Tout le monde sait, après 20 ans d’expérience, que la coexistence entre le loup et le pastoralisme est impossible. Au niveau national, la position est claire: le loup ou l’agneau. Il n’est jamais question des deux ensembles. Mieux encore, le CERPAM qu’il préside confirme cette position. Ce même CERPAM a montré au cours d’un séminaire en juin 2014 à Valdeblore que tous moyens de protection étaient illusoires. Comment, dans ces conditions, être favorable à une cohabitation?
Il dit: «On n'accompagne pas assez les bergers et les éleveurs, en termes de formation par exemple». Peut-être mais pour apprendre quoi? Les nouveaux formés ne montrent pas toujours une grande compétence pas plus qu’une grande volonté pour cette profession. Le problème n’est-il pas plutôt dans la sélection? Choisir des illuminés écologistes qui rêvent de petites fleurs et de loups n’est pas sérieux. Et qu’à fait Francis Solda au cours des 15 dernière années en faveur de la formation?
Prétendre que «Tôt ou tard, il y a aura une régulation naturelle» est totalement irresponsable. Nous pouvons nous interroger sur sa profession et ses engagements syndicaux. En 20 ans la population de loups n’a jamais cessé d’augmenter pour atteindre au minimum 700, selon un dérapage de langage de l’ONCFS et non environ 300 comme indiqué officiellement. Et puis, comment imaginer une régulation naturelle d’un animal sans prédateur autrement que par une extension vers d’autres régions. Ces propos sont irresponsables.
Et voilà que Francis Solda veut encore partir vers d’autres études: «essayons de comprendre pourquoi le loup attaque plus ici que là-bas». C’est-à-dire qu’en plus de 20 ans, Francis Solda, qui a accueilli avec d’autres éleveurs des soi-disant scientifiques, n’a jamais eu l’idée de s’intéresser à ce sujet. C’est maintenant que des éleveurs demandent l’éradication que Francis Solda cherche à reculer l’échéance. Pourquoi?
Après avoir été demandé, au Ministère de l'écologie, des tirs de prélèvements (vidéo), le voici qui doute de l’efficacité de ceux-ci au motif que ça «peut déstabiliser une meute si on prélève au hasard dedans». Ce n’est pas inexact. L’idéal serait de détruire la meute complète. Rien de nouveau. Pourquoi n’a-t-il jamais défendu cette position?
En fait, tuer une meute sur un espace pastoral c’est éradiquer le loup sur cet espace. Et comme la montagne n’est pas un espace sauvage mais un espace de vie où le pastoralisme est à peu près partout, cela revient à une éradication. Mais le mot fait peur surtout si certains veulent défendre des primes plus que l’avenir d’une profession.
Si depuis 20 ans les éleveurs des Alpes du sud en sont où ils en sont, ce n’est pas un hasard. Le syndicalisme, où la démocratie n’est pas vraiment à l’ordre du jour, est probablement plus orienté vers quelques intérêts particuliers que vers un intérêt collectif. Aux éleveurs de se prendre en main et décider de ce qui est bon pour eux.
Louis Dollo, le 15 novembre 2015
- Le loup: "Ne laissons pas les éleveurs tout seuls"
Francis Solda, éleveur dans les Alpes-de-Haute-Provence: Qui choisirez-vous, l'éleveur ou le loup?
S. Camard. Je suis pour un principe de coexistence. Il ne faut certainement pas laisser les éleveurs tout seuls face à ce problème, mais on ne va pas éradiquer le loup non plus. La Région ne doit surtout pas ajouter de la violence dans un débat où l'État et l'Europe interviennent déjà beaucoup, financièrement notamment. Je suis d'accord avec les éleveurs sur la détresse de certains. Elle est réelle. On n'accompagne pas assez les bergers et les éleveurs, en termes de formation par exemple. Les tirs de défense ne me choquent pas, sans remettre en cause pour autant la convention de Berne qui protège le loup. On tâtonne pour trouver la bonne solution. Tôt ou tard, il y a aura une régulation naturelle. En attendant, améliorons la connaissance scientifique du loup, dialoguons entre nous, essayons de comprendre pourquoi le loup attaque plus ici que là-bas. Ce n'est pas avec les drones de Monsieur Estrosi qu'on y arrivera mieux.
Faudrait-il plus de tirs de prélèvement?
Les tirs de prélèvement si on me montre que ça marche... Mais beaucoup de scientifiques disent que le remède est parfois pire que le mal. Que l'on peut déstabiliser une meute si on prélève au hasard dedans. J'aimerais donc qu'on me prouve que ça marche. Mais pourquoi pas.
Propos recueillis par François Tonneau
Source: La Provence du 12 novembre 2015