Dans un communiqué du 8 janvier 2015 sur les résultats du projet international greenAlps: "La biodiversité a besoin d’une politique courageuse et d’une mise en œuvre rigoureuse". Nous pouvons regretter que ce rapport soit exclusivement en anglais donc compréhensible que par une certaine "élite" comme cela est souvent le cas dans toutes les communications environnementales à caractère internationale. Il est, de ce fait, plus facile d'imposer des points de vu à des populations et des alus qui n'en connaissent pas les détails. Où est la démocratie environnementale?
Si nous nous en tenons au communiqué de presse en français, celui-ci nous indique que:
"La biodiversité est notre base vitale. Pourtant les stratégies pour la préserver ne sont pas mises en œuvre de façon efficace et les projets n’apportent pas les effets escomptés. Les partenaires du projet international greenAlps proposent des améliorations du niveau local jusqu’au niveau international".
Mais rappelons que les partenaires de ce projet international sont "réunit autour d’ALPARC (Réseau Alpin des Espaces Protégés), son chef de file, sept autres partenaires". Par ailleurs, les résultats au niveau européen sont vérifiées dans des zones pilotes situées dans différentes régions de l’Arc alpin: les Parcs nationaux du Triglav (Slovénie), de Kalkalpen (Autriche), de Gesäuse (Autriche) et de Berchtesgaden (Allemagne), et le Parc naturel des Prealpi-Giulie (Italie). Aucun parc ni réserve française ne sont annoncés.
Dautre part, "Le projet a débuté en septembre 2013 et se termine en novembre 2014. Il est co-financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER) dans le cadre du programme Espace Alpin". C'est donc bien un rapport final qui est présenté et qui, à partir de quelques exemples dans des aires protégés, va servir de référence pour de prochains projets qui restent à déterminer dans des conditions non encore définiées maus probablement pas démocratiquement. Pour ceb qui est de la France, jamais le comité de massif n'est mentionné. Et pourtant, c'est bien lui qui est compétent en matière d'orientation politique y compris environnemental. De même, le terme de "développement durable" n'est mentionné, ce qui permet d'exclure l'humain et ses activités sauf dans un cadre récréatif et touristique limité dans des zones aménagées pour le tourisme de masse et, marginalement, le tourisme "vert".
Le communiqué poursuit:
"La richesse de la biodiversité alpine et de ses services écosystémiques est immense, de nombreuses études le prouvent. Ces études montrent aussi ce qu’il faudrait faire pour la protéger et la développer. Or, ces connaissances ne sont pas toujours intégrées dans les politiques et dans les actions de gestion environnementale. C’est ici qu’intervient le projet greenAlps, intégrant 8 partenaires de tous les pays alpins".
Si cette richesse de la biodiversité alpinse est si immense, c'est probablement parce que des hommes ont su la protéger et l'entretenir avec leurs activités. Il est étonnant qu'il n'y soit jamais fait allusion. Ce qui n'empêche pas les auteurs de ce rapport de donner des leçons....
"Pour préserver la diversité biologique, il faut que les responsables politiques développent et mettent en œuvre une charte intégrée pour les paysages alpins".
Etonnant comme propos. Il suffirait donc d'écrire une charte pour protéger. Et sur le terrain il se passe quoi? On interdit toutes activités humains? Ou poursuivons-nous et encourageons-nous ces activités humaines traditionnelles qui ont permis de faire la diversité des paysages que nous connaissons et la richesse de la biodiversité constatée? Pourquoi ne pas mettre en avant le rôle de l'élevage de montagne et le pastoralisme tant décrié par les défensueers des grands prédateurs?
Et le communiqué poursuit:
"Voici ce que concluent les partenaires, au terme de l’analyse des politiques européennes en matière de biodiversité et des résultats d’autres projets européens; ils ont également évalué leur pertinence pour les stratégies de conservation de la nature actuelles et futures dans la région alpine. Cette analyse a été complétée par les expériences recueillies auprès des acteurs locaux des territoires pilotes, que sont les Parcs Nationaux de Berchtesgaden/D, des Kalkalpen/A, du Gesäuse/A et du Triglav/SLO ainsi que le Parc naturel Prealpi Giulie/IT. greenAlps identifie ainsi les opportunités, mais aussi les obstacles à une stratégie efficace pour la conservation de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources naturelles dans la région alpine. Les résultats ont été publiés sur: www.greenalps-project.eu"
Ce propos signifie qu'à partir de quelques exemples, les penseurs de la biodiversité vont extrapoler leur conclusion sur l'ensemble de l'arc alpin sans jamais tenir compte des spécificités locales. Pour eux, les montagnes sont les mêmes partout, d'autant que les aspects humains, sociaux, culturels et économiques sont évacués de toute l'étude.
Selon les auteurs du rapport, "les États alpins et l’Union européenne doivent agir". Mais agir comment, à partir de quelles structures, sur quelles bases? Difficile d'agir sur des bases où les véritables acteurs locaux ne se reconnaissent pas. Et il est précisé:
"La mise en œuvre pratique de la protection de la biodiversité est un défi central pour nous tous", confirme Silvia Reppe du ministère allemand de l’Environnement, qui assure actuellement la présidence de la Convention alpine. De fait, dans le cadre de la Convention alpine, le Ministère de l’environnement s’engage particulièrement pour cette cause, et diffuse les résultats du projet greenAlps auprès des autres États alpins.
"Les partenaires du projet greenAlps ont également élaboré des propositions pour permettre aux programmes européens de mieux répondre aux besoins des territoires. «La coopération fonctionne le mieux au niveau local et régional. Davantage de moyens sont nécessaires à cette échelle» conseille Michael Vogel, directeur du Parc national de Berchtesgaden (Allemagne), président d’ALPARC, le Réseau Alpin des Espaces protégés et chef de file du projet greenAlps".
De belles paroles où nous en sentons pas beaucoup l'implication voir même l'intérêt de la France dans ce gargarisme verbal. Quelles propositions concrètes? Nous sommes dans le néant le plus total même si il nous est dit qu'il existe des "résultats adaptés aux publics cibles". Des mots... Rien que des mots. En effet:
"Les résultats du projet ont été discutés avec une centaine de participants lors de la conférence finale du projet à Chambéry/F, du 13 au 15 octobre 2014. Ils sont désormais disponibles dans une série de publications, qui s’adressent à différents groupes cibles tels que les responsables politiques, les acteurs d’autres projets ou les autorités de gestion des programmes transnationaux".
Il n'est pas sûr que les véritables acteurs locaux, directement au contact de cette biodiversité remarquable et jusqu'ici préservée ait fait partie des interlocuteurs. La preuve: on ne parle jamais d'eux. Il s'agit des éleveurs et bergers avec leurs bêtes qui, depuis des millénaires font les paysages et la biodiversité que nous connaissons. En les excluant, comme se fut les cas pour les grands prédateurs ours, loups et lynx, on exclu les vrais acteurs et on condamne notre avenir écologique à n'être qu'une addition de rapports concluant à des vopeuc pieux.
- Lire le rapport complet (en anglais - pdf)
Louis Dollo, le 18 janvier 2015
Voir également
- Ours, loups, lynx, élevage de montagne dans les Alpes: quand la CIPRA nous endort! - CP du 10 décembre 2014
- Où sont les ours? - Rapport annuel 2010 de la CIPRA (pdf)