la broussaille et qu'il fallait
donc nettoyer.
Une quinzaine de sapeurspompiers étaient sur les lieux autour du lieutenant André Escaich, chef de centre de SaintGirons et commandant le groupement du Couserans, et du sergent-chef
Antoniotti du SDIS, tandis qu'un engin spécialisé avait été envoyé par le centre de Pamiers. L'opération, menée dans les règles de l'art, a duré jusqu'en début d'aprèsmidi.
Dans le même temps, le Couserans avait retrouvé hier son calme, après un week-end très enflammé: des écobuages sauvages allumés un peu partout ont menacé directement des maisons
et des plantations.
Et, une fois de plus, des vies ont été en danger, malgré les appels à la raison, lancés depuis longtemps déjà, notamment par le colonel Théron, chef de corps départemental des
pompiers, qui était monté au créneau, aussitôt après les événements meurtriers de la montagne basque.
Dimanche encore, les pompiers du Couserans ont eu très chaud en intervenant sur de nombreux foyers, en particulier sur Aulus, Couflens, "Coumecaude" à Seix, et Castillon.
Hier, à Alos, l'intervention coordonnée des pompiers, de l'ONF et des éleveurs, ont montré que des écobuages pouvaient avoir lieu, mais à condition qu'ils soient autorisés,
déclarés et parfaitement contrôlés par des spécialistes. Raison de plus pour rendre inacceptables les actions dangereuses, voire criminelles, de ceux qui se comportent comme
de véritables incendiaires, mettant en péril la vie et les biens d'autrui.
Source: La Dépêche du Midi du 29 février 2000
80 hectares de végétation ont été détruits par les pompiers au moyen d'un écobuage dirigé
Une large colonne de fumée blanche s'échappe à grosses volutes de la montagne qui surplombe Axiat. Vu d'en bas, les automobilistes qui circulaient hier sur la RN 20 n'auront pas
manqué de remarquer que la montagne brûlait encore au-dessus de la route des Corniches.
Là haut, deux camions-pompes tonne des pompiers sont présents sur place depuis l'aube. Les flammes dévorent peu à peu la végétation.
Sur un terrain escarpé, difficile d'accès, qui sert d'ordinaire de pâturage aux brebis, les soldats du feu ont procédé à un écobuage contrôlé. "Ce matin, on a pu voir des flammes
de 12 à 14m, raconte Denis Clément, agent technique de l'Office national des forêts, chargé de la gestion de quatorze communes sur le secteur des Cabanes.
C'était impressionnant mais sûr. Les pompiers ont fait du bon boulot. Ils ont fait brûler la végétation par bandes, en descendant, ce qui est la règle à respecter pour procéder
à un feu dirigé.
L'opération menée hier au-dessus de Luzenac par une cinquantaine de pompiers du département n'était donc heureusement qu'un écobuage dirigé, une opération préparée minutieusement.
Avec des torches alimentées par un mélange de gasoil et d'essence, les pompiers ont détruit la végétation toute la journée en toute sécurité, précise Denis Clément.
Et c'est bien là la nouveauté par rapport aux gestes inconscients que les pompiers ont trop souvent constaté ces derniers temps sur le département. Pour moi, ces écobuages sauvages
sont des gestes criminels. L'an dernier, une plantation de pins et d'érables avait été décimée par un incendie. Cette année, nous avons fait brûler tout autour pour sécuriser le
site.
Face à ces incendies volontaires, les pompiers et les agents de l'ONF ont décidé de mettre en place des guets armés. "Un pompier et un agent de l'ONF vont patrouiller de manière
préventive le week-end pour signaler tout départ de feu et tenter de dissuader les incendiaires, insiste Denis Clément.
Le caporal-chef Alain Auriac ne peut s'empêcher de regretter la multiplication des feux de broussaille. "Tous ces feux coûtent cher au département et à la collectivité, précise
le caporal-chef Alain Auriac. Un écobuage sécurisé comme aujourd'hui doit se répéter plus souvent. Aujourd'hui, les conditions sont idéales. Pas de vent, un temps pas trop sec.
L'écobuage a commencé tôt ce matin et devrait se terminer ce soir.
C'est à la demande d'un berger d'Axiat, dont quinze brebis avaient péri l'an dernier dans l'incendie de ce terrain, que les pompiers sont intervenus.
Sur une zone escarpée, seulement accessible par un chemin rocailleux et de préférence en 4x4, c'est à pied et couverts par des lances à incendie que les soldats du feu ont brûlé
en toute sécurité 80 ha de genêts et de fougères.
Sylvie, pompier sur Foix, se félicite de cette opération: "Aujourd'hui, on est tranquille. On a chaud mais le risque est mesuré. On maîtrise la situation.
L'opération a en outre permis de s'apercevoir des risques grandissants d'éboulement de rochers sur le site. Certains blocs de cailloux imposants n'ont plus d'ancrage dans le sol.
Mais le plus important est d'avoir pu nettoyer le site de toute sa végétation sans faire prendre de risque aux pompiers.
D'autres écobuages dirigés sont déjà programmés en haute Ariège.
Hier, une fois n'est pas coutume en Ariège, la montagne a brûlé en toute sécurité.
Auteur:Jérôme RIVET
Source: Extrait de la Dépêche du Midi du 26 mars 2002
"Il ne faut pas interdire les écobuages mais les accompagner". Pour le lieutenant-colonel Marc Beaudroit, directeur du Service départemental d'incendie et de secours, les feux
pastoraux qui vont de pair traditionnellement avec les mois d'hiver et surtout du printemps pour entretenir les pâturages d'altitude, doivent se poursuivre mais il faut que ceux
qui les allument arrivent à comprendre que ces incendies ne doivent plus être "sauvages" mais encadrés. Qu'ils deviennent des brûlages dirigés, selon la terminologie aujourd'hui
employée. Il faut dire que le dernier incendie de Soulan, à la fin décembre, incendie accidentel cette fois, a ravagé 200ha, mobilisé 400 sapeurs-pompiers sur trois jours (sans que
l'on puisse faire appel aux avions ou hélicoptères porteurs d'eau aux repos en période hivernale) et coûté au SDIS environ 30.000€. De quoi faire réfléchir et surtout mobiliser les
autorités pour que l'année à venir ne devienne pas catastrophique avec la sécheresse actuelle.
Un Changement des Mentalités
"Il faut que les personnes qui avaient jusqu'à présent l'habitude de pratiquer ces feux pastoraux sans aucune mesure d'accompagnement et de prudence changent leur façon de faire.
Qu'ils prennent conscience du danger qu'ils peuvent aujourd'hui faire courir aux autres", prévient le chef des sapeurs-pompiers ariégeois.
C'est un fait que l'augmentation des surfaces enfrichées et l'émergence de nouveaux risques comme les villages enclavés ou nouvelles résidences secondaires et principales isolées,
ne permettent plus ces écobuages pratiqués à la méthode ancestrale.
Un changement de mentalité s'impose donc, et ce changement commence peu à peu à rentrer dans les moeurs, aux dires des responsables du SDIS. "Nous effectuons d'année en année, de
plus en plus d'opérations de brûlages dirigés", note le lieutenant Patrick Antoniutti, responsable de la cellule départementale au SDIS.
"Nos efforts de persuasion auprès des groupes pastoraux commencent à porter leurs fruits. Et puis, il faut bien insister sur le fait que nous leur rendons un service totalement
gratuit. Il suffit simplement qu'ils nous en fassent la demande ou bien à la mairie", ajoute le commandant Cnoquart.
Quant aux particuliers qui seraient amenés à allumer des feux sur leur propriété pour brûler des herbes, par exemple, ou autres résidus, ils sont fortement invités à prévenir
auparavant le centre de secours le plus proche, histoire de ne pas voir débouler à l'improviste, un camion de pompiers prévenus par un coup de fil alarmant des voisins. Ce qui
arrive fréquemment.
Auteur: R.C
Source: La Dépêche du Midi du 18 janvier 2007
De fait, des brûlages dirigés ont déjà eu lieu ces derniers jours du côté du col de Port et d'Ignaux. L'opération est assurée désormais par le SDIS en partenariat avec la
préfecture, la direction de l'agriculture, l'office nationale des forêts, la gendarmerie, la fédération pastorale, et avec l'accord du maire de la commune et des propriétaires des
parcelles concernées.
Le dispositif rassemble au minimum une dizaine de sapeurs-pompiers et deux véhicules porteurs d'eau. Elle doit se dérouler par vent nul et avec une météo raisonnée, sa gestion se
faisant en concertation avec les groupes pastoraux.
"La prévention des feux de broussailles et de landes par des brûlages préventifs permet de protéger des zones sensibles dans des conditions optimales de sécurité pour
l'environnement mais aussi pour nos matériels et nos personnels, remarque le lieutenant-colonel Beaudroit. Elle donne aussi l'occasion à ces derniers de parfaire leur formation sur
le terrain mais également de mettre en place des formations en direction des pastoraux ou collectivités locales pour garantir de futurs écobuages dirigés sur des petites surfaces".
Auteur: R.C
Source: La Dépêche du Midi du 18 janvier 2007
Beaucoup de monde à déplacer et de conditions à réunir pour des feux traditionnels qui j'adis ne demandait personne.
Bien sûr les conditions ont changé. Mais comment réaliser un feu dans des conditions optimum lorsqu'il faut faire une déclaration préalable X jours ou semaines à l'avance? Comment
savoir si les conditions seront bonnes le jour décidé sans pouvoir le modifier même de 24 h avant ou après? Combien de feux ont eu lieu dans ces conditions administratives d'une
déclaration inutile puisque par le passé les pompiers qui devaient être prévenus ne se déplaçaient jamais au motif que ce n'était pas dans leurs attributions?
Selon les explications fournies ci-dessus, la problématique est-elle le feu ou les conditions environnementales dégradées? La multiplicité de srésidences à la place de granges
forraines, les friches, la disparion des prairies de fauche ou de pacage au profit de sous bois non entretenus, etc...?
Ne serait-il pas judicieux de favoriser la réimplantation d'un patoralisme durable?
Depuis quelques semaines, un soleil printanier un peu précoce inonde les versants sud de nos Pyrénées ariégeoises.
C'est donc le moment favorable pour mettre en pratique l'écobuage, terme incorrect que l'on peu appliquer aux multiples feux de broussailles auxquels on assiste ces derniers jours,
notamment dans les secteurs d'Appy ou de Gesties par exemple.
En effet, des pans entiers de montagne sont soumis aux flammes dévastatrices et ce sont des hectares qui brûlent de façon anarchique. Les nuages de fumée impressionnants nous
montrent à quel point l'ampleur de ces feux est importante.
Cette pratique bien que courante sur les estives en soulane, si elle n'est pas surveillée, provoque de véritables désastres écologiques.
Tout y passe.
Etant randonneur et montagnard depuis trente ans, je m'insurge contre cette méthode qui même si elle fertilise le sol, laisse derrière elle un paysage de désolation, ou biotope et
végétation mettront de nombreuses années avant de se reconstituer.
Faut-il laisser faire?
Pour ceux qui partagent cet avis, souhaitons que la raison l'emporte sur l'indifférence.
Auteur: René Lagarde
Source: Courrier des lecteurs d'Ariège News du 19 févroer 2008
Il est surprenant qu'un randonneur n'ait pas constater les avantages pour la vagétation, l'élevage, les risques de glissements de terrain et d'avalanches, les risques d'incendies non contrôlés et surtout la rapidité avec laquelle la végétation repoussait sans avoir perdu de sa diversité floristique et animale.En principe, dès le printemps, toute la végétation herbeuse va repousser. C'est ce qui maintien la diversité paysagère.
Comment protéger les biens et les personnes lorsque des écobuages sauvages menacent?
Chaque année les écobuages incontrôlés font des dégâts.
Une moyenne de 6.000 hectares part en fumée. Il s'agit souvent de broussailles, mais parfois des forêts sont prises dans l'étau des flammes, des maisons et des personnes sont
menacées. Ce fut le cas à Apy cette année. Les pompiers ont dû concentrer leurs efforts, moins sur l'incendie que sur le sauvetage d'une quarantaine de personnes. La forêt de Suc
et Sentenac a été menacée. Or comme beaucoup de ces parcelles boisées en montagne, elle a un rôle primordial de protection de villages en retenant la neige susceptible de provoquer
une avalanche et les sols instables. Qui met le feu? Personne ne sait. Ou plutôt dans les villages on sait de qui il s'agit, mais la loi du silence prévaut. Pourtant on sait que la
montagne est fréquentée. Dans un espace montagnard menacé par le feu l'ONF a dénombré en même temps différents usagers: cavaliers, chasseurs, chercheurs de champignons, vététistes.
C'est dire si le sujet ne laisse pas indifférents les pouvoirs publics. Une réunion était organisée à Luzenac par l'ONF, l'Institut de Formation Forestière communale et
l'Association départementale des communes forestières avec la participation des pompiers de l'Ariège pour sensibiliser les élus et partenaires sur un thème:
"la réhabilitation du brûlage dirigé".
Car si l'écobuage sauvage peut s'avérer nocif, le feu contrôlé est un outil efficace de nettoyage de zones qui sont peu à peu reconquises par la broussaille faute d'entretien. La
déprise agricole, l'évolution climatique favorisent le développement de cette végétation. C'est un danger potentiel, surtout à proximité des villages.
Les pompiers maîtrisent parfaitement les techniques de brûlage dirigé, mais encore faut-il la participation des partenaires locaux pour aboutir, compte tenu des contraintes sur le
terrain. Cela dit il existe d'autres moyens que le brûlage qui est valable surtout si l'on a un plan de gestion (priorité au moins sur les zones à risque).
"Tout est à faire"
Les organisateurs de la réunion souhaiteraient que les élus s'impliquent davantage dans la prévention. Hervé Dolis, responsable de l'unité territoriale Haute-Ariège-Donezan:
"On ne peut pas mettre un pompier, un gendarme, un forestier sur chaque forêt. L'ONF et le SDIS (pompiers) exercent une surveillance, mais c'est impossible sur la totalité du
territoire. Le jour où l'on n'aura plus à faire la course à la flammèche, on pourra enfin faire de la gestion de milieu".
L'idée d'unités locales de lutte, chapeautées par une cellule départementale de techniciens a été lancée.
Mais André Péchin, responsable à l'ONF, constate que pour l'instant il n'y a pas de coordination au niveau départemental, pas de ligne budgétaire inscrite par le conseil général.
Bref, tout est à faire ou presque. Du côté des élus locaux, on a senti quelques réticences, car il n'est pas facile de mobiliser du monde, même en intercommunalité.
Déjà qu'on a du mal à trouver des pompiers volontaires" , disait un maire. L'équation n'est pas facile à résoudre, mais il faudra bien trouver des solutions si des gens ne veulent
pas arrêter d'allumer des incendies au gré de leurs fantaisies.
Auteur: J.M.
Source: La Dépêche du Midi du 15 novembre 2008
Environnement. 150 professionnels sont réunis à Tarascon pour les XXe rencontres du réseau des équipes de brûlage dirigé.
Archives. C'était en mars dernier en haute Ariège. Quelque 700 hectares de landes, broussailles et résineux étaient la proie des flammes.
Sur les hauteurs du village de Lordat, plus de 200 hectares partaient en fumée, nécessitant l'intervention de moyens aériens.
Et c'est précisément à proximité des friches sinistrées de Lordat que s'est déplacée, le temps de quelques heures hier, la manifestation
des XXe rencontres des équipes de brûlage dirigé.
Enjeu pour les organismes concernés (sapeurs-pompiers, fédération pastorale, ONF, collectivités locales entre autres):
comment gérer au mieux la pratique des écobuages en l'adaptant au contexte de l'activité montagnarde? L'Ariège cumule à la fois le record des incendies dans la région en surface
totale comme en surface de forêt détruite.
"Le contexte ariégeois, c'est cette large cohabitation de milieux pastoraux, touristiques, résidences secondaires et forêt", développe Hervé Dolis, directeur de l'ONF.
"On est conscient des difficultés des éleveurs en montagne et le feu est un élément incontournable. Il faut réfléchir au sylvopastoralisme, choisir une essence comme le mélèze
qui résiste mieux au parcours du feu que le hêtre. Le feu de Lordat a coûté 28 000 euros à la municipalité. On a le devoir de tout remettre en place". Pour Jean-Paul Metailie,
chercheur à l'université Toulouse-le Mirail, "Axiat peut être un bon site pour tester des procédés visant à utiliser le pastoralisme et la gestion forestière. Il
faut utiliser le broyage en complément du brûlage dirigé. Il faut un plan de gestion du massif avec une zone touristique, une zone d'économie montagnarde et ne pas brûler le massif
de gauche à droite en timbre-poste".
Le débat ne manque pas d'être irrigué. Responsable de l'association foncière pastorale d'Appy, David Huez relève qu'une soixantaine d'hectares y ont été brûlés cette année.
"Cela fait des journées assez stressantes et nous n'avons aucun intérêt à ce qui ait des feux non contrôlés. Il faudrait des feux mieux cadrés dans des zones plus petites".
La DDEA, en réponse, explique que le principe est à présent de s'appuyer sur des cellules locales de brûlage dirigé et que ces cellules seront modifiées pour qu'y prennent part un
maximum d'acteurs (SDIS, chambre d'agriculture, ONF, fédération pastorale, préfecture).
La création de cette cellule départementale devrait voir le jour à la préfecture à la fin de l'année.
Auteur: Stéphane Marcelot
Aux côtés des élus, hier soir à Tarascon-sur-Ariège.
Le feu, un allié à contrôler
La table ronde qui réunissait hier soir un représentant de l'état, des techniciens, des éleveurs et des élus, pouvait a priori déboucher sur un affrontement. Mais au contraire,
les points de vue ont convergé sur une évidence: les feux dirigés sont une nécessité pour une montagne vivante. Au-delà des chiffres, hectares brûlés par
des feux sauvages, coût d'un feu, risques en hommes et en matériel pour les pompiers, une évidence s'impose: le feu pastoral, s'il est correctement géré et associé à d'autres
pratiques, peut contribuer à un entretien efficace et raisonné des 15 000 hectares d'estives de l'Ariège et des 25 000 hectares occupés par les associations foncières pastorales.
Cela passe par une information du grand public voire une formation des éleveurs et des différents acteurs de la montagne. Depuis peu par exemple,
la réglementation de ces feux dirigés a été assouplie pour que les démarches administratives soient facilitées et gênent moins les éleveurs.
S'il est un élément culturel indéniable du milieu montagnard, le feu ne peut plus être celui que les éleveurs pratiquaient autrefois de façon anarchique, mais devenir au contraire
un élément essentiel de l'aménagement du territoire des zones de montagne.
Auteur: correspondante de la Dépêche du Midi: D.D.
Source: La Dépêche du Midi du 12 juin 2009