Le Monde des Pyrénées

Bruges vote la destruction d'une montagne - 2008

Il y a des maires parfois surprenant qui sont prêt à tout pour avoir quelques euros de plus à dépenser et faire croire à des emplois aussi fictifs qu'aléatoires. C'est ce qui se passe à Bruges en Béarn, à côté de chez nous.

Tout débute le 21 juillet 2008 lorsque par un vote unanime le Conseil Municipal accorde une autorisation à la Société Daniel pour procéder à une étude géologique sur le Moncaut situé au-dessus de Pé de Hourat. L'objectif de cette société est l'exploitation d'une roche très recherchée et que l'on ne trouve, semble-t-il, que dans les Pyrénées, appelée la "lherzolites" du nom du lieu de sa découverte en Ariège au dessus de Massat (Couserans) au col de Lers

Le 20 juillet dernier, un second pas est franchi lorsque le maire, Xavier de Canet et son conseil municipal, par 10 voix " pour " et 2 abstentions obtient l'autorisation de signer une " Convention de concession d'extraction et de fortage à la Société Daniel au massif de Moncaut" ( Extrait du registre des délibérations - pdf)

Un imbroglio juridique à venir.
Le Moncaut est, selon nos sources, une estive de 135 ha, propriété privé de la commune de Bruges acquise depuis très longtemps, peut-être même joué aux cartes comme cela se passait couramment et situé sur le territoire administratif de la commune de Louvie-Juzon. Première interrogation: si la commune de Bruges est propriétaire du sol, l'est-elle du sous-sol?

Par ailleurs, le projet de convention que nous nous sommes procuré indique dans son article 2 que " la commune de Bruges-Capbis-Mifaget déclare et garantit que les terrains ci-dessus sont libres de toute occupation, contrainte ou engagement quelconque, juridique ou autres, susceptible d'en empêcher l'exploitation conformément à l'objet de la présente convention".

Déclaration contractuelle assez surprenante lorsque l'on sait qu'il existe un groupement pastoral ayant un bail avec des contrats PHAE avec l'Etat, qu'il y a des droits de chasse, un PDIPR pour la randonnée, etc...
Ce contrat présente bien d'autres curiosités sur lesquelles nous reviendrons prochainement.

Une opposition des éleveurs
Selon nos sources, les éleveurs bénéficiaires de l'estive du Merdanson et du Moncaut ne décolèrent pas. D'autant que pratiquement, selon les termes de la convention, ils ne pourraient plus accéder à l'ensemble des montagnes situées au-dessus du Pé de Hourat. Pour certains, c'est l'avenir de leurs exploitations qui est en jeu. Pire encore, c'est l'accès des riverains à leurs habitations et propriétés qui sont clairement abandonné aux seules décisions de la société d'exploitation de la carrière.
Au-delà de l'élevage, c'est aussi l'équilibre écologique auquel ils sont attachés qui est fortement compromis.

Voilà un sujet que nous aurons l'occasion de suivre de très prêt.

Louis Dollo, le 20 août 2009