- Chasse et démographie: les tabous.
En 2007, pour améliorer son image et faire illusion, le parti des oligarques organisa un médiatique «Grenelle de l’environnement».
La protection de la Nature n’y était qu’un sujet marginal et le respect des êtres sensibles ne figurait pas au programme des discussions.
La philosophie du grand spectacle demeurait anthropocentriste: taxe carbone qui aurait épargné les industriels et le transport de marchandises, subventions aux entreprises via un renchérissement de l’énergie électrique pesant sur les citoyens, mesure de nature à rendre bien peu populaire les écologistes rangés dans la catégorie sado-maso.
Et ils sont tombés nombreux dans le piège.
La chasse était sujet interdit. S’il s’était avisé qu’une association participante osât en parler, cette grossière incongruïté eut été immédiatement sanctionnée par un rappel à l’ordre et aux bonnes manières..
- La chasse
Un blasphème, un gros mot pour taire un grand mal. Certains «environnementalistes» aiment se gargariser d’écologie, de défense de la biodiversité mais à condition que cela crée des profits, toujours des profits pour les entreprises du bâtiment, pour les installateurs de photovoltaïques ou d’éoliennes.
Au Grenelle, il ne fallait surtout pas dire la vérité et risquer d’offenser la féodalité cynégétique si bien gardée par ses relais dans l’appareil politique. La vérité est que la chasse loisir est la première cause, à défaut d’être la seule, de disparition des espèces et il n’y aura de politique sérieuse de défense de la faune qu’avec son abolition.
Mais cette vérité dérange. L’énoncer vous qualifie pour l’honorable Radicalité et vous disqualifie pour les générosités officielles.
Quel facteur anéantit ours pyrénéens, loups, lynx, grands rapaces?
Quel facteur menace blaireaux, renards, mustélidés, tétras, gélinottes?
Quel facteur crée des déséquilibres écologiques par une artificialisation des animaux de tirs?
Le loisir de mort est anachronique tant d’un point de vue éthique qu’en considération de ses incidences sur les espèces.
La soumission vile à un lobby, l’obsession du consensus mou, le refus de s’exposer par l’émission d’une quelconque opinion courageuse, caractéristiques de notre temps d’avachissement, paralysent trop de nos contemporains.
La malfaisance de la chasse sur la préservation de la faune fut exclue des débats de «leur Grenelle» de l’environnement.
- Autre tabou: l’incidence funeste de la croissance démographique sur le milieu naturel.
L’omniprésence humaine sur l’ensemble de la planète prive les autres espèces d’espaces vitaux et en particulier les espèces concurrentes de l’homme dans la prédation.
Impensable, pour nos conformistes nourris aux dogmes traditionnels, de réfléchir à ce défi d’une expansion perpétuelle dans un espace planétaire fini.
L’homme est sommé de «croître et multiplier» jusqu’à la cancérisation absolue de la terre et nos conformistes formatés s’affligent dès l’instant où, très localement, la densité de son espèce faiblie.
Inquiets, les informateurs bêlant sonnent le tocsin et il faut repeupler la Lozère ou les plaines russes, qui, horreur, ne suivent pas le délicieux chemin de Mexico ou du Japon.
Pour ces prisonniers des vieilles lunes idéologiques, il est sans intérêt que des zones soient laissées aux loups, aux tigres, aux éléphants, aux grands singes.
Ce qu’ils veulent, c’est une vaste mégapole universelle vouée au culte du profit, de la croissance, des records de vitesse, de production, de gigantisme.
D’ailleurs, les officiels rassurent le grand public: «vous ne savez pas, mais la population humaine va se stabiliser dans une quarantaine d’années».
Au rythme des destructions actuelles, il ne restera plus grand chose de la biodiversité dans quarante ans et ici et maintenant nos nuisibles perdurent à tracer des autoroutes, des lignes à très grande vitesse, à bâtir des lotissements, des zones commerciales et industrielles, oubliant les nobles et généreux discours sur la nécessité de sauver la biodiversité.
Pour eux, il faut protéger la Nature, certes, mais pas ici, pas encore tout de suite. Vous reprendrez bien une petite résidence de loisirs, une zone à urbaniser, un rond-point et un super-marché!
Et puis, pour nos conformistes, il ne faut surtout pas qu’une région devienne «un désert». Ils appellent ainsi une zone privilégiée, riche de vies, mais exempte de dévastations productivistes.
Chasse, démographie sont les grands tabous que n’osent pas mentionner nos discoureur patentés.
Décidément, le courage et la lucidité devraient figurer sur la liste rouge des espèces menacées!
Auteur: Gérard Charollois
Convention Vie & Nature
Source: Ciber Acteurs du 31 octobre 2010
"L'homme est un singe qui a mal tourné".
François Cavanna