"Après avoir appris l'événement malheureux arrivé à Breuray concernant un enfant dévoré par les loups, et nonobstant le traque fait dans les forêts de Breurey à ce sujet, j'ordonnai le 17 juillet un traque dans les forêts de Breurey et ceux contigus. Il est résulté de ce dernier qu'un loup a été blessé à mort, aux cris et au sang qu'il a versé, mais faute de chiens pour le loup, il n'a pu être trouvé. Malgré ces mesures, un événement de même nature vient m'attrister: un enfant de 9 à 10 ans, de Port-d'Atelier, commune de Purgerot, gardant son bétail entre les territoires de Faverney et d'Amance, et à proximité de son père et d'autres faucheurs, a été dévoré le jour d'hier 31 août par un loup dans un champ emplanté de blé de Turquie où il s'était mis à l'abri du vent. Les restes du cadavre ont été, selon rapports, recueillis dans les coupes du bois de Balière, dépendants de la commune d'Amance. Comme ces événements malheureux se multiplient, je vais, Monsieur le Préfet, en attendant vos ordres ordonner un traque dimanche prochain, en vous priant de m'autoriser à en faire tant et quantes fois j'apprendrai avec assurance qu'il s'en montrera dans les forêts de cette commune (lettre du maire de la commune de Faverney au préfet de la Haute-Saône, 1er septembre 1808)".
Source: Recherche du professeur Jean-Marc Moriceau aux archives départementales de Haute-Saône / 7M892 - Publié sur le groupe "Pôle Rural" de Facebook
Jean-Marc Moriceau précise également....
"J'ai déjà consacré un chapitre au menu anthropophage du loup dans l'histoire du méchant loup. On dispose de centaines d'informations mais souvent la victime a entièrement disparu ou bien les secours sont arrivés trop tôt pour que le loup ait pu profiter de sa prédation. Tout à côté du cas précédent, et deux ans après en Haute-Saône, voici deux autres enfants tués par une louve dont on ne peut malheureusement dire ce qui a intéressé le prédateur puisque de la première victime (14 ans) rien n'a été retrouvé et que de la 2 (10 ans) les secours sont arrivés juste après l'étranglement: AD 70 7M892 Dans la commune de Baulay deux enfants, dont l'un âgé de 14 ans, ont été dévorés dans les premiers jours se septembre (lettre du ministre de l'Intérieur au baron Hilaire, préfet de Haute-Saône, 5 octobre 1810) - Le 11 de ce mois, le nommé Antoine Marion, âgé de 14 ans, demeurant à Baulay, a été emporté et dévoré par un loup (arrêté du préfet du 15 septembre 1810) – Le malheureux événement dont le jeune Marion de cette commune (Baulay) a été victime dans la nuit du 11 au 12 courant.. Nouvel acte de férocité de ces animaux carnassiers qui répandent la terreur...: samedi dernier 15 courant à 9 heures du matin le jeune Jacques François Claudinot, âgé de 10 ans, fils de Jacques François Claudinot et Marie Forin, a été tué au bord d'un petit bois sur les prés entre Montureux et Baulay où il était à la garde du bétail avec une douzaine d'autres enfants plus ou moins âgés. L'animal s'est élancé sur le malheureux, l'a emporté dans les champs de l'autre côté du bois, l'a étranglé mais le monde accourant au secours de l'enfant il n'a pas été dévoré mais il avait la tête, le col et la poitrine couverts de dents.. Battue faite le résultat a été la mort de 3 louveteaux une louve monstrueuse a aussi été blessée (lettre du maire de la commune de Baulay au préfet de la Haute-Saône, 16 septembre 1810)."
Source: AD 70 / 7M892
Et il poursuit:
"Et encore faut-il que la petite victime ne se défende. Avec un rateau, à 7 ans , comment repousser un loup: 2 ans après encore, toujours en Haute-Saône, toujours 7M892 [Lettre du maire de Rupt 2 juillet 1812 - Lundi dernier 29 juin, un de ces animaux féroces [l'un des deux loups vus dans le territoire de la commune] est venu se jeter sur une petite fille d'un nomme Jean-Claude Payen, cultivateur dans notre commune. Cet enfant, âgé d'environ 7 ans, étant à retourner du foin dans un pré joignant les vignes de Rupt. A l'instant que cet animal croit se jeter sur cet enfant, croyant l'emporter, elle ne perd pas la tête et ne s'effarie point. Elle se saisit de son rateau et donne plusieurs coups à cet animal au point qu'elle lui cassa sur le corps en poussant des cris épouvantables en criant à son secours. Plusieurs personnes travaillant dans les vignes à côté, témoins du fait, accoururent aux cris de cet enfant, arrivant jusqu'à 10 pas de ce combat. C'est encore avec peine que cet animal prend la fuite...."