Le Monde des Pyrénées

Les territoires de montagne de Soule

La Soule est une des trois provinces du Pays basque nord situé en France. Les éleveurs se sont rattachés à la fédération Transpyrénéenne des éleveurs de montagne des Pyrénées-Atlantiques. La population montagnarde est assez soudée autour du maire de Larrau, Marcel Accoceberry qui n'accepte pas, à juste titre, que d'autres décident à sa place.

- Non, notre montagne n'est pas négociable!

A la réception du projet sous la forme d'un document de synthèse des ateliers préparatoires de la charte, le maire de Larrau, Marcel Accocebery s'est penché sur le sujet. Dès qu'il s'agit de toucher à la montagne... c'est un point faible chez lui. Compte tenu des répercussions possibles sur la vie et le développement des territoires, notamment sa commune qui est une des cinq communes françaises ayant la plus grande superficie, il a convié la population à une réunion d'information et de concertation pour le 20 septembre 2007 qui a débouché sur la motion ci-dessous. Une démarche citoyenne de démocratie directe de la part d'un élu: cela mérite d'être salué.

Non, notre montagne n'est pas négociable!
Ez, gure bortia ez da tratükatzeko!

La commune de Larrau a reçu en Mairie le 17 septembre 2007, le document de synthèse des ateliers préparatoires de la charte pour le développement durable de la montagne basque.
Ce travail a été mené par l'association des commissions syndicales dénommée Euskal Herriko Mendi Elkargoen Batasuna, avec le soutien des communautés de communes du Pays Basque.
Cette charte doit être présentée en public à Tardets, lors des journées de l'agriculture des 21 et 22 septembre 2007 organisés par la communauté de communes de Soule, en partenariat avec la commission syndicale de Soule et les organismes agricoles de la vallée.

Cette charte révèle que la montagne basque possède une biodiversité exceptionnelle. C'est donc que les habitants de la montagne ont su, au cours des générations, la préserver naturellement, parce qu'elle fait partie de leur environnement, de leur patrimoine, de leur culture, de leur vie... Et non pas dans l'espoir pervers d'obtenir une quelconque compensation financière.

Cette charte à la prétention (objectif n° 4 p. 20, n° 7 p. 24) de demander aux habitants de la montagne d'apprendre à connaïtre les espèces prédatrices (ours, loup) et leur fonctionnement écologique.
Or, nous avons maintes fois affirmé notre point de vue: la cohabitation avec les ours et les loups est impossible. Nous les premiers concernés, refusons catégoriquement de devoir la subir. Les récits de nos lointains ancêtres, ainsi que le combat perpétuel des éleveurs des vallées pyrénéennes ou alpines, sont pour nous, suffisamment éloquents. Aussi, nous dénonçons avec force et conviction, ces dérives et absurdités imaginés par certains "érudits", devenus tout à coup défenseurs de la planète, mais avec une âme mercantile...
Nous vivons dans cette montagne tout au long de l'année, et nous pouvons d'ores et déjà apprendre (pour ne citer qu'un exemple) à ceux qui affirment que la vautour est un rapace charognard, que de rapace devient un véritable prédateur et que malheureusement les éleveurs peuvent le vérifier quotidiennement. Il est donc malvenu de nous parler de son rôle économique.

Sous le prétexte de vouloir valoriser ou renforcer l'agriculture de montagne, cette charte ne fait que donner davantage de pouvoir aux associations naturalistes pour mieux sacrifier les habitants et éleveurs vivant toute l'année en haute montagne. C'est toujours un véritable désastre pour nous lorsque les "bonnes solutions" pour gérer la montagne viennent de la plaine ou du littoral.

Rappelons qu'en 2005, 2006, les communes de Soule, la communauté de communes, les SIVU et SIVOM, les commissions syndicales et syndicats agricoles avaient délibéré pour s'opposer fermement à Natura 2000 et à sa directive habitat préparant la réintroduction de l'ours.
Et aujourd'hui, à quelques mois du renouvellement des assemblées! revirement incompréhensible!... on nous adresse cette charte qui affiche clairement la volonté de préparer une concertation pour la mise en place d'objectifs Natura 2000 (paragraphe pastoralisme 10 en page 15).
En fait, sournoisement, on veut nous obliger à collaborer au dispositif Natura 2000 et bien entendu la charte ne fait aucun état des craintes que seuls les habitants de la haute montagne et en particulier les éleveurs vont inéluctablement subir.

Le seul objectif qui transparaït clairement dans ce document est en définitive celui de vider la haute montagne de ses habitants pour la réserver uniquement aux espèces dites protégées.
L'image de cette montagne artificielle sera alors exploitée, en toute tranquillité, dans la plaine valléenne... (Objectif n° 7, page 24). Quelle audacieuse idée pour l'avenir de la montagne basque et la préservation de la biodiversité!

Mais avant d'entreprendre toute action, cette charte devra être validée. Or aujourd'hui, ni la commission syndicale de Soule, ni la communauté de Soule n'ont compétence juridique pour valider un tel document. Elles ne peuvent pas décider à la place des communes, dans ce domaine là.

Non, notre montagne n'est pas négociable!
Ez, gure bortia ez da tratükatzeko!

Motion adoptée au cours de la réunion publique du jeudi 20 septembre 2007 en Mairie de Larrau, pour refuser catégoriquement le contenu de la charte pour le développement durable de la montagne basque.

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- Larrau refuse la future Charte de développement de la montagne

Le conseil municipal a signé une motion rejetant cette initiative qui doit être évoquée aujourd'hui à Tardets

La Communauté des Communes de Soule aurait bien voulu faire des Journées de l'Agriculture qui ont lieu jusqu'à aujourd'hui à Tardets, un grand moment de promotion de l'agriculture de montagne. Mais Marcel Accoceberry et son équipe municipale sont venus ternir la fête. A la veille de la présentation des travaux d'élaboration de la future Charte de développement durable de la montagne basque, l'un des temps forts de ce matin, le maire de Larrau a publiquement fait savoir hier que sa municipalité refusait ce document, fruit pourtant d'un processus de concertation de plusieurs mois auprès de 200 acteurs de la montagne (bergers, élus, exploitants forestiers, chasseurs, randonneurs, naturalistes, professionnels du tourisme, etc.).

"Le seul objectif qui transparaït clairement dans ce document est en définitive celui de vider la haute montagne de ses habitants pour la réserver uniquement aux espèces dites protégées", peut-on lire dans la motion adoptée lors de la réunion publique organisée jeudi soir en mairie de Larrau. Selon les Larraindar, la Charte est une "manière déguisée de faire passer les contrats d'objectifs de Natura 2000". Et de critiquer le fait que le document de synthèse des ateliers préparatoires de la Charte, dont Marcel Accoceberry vient d'être destinataire, "a la prétention de demander aux habitants de la montagne d'apprendre à connaïtre les espèces prédatrices" telles que l'ours ou le loup, "et leur fonctionnement écologique". Or Larrau fait partie des communes fortement opposées à la réintroduction du plantigrade dans les Pyrénées.

"Sous prétexte de vouloir valoriser ou renforcer l'agriculture de montagne, cette Charte ne fait que donner davantage de pouvoir aux associations naturalistes pour mieux sacrifier les habitants et éleveurs vivant toute l'année en haute montagne" dit également la motion avant d'ajouter: "c'est toujours un véritable désastre pour nous lorsque les 'bonnes solutions' pour gérer la montagne viennent de la plaine ou du littoral".

La réalisation d'une Charte de la montagne basque a été initiée en début d'année par la fédération des Commissions syndicales de Soule, Oztibarre, Garazi et Baigorri suite à des préconisations du Conseil de développement. En effet, la montagne est un espace qu'un public de plus en plus nombreux fréquente, avec souvent des problèmes de cohabitation entre les différents usagers. La Charte, "document novateur" selon ses concepteurs, se veut un moyen pour les acteurs locaux de "construire en commun le devenir de la montagne basque afin que celle-ci reste vivante et entretenue". Le document final devrait être validé en fin d'année.

Pour Marcel Mirande, vice-président de la Commission syndicale de Soule et de la Communauté des communes, Natura 2000 n'a rien à voir avec la Charte de la montagne. Il rappelle d'ailleurs que les deux instances auxquelles il appartient se sont prononcées "contre Natura 2000 tel que l'on a essayé de nous l'imposer". La réaction de Larrau relève selon lui davantage de "l'incompréhension".

"Marcel Accoceberry réagit sans doute car le document est en cours de finalisation. S'il essaie de faire un bout de chemin avec nous il va en comprendre la finalité", affirme l'élu souletin.

Il confirme que "le but de la Charte est de revigorer les politiques d'entretien de l'espace, d'encourager la transhumance et l'utilisation de la montagne par les éleveurs avant tout".

L'élaboration se faisant par zone, chacun pourra choisir les actions proposées par la Charte qu'il veut mettre en oeuvre, a ajouté Jean-Pierre Mirande. "Avec un esprit de non-ouverture, on se condamne soi-même. On ne peut pas tout rejeter car l'idée ne vient pas de soi. C'est dans la paix que l'on réussit à avancer", a estimé le vice-président de la commission syndicale de Soule.

Source: Le journal du Pays Basque du 20 juillet 2007

- La montagne pour tous

Les Journées de l'agriculture dominées par le débat sur le dévelopement de la montagne
Il fallait s'y attendre après la motion prise par la commune de Larrau (notre édition de samedi): la charte de développement durable de la montagne basque a été le sujet principal des Journées de l'agriculture qui se sont déroulées vendredi et samedi à Tardets.
Farouchement opposés à l'adoption de ladite charte, Marcel Accoceberry, maire de Larrau, et ses administrés ne se sont pas contentés de publier cette motion. Il sont venus en masse porter la contradiction lors de la restitution du document samedi matin (lire ci-dessous).

Partager les usages.
Concilier le pastoralisme, la forêt et les activités de loisirs dans la montagne basque: le but de la charte a été rappelé par Battitta Boloquy, du Conseil de développement du Pays basque. "La première idée forte est de dire que la montagne basque a été faite par l'agropastoralisme et que c'est autour de ce thème que doit être bâti l'avenir de cette montagne et de la forêt", a souligné le directeur du Conseil après avoir fait l'historique de cette démarche initiée par les commissions syndicales du Pays basque (Soule, Oztibarre, Garazi Baïgorri) et par les Communautés de communes qui se sont créées sur ces territoires.
Laurent Boutot, du cabinet Oreade-Brèche chargé de préparer l'élaboration de cette charte, a ensuite décliné le travail qui a été mené à l'intérieur de plusieurs ateliers. Soutenir le pastoralisme transhumant dans les estives, pérenniser la fonction économique de la forêt, organiser un tourisme durable, protéger le patrimoine naturel et culturel: tels sont les objectifs principaux visés par la charte.

Actions et financements.
Quelques mesures concrètes préconisées par le document ont également été citées, comme la mise en place de groupements d'employeurs entre exploitations agricoles transhumantes, le renforcement des dispositifs emploi-formation comme la formation berger-vacher ou encore la mise en place d'un système de remplacement pour le gardiennage.
Autant de mesures destinées à résoudre les problèmes récurrents de main-d'oeuvre et de présence en estives. Pour la forêt, la charte situe son avenir dans l'exploitation d'une filière bois énergie. "Les actions ne seront mises en place que s'il y a des maïtres d'ouvrage pour les porter, rien ne sera imposé", a précisé Estebe Eyherabide, qui a indiqué qu'un travail de synthèse serait encore mené par le cabinet Oreade-Brèche.
"Le 6 novembre, les résultats seront présentés aux divers acteurs à Saint-Jean-Le-Vieux. Puis les actions seront présentées aux diverses sources de financement, dont le programme européen Leader +", a souligné le technicien.

Auteur: Marcel Bedaxagar
Source: Sud Ouest du 24 septembre 2007