Le Monde des Pyrénées

Europe Ecologie attaque violemment le festival de Gavarnie

La réaction violente d'Europe Ecologie à la veille du lancement de la 25ème édition du festival de Gavarnie est pour le moins surprenante. Doit-on rappeler que l'action en référé devant le Tribunal Administratif de Pau puis au fond contre le festival lancée en 2009 par Nature Midi Pyrénées a échoué. Veulent-ils encore aller au conflit?
C'est ce que suggère le communiqué ci-dessous que nous commentons.

- Après 5 rappels sévères de l'UNESCO, "Pyrénées - Mont Perdu" risque le déclassement

Dans quelques jours, le festival de Gavarnie va démarrer pour la 25ème année consécutive. Cette édition nargue une fois de plus les membres du comité du patrimoine mondial qui se réunissent fin juillet à Brasilia, pour étudier les biens à inscrire sur la liste du patrimoine mondial ou sur la liste des biens en péril. "Pyrénées - Mont Perdu" est le seul patrimoine naturel et culturel classé dans les Pyrénées. C'est aussi le seul site de ce type en France, basé à la fois sur un paysage naturel - cirques, canyons spectaculaires - et sur un paysage culturel - pastoralisme, liens Aragon-Occitanie.

Au lieu de valoriser cette richesse unique, les élus locaux s'entêtent à considérer qu'il ne faut rien changer à la gestion de ce territoire, malgré les 5 précédents rappels à l'ordre de l'UNESCO. Aujourd'hui, des aménagements s'imposent:

Pour les élus d'Europe Ecologie, l'avenir du site doit se faire en perspective du projet de réserve de biosphère autour du MontPerdu envisagé par le programme "l'Homme et la biosphère" de l'UNESCO, programme quia pour objet d'associer, dans une approche unifiée, les préoccupations de protection de la natureet celles de développement des populations et économies locales.

Le mépris des élus concernés(collectivités territoriales,Etat) vis-à-vis de cette institution internationale est purement scandaleux et n'a que trop duré. Nous attendons d'euxqu'ils prennent enfin en compte les avis émis par le Comité du Patrimoine Mondial de l'UNESCO et ce au plus tôt avant que celui-cine prononce définitivement le déclassement du site. En effet, le processus de déclassement commencerait par une décision dite de "mise en péril" qui pourrait intervenir assez rapidement. Une absence de réaction de la part des ces élus démontrerait qu'ils n'ont pas perçus les opportunités économiques, environnementales, culturelles et sociales d'un tel classement pour le territoire, ses habitants et les générations futures.

Guillaume Cros, pour les élus Europe Ecologie au Conseil régional Midi-Pyrénées
François Arcangeli, Président de la Commission Aménagement équilibré du territoire
Guillhem Latrubesse, Conseiller régional des Hautes-Pyrénées

Catherine Grèze, députée européenne Sud-Ouest
José Bové, député européen Sud-Ouest

- Après 5 cridas seriosas de l'UNESCO, "Pirenèus - Mont Perduto risca la desclassificacion - Version occitane... qui n'est pas forcément du gascon

Dens quauquas dias, lo hestenau de Gavarnia que va començar per la 25au annada. Aquera edicion que provoca un cop de mei los membres deu comitat deu patrimoni mondiau qui s'acampan fin julhet a Brasilia, entà estudiar los bens qui seran inscrivuts dens la lista deu patrimoni mondiau o dens la lista deus bens en perilh. "Pirenèus - Mont Perdut " qu'ei lo sol patrimoni naturau e culturau classat hens los Pirenèus. Qu'ei tanben lo sol endret d'aquera mena dens l'estat francés, en partida sus l'estat espanhou, apeat a l'encop sus un paisatge naturau - cirques, canhons espectaclos - e sus un paisatge culturau - pastoralisme, ligams Aragon-Occitania.

En loc de considerar aquesta riquessa unica, los elegits locaus continuan de pensar que ne cau pas cambiar arren a la gestion d'aquesta territori, a maugrat deus cinc arcasts de l'UNESCO. Uei lo dia, quauquas adobaments son necessaris:

Per los elegits d'Europa Ecologia, l'avenidor deu loc qu'a de se har en perspectiva deu projecta de reserva de biosfèra a l'entorn deu Mont Perdut qui ei considerat per lo programa "l'omi e la biosfèra" de l'UNESCO. L'amira d'aqueth programa qu'ei d'associar los chepics de proteccion de la natura dab los deu desvolopament de las populacions e de l'economia locau.

Lo mesprètz deus elegits concernits (collectivitats territoriaus, estat) cap a d'aquesta institucion internacionau qu'ei completament escandalos. Que volem que s'avisan de tira deus jutjaments renduts per lo comitat deu patrimoni mondiau de l'UNESCO, abans que la desclassificacion definitiva deu site e sii prononciada. En efèit, lo caminament que començaré pro rapidament dab ua decision de mesa en perilh. Ua abséncia de reaccion de la part d'aquestas elegits qu'amuisharé que n'an pas comprés las oportunitats economicas, environamentaus, culturaus e sociaus d'ua tala classificacion tau territori, taus sons poblants e tà las generacions a viéner.

Guillaume Cros, per los elegits Europa Ecologia au Conselh regionau Mieidia-Pirenèus
François Arcangeli, President de la Comission Disposicion equilibrada deu territori
Guilhèm Latruvèrsa, Conselhèr regionau de Bigorra / deths Hauts Pirenèus

Catherine Grèze, deputada europèu Sud-Oèst
José Bové, deputat europèu Sud-Oèst

- Que veulent vraiment les écologistes?

La réaction violente d'Europe Ecologie à la veille du lancement de la 25ème édition du festival de Gavarnie est pour le moins surprenante. Doit-on rappeler que l'action en référé devant le Tribunal Administratif de Pau puis au fond contre le festival lancée en 2009 par Nature Midi Pyrénées a échoué. Et puis, quelle preuve matérielle de détérioration du site du fait du festival de Gavarnie? Aucune! Veulent-ils encore aller au conflit?

Ce communiqué semble bien annoncer un nouveau conflit selon les grands principes de France Nature Environnement: lobbying et en cas d'échec, action judiciaire.

Nous voyons ici clairement qu'Europe Ecologie veut imposer son point de vue et uniquement le sien en même temps que ses objectifs pour le site.

Europe Ecologie prétend que le site n'est pas valorisé sans pour autant avancer d'arguments. Lorsque nous savons par ailleurs qu'ils remettent en cause la politique de Grands Sites du Conseil Régional mis en place par la majorité à laquelle ils sont associés, nous pouvons nous interroger sur le mode de fonctionnement de ces personnes.

Ils veulent "déplacer mais non supprimer" le festival. En fait seulement changer le lieu. Alors pourquoi critiquer plus haut la valorisation. Quelle cohérencedans le propos? Et puis, le déplacer où? Dans un récent entretien avec Guilhem Latrubesse, celui-ci voulait avancer de quelques mètres la zone de spectacle. Soit, mais manifestement Guilhem Latrubesse ne connaît même pas le site. Avancer la zone de spectacle ne changerai rien au problème, pire encore, c'est supprimer une zone humide par ailleurs dans l'inventaire de Natura 2000. Alors que veut Europe Ecologie?

Europe Ecologie veut également "concevoir un organisme transfrontalier pour coordonner la gestion du patrimoine". A croire qu'ils ne connaissent pas le dossier puisqu'un comité de suivi transfrontalier a été créé et doit se réunir au Conseil Général des Hautes-Pyrénées le 9 juillet. Que veulent-ils de plus? Curieusement ils ne disent rien.

Ils veulent que "l'avenir du site doit se faire en perspective du projet de réserve de biosphère autour du MontPerdu". Ceci est leur point de vue de parti politique. Mais ont-ils demandé l'avis des populations locales? Manifestement ils s'en moquent et le disent clairement lorsqu'ils critiquent "Le mépris des élus concernés(collectivités territoriales,Etat) vis-à-vis de cette institution internationale". Mais les élus locaux ne sont pas les représentants de l'institution internationale mais sont démocratiquement élus par la population qu'ils représentent. Par contre, si l'institution internationale ne veut pas écouter le peuple, ne pourrions-nous pas parler d'une forme de dictature qui s'imposerait aux vallées? Qui méprise qui? Et qui est méprisable?

Nous pouvons nous interroger vis à vis des véritables intentions d'Europe Ecologie. Après que, le 28 mars dernier, Fanny Thibert, attachée parlementaire de la députée européenne Catherine Grèze ait défilé à Anso en Aragon aux côtés de du mouvement fasciste espagnol MSR, la vraie question au-delà du seul festival de Gavarnie est: "que fait la gauche régionale avec ce mouvement qui passe son temps à démolir tout ce qu'elle fait?".

Louis Dollo, le 8 juillet 2010