Le Monde des Pyrénées

En Suisse, les paysans sont en voie d'extinction 2014

Que nous les appellions paysans, éleveurs de montagne ou d’ailleurs, les politiques agricoles européennes ou autres, imaginées et élaborées par des fonctionnaires assez lointains des réalités mais manifestement au service de la finance mondiale pour laquelle le paysan n’est qu’un moyen, conduit des populations entières au drame et à la disparition. Le plus étonnant, notamment au niveau européen, est que ceux qui ont la charge de défendre ces paysans, contribuent à leur disparition. C’est notamment le cas de la COPA-COGECA où la Suisse n’a pas de représentant et dont on peut se demander ce qu’elle défend et représente. Ce reportage en Suisse aurait très bien pu être tourné en France. Le discours aurait été le même à la condition d’avoir des journalistes capables d’esprit critique en allant analyser le fond du problème.

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- Paysan, une espèce en voie d'extinction

En Suisse, mille paysans ferment boutique chaque année, quand ils ne choisissent pas d’en finir avec la vie. Et ceux qui continuent travaillent comme des forcenés pour gagner un salaire de misère. Les épouses sont obligées de trouver un emploi à l’extérieur. En cause: une politique fédérale agricole toujours plus contraignante. Entre suicides, divorces et surcharge administrative: rencontre avec des hommes qui en ont gros sur la patate.

La paysannerie est devenue un métier à risques. Nouvelle politique fédérale, contrôles sur les surfaces et la détention des bêtes, prix du lait sous le seuil de rentabilité, les paysans suisses paient un lourd tribut à la modernisation de l’agriculture. Rien ne va plus avec le lait, à cause de son prix, beaucoup ferment leur salle de traite. Les petites laiteries disparaissent privant les producteurs d’un lien social important.

Dès le 1er janvier 2014, les paiements directs vont essentiellement au maintien du paysage et de la biodiversité plutôt qu’aux têtes de bétail. Conséquences, le cheptel va diminuer. Mais ce qui augmente, c’est le sentiment d’être sous tutelle et surtout l’incertitude quant à l’avenir. Beaucoup témoignent: on n’est plus compris, à peine tolérés pour les publicités touristiques et le profit de la grande distribution.

Entre normalisation sociale et disparition, les témoignages sur le terrain ont la valeur d’un réquisitoire.

- Générique

Un reportage de Pascal Rebetez et Bertrand Theubet
Image: Didier Charton
Son: Beat Lambert
Montage: Jean-Michel Laubli

Source: RTS.ch du 16 janvier 2014