Le Monde des Pyrénées

Catherine Brunet est-elle victime?

Catherine Brunet

Je suis tenté de dire que les états d'âme de Catherine Brunet n'intéressent pas grand monde. Mais, cette personne, malgré les apparences, n'est pas n'importe qui et ses propos pourraient être pris au sérieux. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé. Ayant lu sa version des faits sur le site Web de FERUS, il était intéressant d'avoir la version de l'autre partie afin de rééquilibrer le commentaire. C'est ce que nous avons fait ci-dessous.

- Qui est Catherine Brunet?

Tantôt éleveur, "propriétaire de brebis" ou conjoint d'éleveur, selon les publications, qualifiée de pro-ours, elle était à la tête de l'ACP mais aussi "l'animatrice". Elle a été remplacée à la présidence par Sylvie Salaun, éleveur sur l'estive de Melles (31)

Subsidiairement, Catherine Brunet a été suppléante de Marc Saracino candidat aux législatives pour les "Verts" en Haute Ariège (la circonscription d'Augustin Bonrepaux). Pour l'anecdote, Marc Saracino et l'ancien directeur du festival "Résistances", qui avait traité dans un fameux débat en 2006, les oppposants aux introductions d'ours slovènes de "milices pétainistes".

Selon la rumeur les méthodes de gestion assez curieuses l'ont amenée à prendre du recul par rapport à l'ACP. L'ACP a changé de nom, la gestion est plus indépendante des milieux pro-ours. Nous pouvons dire que Catherine Brunet n'est plus rien.

Le rapport parlementaire d'information sur le coût de l'ours pointe quelques curiosités voir même anomalies. C'est cas du nombre d'adhérents, du montant total des cotisations, de l'utilisation des subventions assez conséquentes de 2001 à 2005 (elles seront de l'ordre de 400 000 Euros en 2012 et 2013 sous le nom de La Pastorale). Nous pouvons notamment y lire: "L’association emploie six personnes dont l’effectif se confond en partie avec celui des adhérents. Les intérêts des employeurs et des salariés ne sont pourtant pas forcément convergents. Cela pose un réel problème de gestion interne. Le personnel instruit également les dossiers de subvention pour le recours aux chiens patous, où il ne peut être en vérité que juge et partie, puisque c’est la raison d’être de l’association".

Le bilan d'activité 2006 de l'ACP fourni par un administrateur ayant démissionné est assez étonnant. La partie bilan financier est ... inexistante! Cet administrateur démissionnaire ne pourra jamais se le procurer.

Le 20-02-2012 - MJ le 29 mars 2014

Catherine Brunet: Que sommes nous devenus, nous paysans, pour affirmer que la cohabitation est impossible

De nouveau l'ours refait parler de lui en Haute Ariège. Hé oui, l'hibernation est terminée depuis plusieurs semaines, ici et là, où il peut, il prédate.

Comme tout bon chasseur, il attend la faille de l'homme pour pouvoir atteindre sa proie, se régale, laissant derrière lui "la polémique". A Siguer, il est venu plusieurs fois, nous le savons car nos patous (chiens de protections), ont aboyé très souvent depuis 2 mois. Par ailleurs nous avons eu une brebis qui est revenue à la bergerie avec son pi (mamelle) mangé. (Pas morte, elle a été remboursée, car elle est perdue pour la production). Un rucher à eu des dégâts comme tous les ans car n'ayant pas assez de ruches (minimum 10), les propriétaires n'ont pu bénéficier d'aides pour la protection. Ils sont seulement indemnisés. Par contre les 2 autres ruchers plus importants ayant bénéficié des moyens de protection n'ont pas eu de prédation cette année.

Pour le cas de notre exploitation, aucune brebis prédatée en bergerie ou en parc la nuit, car nos patous font leur travail. Seulement, en début de saison, ayant peu d'herbe, les brebis sont gardées plus largement et certaines ne rentrent que le lendemain matin faire téter leurs agneaux. Le boisement étant important, sur et autour de l'exploitation, l'ours à facile à atteindre sa proie, les patous perdant de leur efficacité, dans ces cas là. Jusqu'au 1 er juin, nous nous doutions que c'était l'ours qui faisait aboyer nos patous, mais cela restait une incertitude. Aujourd'hui nous pouvons affirmer sa présence sur notre exploitation, car un de nos garçons, en allant rejoindre ses frères qui gardaient le troupeau, a trouvé de belles traces que nous avons photographiées.

Hier au journal de 20 heures à la télévision, un gros titre "un ours a prédaté dans une bergerie en Haute Ariège". Attention, le débat se réveille!
Pourtant, quoi d'extraordinaire qu'un prédateur fasse des dégât sur des troupeaux non protégés, que du bétail domestique fasse des dégâts dans des jardins mal clôturés, qu'un renard où un rapace entre dans une cour de ferme pour prendre poulets, canetons, que des ongulés sauvages fassent des dommages dans les champs de céréales non protégés. Les exemples ne manquent pas.

Que sommes nous devenus, nous paysans, pour affirmer que la cohabitation est impossible, être incapable de faire face à ce genre de problèmes et seulement proposer comme solution l'enfermement ou l'éradication de la faune sauvage?

Catherine Brunet, conjointe d'éleveur ovin en Haute Ariège
Source: Buvette des Alpages du 5 juin 2007

Tribune parue également dans Ariège News le 6 juin 2007 sous le titre: "Point de vue de Catherine Brunet: «L'ours et le réveil d'un débat»"

- Observations

Dans cette tribune, Catherine Brunet reconnait: "A Siguer, il est venu plusieurs fois, nous le savons car nos patous (chiens de protections), ont aboyé très souvent depuis 2 mois. Par ailleurs nous avons eu une brebis qui est revenue à la bergerie avec son pi (mamelle) mangé. (Pas morte, elle a été remboursée, car elle est perdue pour la production)".

Plus loin elle écrit: "Pour le cas de notre exploitation, aucune brebis prédatée en bergerie ou en parc la nuit, car nos patous font leur travail. Seulement, en début de saison, ayant peu d'herbe, les brebis sont gardées plus largement et certaines ne rentrent que le lendemain matin faire téter leurs agneaux".

Incohérences à quelques lignes d'intervales. Il y a eu prédation ou non? Les Patous ont fait leur travail ou non? "Certaines ne rentrent que le lendemain matin", elles ne sont donc pas gardées avec un berger contrairement à tous les conseils prodigués par cette animatrice de l'ACP?

Ce témoignage est également incohérent avec celui des témoins qui se sont manifestés

Ensuite elle rappelle une information télévisuelle "un ours a prédaté dans une bergerie en Haute Ariège". Puis elle commente: "Pourtant, quoi d'extraordinaire qu'un prédateur fasse des dégât sur des troupeaux non protégés, que du bétail domestique fasse des dégâts dans des jardins mal clôturés,...". Le commentaire est aussi étonnant que choquant. Ainsi, pour elle, il est normal que l'ours entre dans une bergerie.... Et elle fait l'amalgame "des troupeaux non protégés". Faut-il également avoir un berger pour garder la nuit dans la bergerie? Stupéfiant! Ou n'importe quoi!

Avec le recul, sa conclusion est tout à fait remarquable: "Que sommes nous devenus, nous paysans, pour affirmer que la cohabitation est impossible, être incapable de faire face à ce genre de problèmes et seulement proposer comme solution l'enfermement ou l'éradication de la faune sauvage?" A notre connaissance, Catherine Brunet a abadonné l'idée de transhumer puis, quelque temps plus tard, l'exploitation. La cohabitation n'était donc pas possible?

Louis Dollo, MàJ le 28 mars 2014

- Etre éleveur et pour la cohabitation avec l'ours

FERUS a souhaité diffuser ce témoignage pour montrer le harcèlement que subissent les éleveurs qui osent s'exprimer en faveur de la cohabitation avec l'ours. A la demande de Catherine Brunet, nous avons masqué le nom des personnes pour diffusion.

Lettre ouverte à certains opposants à l'ours,

Je connaissais vos pratiques pour les avoir subies:

1- Pneus crevés, tague sur mon véhicule, la route et notre boîte aux lettres;

2- Attaques personnelles en public, lors de réunions avec le préfet ou autres;

3- Venue sur notre exploitation lors de présence de médias.

Mais votre venue de ce samedi soir 16 août est une action de trop.

Votre comportement est inqualifiable: dénigrement du travail de nos bergers, de nos bêtes, votre présence en groupe (15zaine), votre mauvaise foi et surtout vos prises de photos sans notre accord et, bien entendu, de bétails âgés, et ou boiteux (xx), montre bien la petitesse de vos actions et le manque d'argument dans vos positions.

Je vous informe que dorénavant, toute action envers nous, sera mise devant la justice, pour harcèlement et/ou diffamation.

Etaient présents ce soir là, en même temps et sans doute par hasard (?), pour les personnes que j'ai reconnues:

Mr X, Mr Y, pour les commentaires fait à l'encontre du travail des bergers, Mme Z pour son intrusion forcée et son regard arrogant envers moi, en compagnie de deux jeunes femmes équipée de "matériel journalistique" afin de constater sans doute, par des photos orientées, le soi disant résultat du gardiennage de notre groupement.

Q et sa compagne, Mr P, Mr R et 5 ou 6 autres personnes que je ne connaissais pas et qui étaient là pour assister "à cette bataille". Lors de ma venue et de mes répliques imprévues, certains gardaient la tête baissée, mais sans réaction pour que cesse ce genre d'impasse.

Mr T avait une raison, il est vrai, un peu plus noble, et de bon voisinage, qui était de rapporter un lot de bêtes nous appartenant, dans sa remorque.

Afin que vous cessiez ce comportement indigne pour le pastoralisme, ce courrier est envoyé pour information et non pour diffusion, au Préfet, au DDAF, DIREN, mairie de Siguer, l'Association des Pâtres ainsi que la Confédération Paysanne, Fédération Pastorale, ETO, ACP, CAP OURS, sans oublier certains médias ariégeois.

Catherine Brunet
Propriétaire de brebis au sein du GP de Siguer Neych.

(xx) Explications pour ceux qui n'ont pas de connaissance dans le pastoralisme:

Pour terminer, pour le gardiennage, un troupeau ne se juge jamais le soir pour savoir s'il a profité mais bien le matin.
Dans tous les cas, cela n'a rien à voir avec la présence ou non de l'ours.

Source: FERUS du samedi 22 septembre 2007

- Commentaire: une démarche étonnante

Hormis le bulletin de l'AMOPYC de janvier 2008, à notre connaissance et sauf erreur de notre part, aucun média n'a repris ces informations pourtant qualifiées de "Lettre ouverte".

Tout aussi étonnant, la conclusion de cette "Lettre ouverte" précise: "ce courrier est envoyé pour information et non pour diffusion,..." Pourtant, sur son site Web, FERUS introduit l'article de manière trés claire..... "FERUS a souhaité diffuser ce témoignage..."

Heureusement que Férus a pris l'initiative de le diffuser car les intéressés "anti-ours" n'en sont pas destinataire. Il n'en aurait jamais eu connaissance. C'est aussi une des raisons pour laquelle nous l'avons nous-même reprise le jour même: diffuser l'information.

Nous constatons que ces accusations anonymes et graves n'ont jamais l'objet d'aucune poursuite judiciaire. Sont-elles exactes? Si nous les comparons aux témoignages d'autres éleveurs du même jour, nous ne pouvons que constater que la tension est forte entre pro et anti-ours quelques mois après les derniers lâchers de mai 2006.

Nous constatons également que le lien vers la source de Férus est rompu. Normal. Après la condamnation du Klan du Loup le 7 décembre 2011 suite à une plainte du Préfet de la Drôme, tous les forums écologistes ont été soit effacés soit expurgés de toutes leurs attaques diffamatoires. Férus n'y a pas échappé. Cet article en faisait-il parti?

Le fait est que la mouvance écologistes pro-ours a toujours critiqué les "anti-ours" en estimant qu'ils avaient de mauvaises pratiques en ne gardant pas et en ne regroupant pas leurs bêtes. Ces éleveurs hostuiles aux introductions d'ours ont d'ailleurs toujours fait l'objet de pressions pour qu'ils changent d'habitudes et, dans ce domaine, l'ADET comme l'ONCFS n'ont jamais été très tendre avec eux. Par contre, pour Catherine Brunet, militante pro-ours active et ancienne présidente de l'ACP, il n'est pas normal qu'elle fasse, à son tour, l'objet de critiques quant à ses pratiques et celles qu'elle voudrait avoir imposer à tous les éleveurs pyrénéens.

Louis Dollo, MàJ le 29 mars 2014

- Le commentaire des éleveurs des estives de Siguer

Selon de nombreux témoignages, en 2007, l'estive de Siguer était loin d'être un exemple. Le système de regroupement apparaissait comme un fiasco quant aux résultats de la qualité des bêtes qui ne se nourissaient pas dans de bonnes conditions.

Selon des témoignages reçus le 6 juin 2007: "Le Groupement Pastoral de Neich est en dépôt de bilan, oui oui, tu as bien lu; c'est le seul des Pyrénées dans ce cas, avec 20.000 € de dettes. Ils ne trouvent plus d'éleveur, on les comprend, pour estiver avec eux". Nous n'avons aucun moyen de vérification.

Toujours le 6 juin 2007, un professionnel de l'élevage écrit: "Depuis trois ans, il ont régulièrement des attaques d'ours sur leur estive, des brebis mortes ou blessées, mais également l'ensemble du troupeau inquièt (micro-avortements, etc.). Avec le stress de la présence d'ours, mais également le stress par l'inquiétude et les perturbations des patous, les brebis ne profitent pas comme elles devraient en montagne. C'est pour cela qu'au moins un des éleveurs du Groupement Pastoral a jeté l'éponge cette année et monte sur une autre estive".

Et ce professionnel poursuit: "Catherine Brunet a toujours voulu prouver que, quand on en a la volonté, on arrive à vivre au milieu des ours sans se faire attaquer. Une de ses stratégies consistait à une garde à "bâton planté", c'est-à-dire que le berger reste en permanence auprès du troupeau. En théorie, cela pourrait marcher, disons les jours de beau temps...tant qu'on arrive à voir les brebis. Comme l'estive de Siguer-Neych est très étendue, trés accidentée et réputée difficile, il faut aimer marcher beaucoup quand on est berger là-haut! Plus le parc de nuit...où les brebis sont parquées toutes les nuits. Les brebis font donc beaucoup de kilomètres et n'ont pas trop le temps de manger... Effectivement, à ce régime-là, elles sont plutôt sveltes en fin de saison..."

Catherine Brunet n'estive plus. En 2012, il n'y a plus d'ours. Tous les problèmes sont ainsi résolus.

MaJ le 29 mars 2014

- L'AMOPYC reprend le témoignage de Catherine Brunet

Dans le n°31 de son bulletin "Emprunte de l'ours" de janvier 2008, l'AMOPYC reprend le témoignage de Catherine Brunet:

Catherine, bergère en Ariège, membre et ancienne présidente de l'ACP (Association pour la Cohabitation Pastorale), en a marre de toutes les misères que lui font subir les abrutis d'antis sur son secteur. Pneus crevés, menaces etc. on en passe et des meilleures. Quand on entend ou lit ce genre de choses, comment ne pas être agressif envers ces individus. Ils ont le droit d'être contre mais s'ils veulent être respectés et pris au sérieux, qu'ils respectent d'abord les autres, mais ça, visiblement c'est trop leur demander. L'ours est leur bouc émissaire pour mieux masquer leur échec, voire leur incompétence.

Tel que présenté par le bulletin de l'AMOPYC, ce n'est pas Catherine Brunet qui parle mais le rédacteur du bulletin qui commente. Le propos est assez dur à l'égard de ceux qui ne partagent pas leur avis et leur passion: "abrutis d'antis". En matière d'échec, avec le recul début 2014, de quel échec s'agit-il? L'échec de qui? Qui sont ceux qui restent éleveurs? Combien d'ours introduits depuis 2006?

Nous ignorons si les faits relatés par Catherine Brunet sont exacts ou faux, mais à notre connaissance, et sous réserve d'informations complémentaires, il ne semble pas qu'il y ait eu de suites judiciaires quant à ces menaces. Néanmoins, ce type de témoignage reste une parfaite illustration de l'ambiance existante à l'issue des dernières introductions d'ours en 2006. L'hostilité entre les deux parties est impressionnante. Qui a raison?

Laissons le lecteur apprécier

Si aujourd'hui des tensions existent encore, elles ne s'expriment qu'à l'occasion de prédations ou de rumeurs d'introductions. Pas d'ours = pas de tension

Louis Dollo, le 10 avril 2014