Le Monde des Pyrénées

Le loup et l’ours n’intéressent plus… La biodiversité à peine!

A la lecture des programmes des partis politiques, des candidats à l’élection présidentielle et l’observation des dialogues qui se sont instaurés, il apparait que les grands prédateurs, ours, loups et lynx, ne sont plus en vedette des prises de position. Cette faune sauvage se trouve incluse dans l’ensemble «biodiversité» qui devient le leitmotiv à la mode sans toujours savoir de quoi il retourne.

Globalement, la vision de l’écologie n’est plus un tiroir séparé des autres activités. Le sujet est considéré comme un ensemble interdépendant qui ne peut plus être traité à part. Même Europe Ecologie peine à justifier son existence autour de la seule écologie. L’étude menée par l’association Humanité et Biodiversité le montre autant que les questions posées ci-dessous à Hubert Reeves

- Remarques de Louis Dollo

- Le Grenelle… une étape!

Le Grenelle de l’environnement a sans doute été une étape vers cette évolution. Des décisions ont été prises. Des textes sont encore à mettre en application. Mais c’est aussi là que tout le monde a été obligé de se rendre compte qu’avancer trop vite, seul au monde, posait des problèmes économiques et financiers. Les trois crises successives depuis 2008 n’ont fait qu’amplifier cette observation des conséquences qu’il convenait d’atténuer ou du moins ralentir.

- L’idéologie sectaire n’a plus sa place

Le caractère idéologique et sectaire d’une majorité d’associations, notamment celles qui s’intéressaient plus particulièrement aux grands prédateurs, n’a fait qu’accentuer un phénomène de rejet à l’égard de ces ayatollah d’une nature où l’homme est exclu. Le retour 2000 ans en arrière préconisée par FERUS n'a plus sa place et est devenu une anecdote peu crédible. Les blocages de projets dans les vallées, mais aussi un peu partout en France, pour des raisons purement idéologiques (barrages de retenues d’eau) ou le développement à tout va d'autres comme l’éolien, ont été de nature à créer une hostilité à leur égard tout autant que la décrédibilisation de leurs propos. Le développement de l’information, sa diffusion rapide par divers réseaux, la création d’associations locales au plus proche des territoires, ont exclu du véritable dialogue avec les décideurs des ONG véritables administrations loin des réalités du terrain et souvent encrées dans leurs mensonges idéologiques.

- L’ours et le loup ne sont pas indispensables

Aujourd’hui, nous ne nous posons plus la question de savoir si l’ours ou le loup sont indispensables à la vie sur terre. La réponse est clairement non. Les procédures de consultation et d’élaboration des projets environnementaux désapprouvent ces ONG qui veulent imposer leur point de vue au motif qu’ils sont les seuls à représenter et défendre la planète pour le bien de l’humanité. Aujourd’hui, en matière d’environnement, l’homme, le citoyen de base, reprend toute sa place au sein des territoires après en avoir été exclus durant près de 40 ans même s’il y a encore des zones d’ombre à réorienter telles que les Parcs Nationaux et la directive habitats. De nombreux ouvrages sont parus mettant en évidence les incohérences de ses structures hyper subventionnées par l’argent public c’est-à-dire celui des contribuables. Le dernier en date concernant l’ours est à ce titre tout à fait exemplaire après celui de Marianne Bernard en 1992 mis au pilon par une véritable mafia de l’écologie plus riche que beaucoup de communes de montagne.

Les cartes ont été rebattues. Les règles du jeu ont changé. L’écolo classique n’a plus sa place. Il est remplacé par les collectivités locales, les habitants des territoires qui défendent et protègent leur milieu, assurent leur développement et ne font plus seulement de l’écologie mais aussi et surtout de l’animation et du développement durable de territoire où le constat est clair: l’ours et le loup n’y ont plus leur place.

Louis Dollo, le 15 avril 2012

- Hubert Reeves a répondu aux questions des lecteurs de 20Minutes.fr

L'astrophysicien Hubert Reeves, président de l'association Humanité et biodiversité, a répondu aux questions des lecteurs du journal en ligne. Nous reproduisons ci-dessous cette interview qui n’est pas sans intérêt.
Nous constatons que le l’ours et le loup qui était encore il y a un an le fer de lance de la biodiversité est presque totalement absent, en dehors d’une question, des interrogations des lecteurs (voir ci-dessous). Les grands prédateurs se trouvent ainsi banalisés au sein d’une seule préoccupation, la biodiversité. Les lecteurs n’ont plus la vision étroite de l’écologie du passé autour de deux espèces emblématiques. Ils intègrent cette problématique à l’ensemble de la biodiversité. Encore un effort et une petite évolution des mentalités pour que nous ne parlions plus de biodiversité mais de développement durable avec ses trois piliers: environnement, social et économie. Eléments totalement interdépendants avec la présence incontournable de l’homme qui n’est pas un intrus contrairement aux affirmations idéologique de l’écologie politique mais un élément intégré à l’ensemble. Sans l’homme rien n’est possible.
C’est donc un glissement vers l’écologie humaniste en même temps qu’un rejet de l’écologie punitive.

Louis Dollo, le 15 avril 2012

Nombre de personnes mettent en avant l'impact de l'homme sur la biodiversité en raison de l'augmentation de la population humaine. Cependant, plus que le nombre de personnes sur cette planète n'est-ce pas le mode de vie, notamment par le développement de l'urbanisation qui est à mettre en cause?

Effectivement il y a un problème d’efficacité de répartition de la nourriture dans le monde. Si les moissons étaient réparties de façon raisonnable, neuf milliards ne seraient pas une donnée impossible à gérer, c’est à cause des disparités de distribution et l’organisation des champs qu’il y a des difficultés. C’est pour ça qu’on revient à une agriculture familiale, pour éviter d’immenses terrains en monoculture. Une gestion mondiale de la nourriture dans le choix des plantations et la distribution réduit le danger même si la population continue à augmenter. On ne pourra pas nourrir un nombre indéfini de personnes mais on peut faire beaucoup mieux qu’aujourd’hui.

Comme on le sait de nombreuses espèces sont actuellement en danger dont certaines très symboliques comme le tigre et le lion. Ces deux espèces sont menacées par le braconnage bien sûr mais aussi par l'impossible cohabitation avec l'homme qui souhaite protéger ces troupeaux notamment dans les réserves où vivent encore ces animaux. La cohabitation entre l'homme et les grands carnivores est aujourd'hui dramatiquement d'actualité et la France donne au monde un exemple détestable au-travers du cas du loup et de l'ours des Pyrénées. Dans le cas du loup c'est un retour naturel que beaucoup souhaite remettre en cause voir l'éradiquer, dans le cas de l'ours des Pyrénées c'est un échec total tant l'opposition face aux réintroductions est importante. De ce fait la France n'a aucune crédibilité pour intervenir auprès des pays africains ou l'Inde et la Russie pour leur dire l'importance de préserver les grands carnivores et leur montrer qu'il est possible pour l'homme et ces espèces de cohabiter. Pensez-vous que la France soit donc crédible pour promouvoir la préservation de la biodiversité et notamment des grands carnivores?

Notre souci de biodiversité n’est pas au premier plan dirigé vers les grands carnivores mais plutôt vers les espèces importantes pour la fertilité des sols et la fertilisation: papillons, abeilles et vers de terre. Ces questions de grands carnivores sont importantes, les loups mangent plus de rats et de souris que de moutons et il est prévisible que la cohabitation avec les humains qui est le plus grand carnivore ne soit pas facile mais préparée par des actions appropriées, comme on le faisait dans le passé. L’important c’est que les directives ne viennent pas des autorités centrales mais soient discutées avec les personnes intéressées. On ne peut pas ignorer ce problème mais la coexistence doit être organisée. Ce n’est pas un luxe pour nous de les protéger car ils sont importants en tant que prédateur.

Actuellement il existe une expérimentation, un véritable programme doté de financements, destiné à faire renaitre le mammouth espèce disparue depuis longtemps. Quel sens, quelle place pour ces animaux alors que l'éléphant par exemple est menacé faute de territoires suffisants. Que va-t-on faire de ces animaux?

On ne peut pas simplement reconstituer un mammouth, car c’est aussi un climat, un lieu de vie, une cohabitation avec d’autres animaux, et ça on n’arrivera pas à le reconstituer. Faire vivre un mammouth peut être un exploit mais le garder en vie est démesuré, ça ne peut pas être un objectif prioritaire, c’est une curiosité qui ne me parait pas appropriée.
Pourquoi avez-vous décidé de questionner les candidats à la présidentielle? Est-ce le même procédé qu'avec Nicolas Hulot?
Non, la démarche est différente car on demande leurs propositions plutôt que de leur soumettre les nôtres. Quand on est candidat, on est là pour proposer un projet pour l’avenir de la société française or la biodiversité est une des conditions de cet avenir, l’idée était de demander qu’est-ce que vous proposez, comment vous intégrez ce sujet dans votre projet pour la société, est-ce que ça fait partie de ce que vous allez proposer pour vous faire élire.

Quelle est (ou serait) la solution pour mettre fin à tous les lobbys qui vont contre la Nature? Les laboratoires tel Sanofi qui testent les produits sur les animaux (source: PETA), le lobby des japonais qui grâce à l'IWC font passer les meurtres de cétacés sous le couvercle de recherches scientifiques.

Ce n’est pas un objectif, nous sommes dans un pays où il y a une liberté de pensée: qu’ils disent ce qu’ils veulent et nous disons ce que nous voulons. Nous nous exprimons et nous respectons la liberté. Voltaire disait “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je ferais tout ce que je peux pour que vous puissiez le dire”. C’est une attitude démocratique. Ce qui fait la différence, c’est qui seront les plus nombreux: le lobby des défenseurs de la nature ou les autres?

Pensez-vous que l'écologie est moins présente cette année qu'en 2007, où le pacte de Nicolas Hulot avait incité les candidats à en parler? Regrettez-vous l'absence d'Hulot de l'élection?

Tout à fait, on voit très bien comment l’écologie était présente en 2007 avec le pacte de Hulot, tandis qu’aujourd’hui les propositions des candidats ne font même pas mention de ces problèmes tout aussi graves sinon plus graves qu’en 2007. Notre questionnaire nous a montré le peu d’intérêt réel pour la question de l’environnement et de la biodiversité. Il n’y a pas l’enthousiasme qu’il y avait en 2007, aujourd’hui on a l’impression d’un enterrement de première classe et nous le déplorons. Pour que ça change, chacun peut apporter sa pierre: les citoyens intéressés à ce sujet doivent le faire savoir car ça incitera les politiques à s’en préoccuper. Rejoignez le site communautaire d’Humanité et biodiversité pour en parler!

Le programme d'EELV est-il à la hauteur de son statut de parti écologiste "officiel"?

Les réponses au questionnaire sont sans appel: celles de Joly sont les meilleures car c’est son cœur de métier, mais puisque ce contenu biodiversité est là ce serait intéressant qu’elle le porte politiquement de façon plus nette.
Comptez-vous rappeler à l'ordre le prochain président de la république sur les questions à laquelle il vous aura répondu?
On suivra et on mettra la pression sur lui, on pourra lui adresser des mots, le rappeler à l’ordre ce n’est pas notre rôle, nous ne sommes pas des censeurs. Mais il peut compter sur notre vigilance. Y compris pour aller plus loin que ce qu’il ou elle nous a dit.

Pensez-vous que l'écologie gagnerait à être portée par tous les candidats et non réservée à un parti?

Oui évidemment, l’écologie doit être au-dessus des partis, il ne faut qu’elle soit prise en charge par un seul parti et que les autres soient contre... L’écologie est un problème trop sérieux pour être laissée aux clivages politiques. Tous les bords politiques devraient se sentir obligés d’apporter des réponses car c’est majeur pour notre avenir, mais les réponses peuvent être différentes selon les sensibilités politiques.

Enfin, vous reprochez aux candidats d'être trop timides sur ce sujet mais les associations le sont aussi, notamment en ne voulant pas appeler à voter pour un candidat ou en refusant de faire un classement des candidats. Pourquoi?

Nous donnons un éclairage et chaque citoyen en tire les conséquences selon sa sensibilité. Nos infographies sont très précises et permettent à chacun de faire sa comparaison selon sa sensibilité. Chacun se fait son jugement. Humanité et biodiversité est une ONG apolitique dont le travail est que chacun des candidats reçoivent des réponses à l’érosion de la biodiversité et s’implique.

On sait maintenant que des herbicides comme le round up sont extrêmement dangereux pour les êtres vivants et polluent les sols, pourtant ils continuent d'être vendus partout, certains de mes voisins en utilisent sans aucune protection, ne faudrait-il pas interdire ces produits ou mieux informer les gens?

On pourrait concernant les particuliers être beaucoup plus prévis et offensif en matière de pesticides, c’est une des faiblesses du Grenelle qui n’est pas allé assez loin dans l’interdiction ou la règlementation des pesticides pour des utilisations domestiques. Souvent les gens l’utilisent sans réaliser que c’est aussi mauvais pour leur santé ou la qualité de l’eau du robinet.

Pensez-vous que l'expansion de l'humanité et la biodiversité peuvent aller de pair?

La biodiversité, nous en faisons nous-même partie, nous vivons avec elle au quotidien et depuis toujours, la question est de savoir si nous sommes capables d’inventer un modèle de développement qui la prenne réellement en compte et qui nous permette de faire équipe avec elle pour construire notre bien être plutôt que de poursuivre dans un modèle qui se construit à son détriment.

Les villes se comportent comme des taches urbaines qui s'étalent de plus en plus. Comme les tentacules de monstres géants, elles coupent les espaces naturels par des routes, des quartiers résidentiels qui confinent les espèces animales et végétales dans des espaces de plus en plus réduits avec de moins en moins de possibilités d'échanges génétiques. La priorité des aménageurs urbains ne devrait-elle pas être de créer des corridors biologiques sur lesquels nous pourrions créer des axes de déplacements doux (pédestre, cycliste et équestre) pour sécuriser ses adeptes de la circulation automobile?

Oui et c’est le projet de la trame verte et bleue issue du Grenelle de l’environnement. L’idée est d’arriver à construire nos modèles urbains en laissant la place pour la nature, en la réintroduisant dans les cités existantes, au lieu de mettre les villes à la campagne il vaut mieux mettre la nature dans les villes.

Quel est votre avis sur l'avenir du nucléaire? Faut-il abandonner totalement cette technologie? Pourrait-on l'améliorer, la sécuriser? Eolien, photovoltaïque, hydrolienne sont-ils des alternatives crédibles?

Moi personnellement je pense qu’il faut à long ou court terme abandonner le nucléaire. On ne peut pas le faire très vite mais c’est une technique trop dangereuse pour les êtres humains. A Fukushima, le profit l’a emporté sur la sécurité, mettre une centrale dans un endroit très sismique avec une petite digue, c’est une erreur de la part des ingénieurs qui s’explique parce que le profit et la sécurité ne font pas bon ménage. En plus, le problème des déchets nucléaires n’est pas réglé, et avec le réchauffement climatique les eaux qui servent à refroidir les réacteurs vont chauffer... Le problème c’est que mettre à la place: les renouvelables évidemment, mais aujourd’hui l’efficacité avec laquelle on capte ses énergies n’est pas suffisante pour alimenter les besoins de l’humanité. Il faut donc investir dans l’amélioration de l’efficacité des renouvelables, plutôt que de faire des EPR ou des Iter... Le coût du solaire est d’ailleurs en décroissance, il faut subventionner les gens qui investissent pour avoir des installations solaires chez eux. Le gouvernement a fait une erreur là-dessus, il n’y a pas d’autre possibilité pour obtenir de la chaleur, le meilleur investissement aujourd’hui sont les subventions aux particuliers pour installer eux-mêmes des techniques solaires chez eux et des éoliennes. Je ne vois pas d’autre avenir que cela, on en trouvera peut-être d’autres mais on ne peut se baser que là-dessus pour l’instant. Le soleil nous envoie 10.000 fois plus d’énergie que ce que nous utilisons, notre objectif est de récupérer 1/10.000e de l’énergie, ça parait peu mais c’est beaucoup. Les êtres humains sont géniaux quand ils s’y mettent et j’ai confiance pour qu’on y arrive.

L'univers est-il rond, en forme de cône ou plat?

Selon nos meilleures théories, l’univers n’a pas de centre, ni de frontières, ni de forme, il est homogène, c’est partout pareil. Il n’a pas de surface, il est sans bord.

Les trous de ver sont-ils des entrées et les trous noirs des sorties?

On peut considérer ça de manière allégorique. On peut considérer les trous de ver comme des entrées et les trous noirs comme des sorties de façon très imagée mais pas dans un sens quantitatif précis. (NDLR: un trou de ver est l’inverse d’un trou noir)

On sait que le monde tel qu'on le connait va dans le mur et la biodiversité se perd jour après jour... Une question simple me vient, pourquoi les grands de ce monde, les gouvernements de l'ensemble des pays et en particulier des pays riches ne font rien et laisse l'écologie de côté au profit de l'économie et de la finance? N'ont-ils pas eu aussi des enfants auxquels ils tiennent… L'économie globalisée sera-t-elle utile si on ne fait rien pour l'écologie? Une politique écologique (production raisonnée et consommation raisonnable) ne permettrait elle pas de garantir une économie florissante!

Effectivement, c’est un grand problème: nous souhaitons que les pays se mobilisent et aient des comportements vertueux, nous faisons ce que nous pouvons en France pour qu’elle s’engage sur cette voie, mais ce n’est pas simple. C’est la tâche à accomplir, mais elle est difficile, il y a des solutions existantes ou à trouver. Si le déclic ne se fait pas c’est parce que la frange du public qui le demande n’est pas assez nombreuse et les décideurs doivent changer de façon de penser, il y a là aussi des blocages et des choses à lever. Faire ce monde de production de consommation raisonnée et raisonnable veut dire que tous doivent changer leurs comportements au quotidien et ce n’est pas facile. Le vrai problème est qu’on ne sent pas la volonté de le faire.

Sans être particulièrement écologiste, je fais quelques mini- gestes comme : ne pas laisser une lampe allumée ou arrêter l'eau de ma douche pour me savonner. Pensez-vous vraiment que mon infinie petite participation pourra contribuer à protéger notre planète et sa biodiversité? Merci de votre réponse

C’est l’histoire du flocon de neige: un flocon tombe sur la branche, elle ne bouge pas, mais les flocons continuent à tomber et au fur et à mesure la branche ploie et casse... Cela ne doit pas empêcher les politiques ou les décideurs économiques d’eux-mêmes apporter leur boule de neige à l’édifice et de s’engager à leur niveau de responsabilité.

Bonjour, j’habite le bassin d’Arcachon depuis cinq générations et je suis triste de voir qu’il est en train de mourir par le laxisme des élus depuis plus de 30 ans. La situation est très grave. Êtes-vous au courant de ce problème et quelle serait la meilleure solution pour sauvegarder cet écrin?

Je ne connais pas ce problème particulièrement, mobilisez-vous et rejoignez les associations locales, les élus seront sensibles à l’action citoyenne.

Michel Rocard a dit que la paix de demain se jouait aussi en Arctique (les droits sur ses richesses ne sont pas clairement établis dans cette zone). Qu'en pensez-vous?

C’est la vérité, le réchauffement va rendre pour la première fois navigable l’océan Arctique, le fameux passage du nord-ouest va devenir possible. En conséquence, l’Arctique qui n’était d’intérêt que pour les ours devient maintenant un lieu de débats de plus en plus âpres. Les Russes ont été planter un drapeau pour réclamer leurs droits, le Canada se dote d’une marine de guerre pour défendre cet endroit. Il y a du pétrole en mer de Beaufort et une catastrophe serait grave là-bas, par exemple si un pétrolier faisait naufrage. Ce sera surement un des lieux chauds de la politique militaire et défensive de la planète car 7 pays ont des droits sur l’Arctique mais comment décider: par la géologie? On est devant un problème sans précédent. Le Groenland pourrait devenir un pays comme dans le Golfe arabe, avec des pollutions. En Antarctique il y a une charte mondiale et on espère que ce sera pareil pour l’Arctique.

C'est un réel plaisir pour moi que de pouvoir poser une question à une figure emblématique telle que vous. Je souhaiterai commencer par un commentaire sur l'une de vos remarques: "Les choses se feront subtilement, par une évolution lente des mentalités qui se soldera au fur et à mesure par des gestes concrets." Vous le dites vous-mêmes, nous sommes dans une situation d'urgence. N'avez-vous pas peur que l'évolution lente des mentalités soit justement trop lente par rapport aux besoins de changement?

C’est tout le problème, vous avez mis le doigt sur le vrai problème. Il y a des efforts notables un peu partout mais en même temps la détérioration se poursuit à un rythme effréné, qui va gagner? Il y a un accroissement de la pollution et ne même temps un accroissement de la conscience politique, notamment en Asie. L’Afrique est encore loin du compte, mais partout la prise de conscience progresse.

Que pensez-vous du modèle de croissance économique dans lequel nous vivons? Une croissance constante de quelques pourcent semble être la voie vers le bonheur à en écouter les discours politiques

La croissance ne peut pas se poursuivre indéfiniment, c’est mathématiquement impossible, ce serait incompatible avec la limitation forcée des réserves naturelles, des lieux où on peut jeter nos déchets, par le fait que la Terre n’est pas infinie. Il faut gérer la croissance économique. Il faut dire la croissance ou la décroissance de quoi: il faut faire mieux avec moins, faire croître la qualité de vie, surtout pour le milliard de personnes qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Je ne suis pas pour la décroissance pour eux, mais la limitation des ressources naturelles nous pose un problème.

Merci à tous de ces questions qui traduit la mobilisation et l’intérêt de beaucoup de gens. L’association a interpellé les candidats mais cela ne marchera que si l’opinion les interpelle en montrant son intérêt pour le sujet. Vous pouvez le faire avec nous en le rejoignant sur le site communautaire humanite-biodiversite, mais aussi en protégeant la biodiversité chez vous en faisant des oasis nature sur vos balcons ou dans vos jardins: un espace où on laisse la place à la faune et la flore, on n’utilise pas de pesticides et on y passe de sacrés bons moments. Vous pouvez retrouver tous les renseignements pour créer une oasis nature sur notre site.

Source: 20minutes.fr du 21 mars 2012