- Le loup: Quatrième fléau de l'apocalypse?
Août 1594, autour de Laon.
«Maisès villages circonvoisins de la ville, la misère était grande. Les riches paysans avaient vendu la plupart de leurs héritages à fort vil prix pour avoir de
l’orge, de l’avoine et du son pour sustenter eux et leurs familles ; les pauvres gens quittèrent le pays et étaient errants par les champs ; les autres mouraient
de faim, de maladie et de mésaise, de façon que plusieurs villages demeurèrent déserts et sans habitation, les terres en friches, les vignes en savart et les
pâtures sans bétail, ce qui engendra comme un quatrième fléau de l’ire de Dieu envers ceux qui restaient aux villages, à savoir la furie exercée par les loups,
lesquels ne trouvant aucun bétail par les champs et affriandés de la chair humaine de plusieurs corps morts tant durant la guerre, famine que pestilence, sortirent
des bois et forêts, se jetaient furieusement sur les personnes de tous sexes et âges et les dévoraient et mangeaient en plusieurs parties de leurs corps avec grand
rage et cruauté, de sorte que, à cause de la crainte d’iceux, on n’osait aller par les champs que en troupes et bonne compagnie avec armes et bâtons offensifs.
Voilà l’état et la misère où les habitants de Laon et les villageois du plat pays ont été réduits quelque temps et qui a été assez connue de tous».
Source: Antoine Richart, Mémoires sur la ligue dans le Laonnais