Le Monde des Pyrénées

La réaction de la Direction de la Recherche et de l’Expertise de l'ONCFS

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Sous le titre "Eléments de langage suite à la conférence de presse du 22 novembre 2017 organisée par un collectif de particuliers au sujet des résultats d’analyses génétiques effectuées par le laboratoire ForGen" établi par la "Direction de la Recherche et de l’Expertise" de l'ONCFS le soir même de la conférence de presse en dit long sur l'état d'esprit nerveux de l'institution qui ne doit pas se sentir très à l'aise après avoir quitté le laboratoire Taberlet de l'Université de Grenoble pour rejoindre un nouveau laboratoire, Antagène, qui, dès le mois d'août émettait des réserves sur la qualité des échantillons.

Plus qu'une analyse des faits de manière scientifique, il s'agit d'une tentative de diversion purement politique de la presse après 25 ans de mensonges et de manipulations engagée à la fin des années 1980. Des éléments de langage.... pour mieux manipuler comme en 1993 avec la revue Terre Sauvage. La réalité est que, ce soit pour le loup ou l'ours dans les Pyrénées, l'ONCFS n'a plus aucun crédit. Tous ses personnels sont discrédités autant par les résultats et informations diffusées que par leur comportement sur le terrain face aux éleveurs. La dissolution d'une telle institution, largement financée par les chasseurs, s'impose de plus en plus. Il est néanmoins étonnant que quelques jours plus tard, sans doute après avoir pris du recul et retrouvé son sans sang-froid, la "Direction de la Recherche et de l’Expertise" de l'ONCFS demande une rencontre entre laboratoires et les éleveurs élus à l'origine de cette conférence de presse se rencontrent début janvier. Pourquoi une telle rencontre? L'ONCFS n'est pas sûr de son travail ou cherche une porte de sortie honorable? Quoiqu'il en soit, les faits de mensonges et de manipulations resteront pour TRS longtemps dans les mémoires et la confiance n'existera jamais. "Eléments de langage".... Et puis quoi encore!

La conclusion reste étonnante de la part de ceux qui se disent "experts" officiels et incontestables au point de ne pas faire de constats contradictoires des prédations et d'imposer leur point de vue depuis 25 ans: "Il subsiste de nombreuses approximations, même sur le plan technique et scientifique. Nous tâcherons de les lever avec l’aide des laboratoires prestataires, de part et d’autre. Cependant, cette étude se place davantage sur le plan politique de remise en cause de l’Etat, et de l’ONCFS en particulier". Voilà qui remet tout en cause y compris l'institution ONCFS

Louis Dollo, le 30 novembre 2017

- Eléments de langage suite à la conférence de presse du 22 novembre 2017 organisée par un collectif de particuliers au sujet des résultats d’analyses génétiques effectuées par le laboratoire ForGen

- Résumé exécutif

  1. Les résultats présentés par ce collectif de particuliers font état de 127 échantillons collectés et analysés, parmi lesquels 20 sont analysés de façon complète et sont tous qualifiés d’hybrides de lignée non italienne.
  2. Ces résultats paraissent étonnants pour l’ONCFS-DRE-UPAD. Pour rappel, les résultats de l’ONCFS sont ceux-ci: 228 échantillons ont été envoyés au laboratoire Antagène durant l’été 2017 ; parmi les échantillons qui ont pu être analysés, 130 échantillons étaient soit des hybrides, soit des loups, et suite à analyse plus précise: 120 sont des loups, tous de lignée génétique italienne, 2 ont des signatures génétiques qui correspondraient à des hybrides de 1ère génération (cad père ou mère chien) et 8 ont des signatures génétiques qui correspondraient à une hybridation plus ancienne (cad grand-père, ou grand-mère, ou arrière grand-père etc chien).
  3. L’ONCFS va organiser une rencontre afin que les deux laboratoires, ForGen et Antagène, puissent confronter leurs résultats et mieux comprendre les divergences.
  4. Dans l’attente de cette rencontre, l’ONCFS demeure extrêmement confiant dans les résultats fournis par Antagène.
  5. Au vu des documents diffusés lors de cette conférence de presse, l’ONCFS est d’autant plus confiant dans les résultats fournis par Antagène et précautionneux sur les conclusions apportées par ce collectif de particuliers: les étapes de prélèvement et manipulation des échantillons, les marqueurs recherchés –ou écartés, la lecture et l’interprétation des résultats montrent des lacunes importantes.
  6. L’étude présente également d’autres méthodes telles que des analyses cartographiques qui remettent en cause le nombre de loups détectés, des analyses de crânes, de photos, sur lesquelles l’ONCFS émet également de sérieuses réserves.
  7. D’autres éléments présentés dans l’étude ne sont pas de nature scientifique ni technique, mais politiques visant à remettre en cause de façon globale les actions de l’Etat sur le dossier du Loup. Ces particuliers se placent de façon évidente dans une posture de contestation et de revendication, à laquelle la présente note n’a pas la prétention de répondre.

- Demande initiale

Demande du DG de l’ONCFS de disposer d’éléments de langage afin de pouvoir répondre aux sollicitations qui parviennent à l’ONCFS suite à cette conférence de presse. Demande du préfet de l’Isère, via sa DDT, de disposer des mêmes éléments de langage.

Organisme demandeur: ONCFS et Préf/DDT 38

Cette présente note se cantonne à expliquer les réserves scientifiques et techniques qu’émet l’ONCFS sur les analyses présentées par un collectif de particuliers lors de la conférence de presse du 22 novembre 2017. Elle ne répond pas aux mises en cause qui dépassent le champ de l’ONCFS et concernent plus globalement la politique de l’Etat sur le sujet du Loup.

1- Sur la solidité des analyses génétiques

C’est un débat d’experts et l’ONCFS ne manquera pas d’organiser une rencontre entre ForGen et Antagène, une fois que l’ONCFS sera sorti de la procédure de renouvellement de son marché d’analyses génétiques (= rencontre début 2018). Antagène a l’habitude de cet exercice de confrontation des résultats et en est tout à fait preneur.

Ceci dit, dès à présent, on peut affirmer que les résultats présentés paraissent très étonnants à l’ONCFS. L’ONCFS reste très confiant dans les analyses effectuées à sa demande par le laboratoire Antagène durant l’été 2017.

En effet, concernant l’étude présentée, de nombreuses réserves peuvent être formulées:

- A - le prélèvement et la manipulation des échantillons

- La méthode de collecte par écouvillonnage au niveau des plaies représente un risque majeur de pollution de l’échantillon, qui est d’ailleurs révélé sur les ¾ des échantillons traités, au vu des résultats présentés des analyses. - Rien n’est dit sur la conservation et le transport de ces échantillons ni même sur la traçabilité ou encore le conditionnement. Il faut savoir que l’étuvage fragilise l’ADN, d’autant plus quand il est dégradé et rare.

- B - l’analyse génétique elle-même

- C - la lecture et l’interprétation des résultats

- 2- Sur la pertinence des autres analyses

La méthode des crânes n’est pas pertinente (cf travaux de Orsini & Fabre, Muséum d’Histoire Naturel de Toulon): on peut parvenir à discriminer les petits chiens des gros loups, en prenant en compte une combinaison de mesures allométriques, c'est-à-dire pas uniquement la mesure du crâne. Mais le pouvoir de discrimination pour les crânes de taille moyenne reste statistiquement trop peu fiable.

Dans l’étude présentée, la personne citée comme experte sur cette méthode des crânes est connue pour travailler également sur des classifications de chiens, loups et hybrides à partir des mesures morphométriques et leurs angles d’orientation sur des individus sur des photos de pièges photos et sur des empreintes des pattes.

Aucune base scientifique n’est publiée à ce sujet nulle part dans le monde.

Sur un autre domaine, se pose la question de la provenance des crânes analysées par ce collectif de particuliers, et des autorisations de détenir et transporter tout ou partie d’espèce protégée.

- En conclusion

Il subsiste de nombreuses approximations, même sur le plan technique et scientifique. Nous tâcherons de les lever avec l’aide des laboratoires prestataires, de part et d’autre. Cependant, cette étude se place davantage sur le plan politique de remise en cause de l’Etat, et de l’ONCFS en particulier.

Note ONCFS rédigée par:

Direction de la Recherche et de l’Expertise (ONCFS)
Unité Prédateurs et Animaux déprédateurs (PAD) Equipe Loup Lynx
Auteurs: Murielle GuinotGhestem, Christophe Duchamp
Novembre 2017 NT/2017/DRE/UPAD/0 3