Le Monde des Pyrénées

L’élevage ovin transhumant en péril dans le Couserans? 2016

Analyse technique de cette situation de crise qui perdure.
Pastoralisme - En dix ans, nos estives du Couserans (Ariège - Pyrénées) ont perdu près d’un quart de leur effectif ovin. Entre pression permanente de la prédation et mesures de protection inefficaces quel est l’avenir de l’élevage ovin sur cette zone?

Les transhumances en Couserans à peine achevées, les premières attaques sur les estives ont commencées. Sur le Castillonnais et sur le Haut Salat, plusieurs montagnes sont impactées. Les éleveurs de la zone s’interrogent pour le futur tout en constatant que la protection n’est pas possible.

Nathalie Denamiel et Dominique son frère, élèvent chacun un troupeau viande, respectivement ovin et bovin sur la commune d’Ustou au lieu dit «Le Tourté». Depuis plusieurs générations, les brebis de la famille «montagnent» sur Ardio Assac. Le troupeau ovin y est conduit en semi liberté avec des visites quotidiennes pour les soins et les changements de quartier. Les brebis pacagent en «escabots» car ces parcours d’altitude sont assez accidentés et nécessitent une garde peu serrée en petits troupeaux. Le travail estival sur l’exploitation est consacrée à la fenaison et à la surveillance des bêtes sur l’estive en alternance. Avant l’arrivée des ours, les pertes en montagne n’excédaient pas 1 à 2 %. Depuis plusieurs années, à cause de la prédation, le taux est souvent de 10 %. En 2015, après une attaque de prédateurs, les brebis sont redescendues seules, l’estive a été écourtée. En 2016, Nathalie a décidé de confier les agnelles et les antenaises à un berger sur la commune de Seix à Fonta. «On est monté le samedi, la première attaque a eu lieu le lundi…il y a un berger chaque jour… Que faut-il faire?? ….». Dominique son frère explique: «pour que les brebis profitent de la montagne, il faut de la tranquillité, avant elles mangeaient et dormaient quand elles voulaient, maintenant….». Le regard de l’éleveur se voile, au delà des animaux tués et blessés, il y a la souffrance humaine, profonde et non entendue.

- Notre métier d’éleveur est devenu un combat, réagissons!

Rémi Denjean, Vice-Président de la Chambre d’agriculture et responsable du groupe professionnel montagne de l’Institution

Sur nos estives du Couserans, les attaques d’ours avec toutes les conséquences directes et indirectes, continuent et se multiplient. Sous la pression de quelques mauvais éleveurs méconnaissant notre pastoralisme, ses pratiques et ses particularités et biens conseillés par certains représentants de l’Etat, acquis à la cause des lobyistes de l’ensauvagement, des mesures de protection sont mises en place sur quelques estives (patous, parc de nuit, bergers d’appui…). Le temps prouvera, comme il a prouvé déjà aux initiateurs du Broutard «maigre» du Pays de l’Ours, que la solution n’est pas là. Malheureusement, il faut réagir et réagir vite. Notre métier d’agriculteur en montagne, de berger, est devenu un combat. La Haute-Ariège a gagné ce combat une première fois car il est permanent, et s’est débarrassé de ses ours. Le Couserans devra le gagner à son tour car il n’y aura pas de consensus dans cette bataille entre l’homme et le prédateur!»

- Quel avenir pour nos estives?

Alain Servat, Président de la Fédération Pastorale l’Ariège et Maire d’Ustou s’inquiète pour l’avenir de l’élevage et des estives sur son canton à cause de la pression permanente de la prédation, et souligne certaines contradictions. «Les montagnes se vident, on aménage d’un côté et on détruit de l’autre». L’élu de montagne et le responsable du pastoralisme départemental s’interroge: «l’Etat n’a pas d’argent pour verser des acomptes pour les travaux d’aménagement en montagne en 2016, ni pour le paiement des postes de gardiennage; par contre, des enveloppes sont trouvées pour construire des abris non réglementaires par rapport au code du travail dans le cadre du plan ours….».

Mesures de protection des troupeaux contre la prédation d'ours - Eléments techniques

Les deux principales solutions techniques proposées actuellement pour lutter contre la prédation sont l’utilisation des chiens de protection et l’implantation de parcs de regroupement nocturne.

Les limites à ces préconisations ne sont pas toujours évoquées. Sur le groupement pastoral d’Arréou, la mise en place des mesures de protection n’a pas permis une baisse significative du nombre de perte sur deux ans....//....

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