Le Monde des Pyrénées

Nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs: Earth First

Etude sur la nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs

Les annexes
Par Emmanuel Grenier

Earth First! vue de l'intérieur

Nous reproduisons ici l'article écrit par Barry Clausen pour le numéro de printemps 1994 du magazine scientifique américain 21st Century Science & Technology. Barry Clausen est un détective privé engagé par certains groupements professionels pour infiltrer le groupe écoterroriste Earth First! (La Terre d'abord!). C'est lui qui a permis d'établir la connexion entre Greenpeace et Earth First! (voir ce sujet notre chapitre sur Greenpeace). Rappelons qu'Earth First! West plus un phénomène purement américain. II est établi que des antennes existent en Angleterre et en Allemagne.

Signalons également que le fondateur d'Earth First!, Dave Foreman, qui considère les êtres humains comme "un cancer sur la planète", s'est fait l'avocat de la famine en Ethiopie dans le magazine australien en 1990. Interrogé à ce sujet, il a déclaré que "la meilleure chose serait de laisser ces gens mourir" et a demandé de cesser l'aide au tiers monde et les recherches sur le SIDA pour "lutter contre l'explosion démographique", rejoignant en cela les souhaits des fondateurs du "respectable" WWF (voir notre chapitre sur le WWF).

Un certain nombre de personnes, que j'appelle "des victimes d'Earth First!", m'ont engagé parce qu'ils estimaient que les services publics américains ne faisaient rien pour enquêter sur les crimes commis contre eux. Au départ, je n'avais jamais entendu parler du mouvement Earth First! et ma première priorité fut donc de lire un maximum d'informations disponibles pour savoir à qui j'allais avoir affaire. Ceci me conduisit rapidement à la conclusion qu'Earth First! n'est rien d'autre qu'une organisation terroriste qui se cache derrière un mouvement écologiste.

Avant mon enquête, j'avais contacté les autorités fédérales en espérant qu'elles m'aideraient et qu'elles utiliseraient les informations que je leur fournirait pour stopper Earth First! Aussi bien le FBI que le service légal de la Direction des forêts des Etats-Unis me dirent qu'ils m'aideraient dès que j'aurais des informations sur un acte criminel spécifique.

Au début de 1990, j'ai infiltré Earth First! dans l'Etat du Montana. Ceci me donna les références nécessaires pour voyager au sein de l'organisation. Je passai six mois dans le Montana, puis j'allai enquêter dans d'autres Etats. A partir de ce moment, je fus assisté par deux autres détectives privés. Nous avons passé toute l'année 1990 à amasser des informations.

Au sein d'Earth First!, nous passions la plupart de notre temps à porter des pancartes et des banderoles sur la côte Ouest, de Seattle à San Francisco. Nous avons empêché des camions de rejoindre ou de quitter des exploitations forestières. J'ai personnellement arrêté des bûcherons armés de tronçonneuses en marche pour les empêcher de couper des arbres. Tout cela était destiné bien sûr gagner la confiance et à pouvoir accéder au noyau dur d'Earth First! II existe plusieurs petits groupes organisés qui voyagent à travers le pays pour commettre des actes criminels contre des sociétés liées aux mines, aux forêts ou contre d'autres cibles. Un membre m'a expliqué qu'il était responsable du sabotage d'hélicoptères d'exploration forestière dans le Montana. Un autre (qui assurait être présent au moment du crime) m'a raconté le massacre de bétail de Garfield County, dans l'Utah, où vingt-et-un veaux et vaches furent tués par Earth First! parce qu'ils avaient pénétré sur les terres de l'Etat.

- Des actes criminels

Un autre membre encore m'apprit qu'il était responsable du sabotage d'un pylône électrique à Santa Cruz, en Californie, qui laissa 80 000 personnes dans l'obscurité pendant trois jours. Une autre fois, les membres me racontèrent comment ils mirent du fil de fer barbelé en travers des pistes de motoneige dans le Yellowstone. D'autres encore admirent qu'ils étaient responsables du sabotage d'équipement forestier pour des mi llions de dollars.

En septembre 1990, lors d'un meeting secret d'Earth First! à Baker Lake (dans l'Etat de Washington), on me demanda si je voulais participer au sabotage d'un hélicoptère appartenant à Colombia Helicopters, une société spécialisée dans le service aux bûcherons. C'est au cours de ce meeting que George Daffran, chef de Earth First! pour l'Etat de Washington, a déclaré que nous devrions nous infiltrer dans d'autres groupes écologistes et utiliser d'autres noms pour nos groupes du fait de la couverture de presse négative qu'Earth First! avait eue.

Avec l'information en notre possession sur le sabotage potentiel d'un hélicoptère, nous essayâmes d'obtenir, sans succès, l'aide des autorités fédérales. Celles-ci ne répondaient même pas à nos appels téléphoniques. Notre enquête prit donc fin à ce moment: sans l'aide des autorités fédérales, nous ne pouvions réussir. Ce fut une année intéressante.

- Earth First! et le Mouvement de libération des animaux

La documentation que nous avons compilée comprend aussi des informations sur le Front de libération des animaux (ALF, dans son acronyme anglais). La plupart des individus que nous avons rencontrés dans Earth First! sont aussi membres de l'ALF et m'ont raconté les actes criminels qu'ils avaient commis pour "sauver les animaux". L'ALF est classé par le FBl dans les dix principales organisations terroristes en Amérique. Pourquoi Earth First! n'est-il pas classé lui aussi avec l'ALF?

Pendant l'épidémie d'E. coli 0157-H7 sur la côte ouest, j'ai parlé à des représentants de Food Maker, la société à laquelle appartient Jack in the Box, la chaine de restauration impliquée dans cette épidémie. L'un des avocats de Food Maker m'a conseillé de lire un livre intitulé Déclaration de guerre: tuer les gens pour sauver les animaux et l'environnement. L'ouvrage affirme qu'un groupe terroriste se nommant "les libérateurs" est une branche de l'ALF et il donne plusieurs exemples de choses à faire pour "sauver les animaux". Il conseille de se procurer un livre publié par Dave Foreman, le fondateur d'Earth First!, et Bill Haywood: Ecodéfense: un guide pratique du sabotage, qui peut s'appliquer facilement à la défense des animaux.

- Tuer les gens pour sauver les animaux?

Voici quelques exemples tirés de la Déclaration de guerre, associés à des incidents récents qui semblent correspondre au mode d'action suggéré:

1. Le livre conseille d'envoyer des lettres de menace aux universités et aux laboratoires de recherche qui utilisent les animaux. Si la personne envoyant la menace d'attentat à la bombe ne trouve pas le courage de mettre sa menace à exécution, le livre suggère de trouver un ami volontaire en qui elle a toute confiance pour le faire ; de cette façon, les menaces suivantes sont encore plus efficaces.

Le 25 juin 1993, un professeur de la fameuse université de Yale dans le Connecticut, a été gravement blessé par une lettre piégée, tandis que son frère, généticien au Yale Medical Center, recevait un appel téléphonique menaçant. Deux jours plus tôt, un autre généticien de l'université de Californie à San Francisco avait perdu plusieurs doigts suite à l'explosion d'une lettre piégée.

2. Le livre suggère de se procurer des armes semi-automatiques et d'aller dans les bois pendant la saison de chasse afin d'abattre "un de ces gros pleins de soupe buveurs de bière".

Plusieurs chasseurs ont été tués dans les bois des Etats-Unis. Le meurtre le plus récent a eu lieu en Floride cet automne, où deux chasseurs ont été retrouvés morts à deux endroits différents.

3. Le livre suggère de faire passer des informations aux médias selon lesquelles la viande de certains supermarchés a été traitée au cyanure.

En décembre 1990, au cours d'une discussion avec un membre de Earth First!-ALF au sujet du mouvement "Cattle free by 93" (ll s'agissait d'empêcher les éleveurs américains d'utiliser les terres de l'Etat pour y faire paître leur bétail), le militant me dit qu' "en 1993 nous porterons un coup dévastateur l'industrie de l'élevage et aux restaurants fast food de ce pays".

Déclaration de guerre se termine par un véritable appel au meurtre: "Nous ne pouvons pas stopper la vivisection, Mais nous pouvons stopper un vivisecteur. Nous ne pouvons pas mettre fin à la chasse, mais nous pouvons arrêter certains chasseurs. Nous ne pouvons pas handicaper l'industrie de la fourrure, mais nous pouvons handicaper certains trappeurs".

On n'a jamais pu déterminer d'où venait la souche d'E. coli 0157-H7. Je ne peux m'empêcher de me demander si c'est l'action à laquelle faisait référence le militant d'Earth First!-ALF.

- Des groupes terroristes paravents

J'ai continué à surveiller les activités d'Earth First! jusqu'en juin 1993, date à laquelle j'ai révélé mon activité d'infiltrateur dans un discours à Columbia Falls. Jusqu'alors j'étais libre de participer aux réunions et de continuer à surveiller les activités de nombreux membres d'Earth First!-ALF. En me souvenant des remarques de George Draffan, leader local d'Earth First!, concernant l'utilisation de noms différents et l'infiltration de groupes écologistes, j'ai continué à suivre les actions de certains des individus que j'avais connus au sein de Earth First! Voici quelques-uns de mes résultats.

Greater Ecosystem Alliance. Cette organisation est basée à Bellingham, Washington. Son secrétaire est George Draffan lui-même. Mitch Friedman, autre membre d'Earth First!, en est le directeur exécutif. Parmi les conseillers, on retrouve Dave Foreman ; s'agit-il du même Dave Foreman qui fonda Earth First!?

Des informations récentes obtenues de Greater Ecosystem Alliance montrent que l'organisation a étendu ses opérations jusqu'au Canada où, selon mes sources, ils ont ouvert un bureau dans la Colombie britannique. Les militants de Greater Ecosystem Alliance se vantent également de leur connexion au Western Canada Wilderness Commitee, qui est basé à Vancouver. Mes contacts canadiens m'ont dit que ce groupe a toujours été "raisonnable" dans le passé et qu'ils étaient très surpris d'apprendre cette connexion avec Earth First! Greater Ecosystem Alliance est-il le nouveau nom qu'Earth First! a adopté, suivant la méthode George Draffan, pour éviter l'image négative d'Earth First!?

Greater Yellowstone Coalition, Sierra Club (1), Wilderness Society. Le rapport sur l'ours Grizzly publié par ces trois organisations dresse la liste de tous ceux qui ont contribué à la campagne sur le Grizzly. Beaucoup sont membres d'Earth First!, y compris le groupe Keep it Wild (Gardez la sauvage). Ce groupe est basé à Whitefish, dans le Montana. Ses dirigeants sont Michael et Daniel Carter qui viennent d'être condamnés pour "tree spiking" (2).

Quand j'ai demandé au Greater Yellowstone Coalition et au Sierra Club s'ils savaient que certaines personnes mentionnées dans leur document appartenaient à Earth First!, leur réponse fut: "Ils ont fait du bon travail sur cette question et nous ne sommes pas responsables de ce qu'ils font par ailleurs".

Environmental Grantmake Associations. Ce groupe est le plus important centre de pouvoir financier du mouvement écologiste américain: Il rassemble 138 sociétés et fondations d'entreprise et gère des contributions écologiques de plusieurs centaines de millions de dollars. Deux des fondations au sein de cette organisation ont contribué au Greater Ecosystem Alliance. ll s'agit de la Fondation W. Alton Jones, à Charlottesville, pour 30 000 dollars et de la fondation Weeden, pour 5 000 dollars (3). Ces fondations connaissent-elles la connexion entre le Greater Ecosystem Alliance et Earth First!?

- Notes de la rédaction

1. Le Sierra Club est l'une des plus anciennes organisations écologistes américaines et est considéré comme très "honorable". Retour

2. Le tree spiking est une pratique adoptée par Earth First! consistant à insérer des morceaux de métal dans les troncs des arbres afin de briser la chaîne des tronconneuses ou de blesser les bûcherons. Cette pratique a déjà fait plusieurs bléssés graves, dont l'un, défiguré, a témoigné dans un film danois sur Greenpeace. Retour

3. Ces noms ne disant rien au lecteur européen, il nous faut prendre une comparaison. C'est un peu comme si l'on apprenait que la Fondation Marcel Dassault, à travers un groupe écran, finançait l'alliance rouge-verte. Ou encore que le CEA finance la CRll-RAD à travers France-Nature-Environnement. Ce qui est d'ailleurs le cas... Retour