- Brebis tuée en Aubrac, à qui la faute?
Une brebis tuée en décembre dans l’Aubrac relance le débat sur le loup. Bien que les techniciens de l’ONCFS aient conclu que l’animal n’était pas responsable, l’éleveuse Le loup dans l'Aubrac - Prédation contestée dans le Cantalconcernée en doute. La Confédération paysanne a interpellé le préfet, mercredi.
Peut-on imputer la mort d’une brebis à une attaque de loup sur le plateau de l’Aubrac, début décembre?? La réponse est clairement et «objectivement» non pour les services de l’État. Pourtant, du côté de l’élevage concerné, soutenu par la Confédération paysanne du Cantal, on ne peut se résoudre à cette conclusion. Lorsque la propriétaire a découvert le cadavre de l’animal, au petit matin, à «deux cents mètres des habitations», elle a tout de suite pensé au loup.
«Des chiens errants attaquent un troupeau sans distinction. Et on retrouve l’ensemble des bêtes stressées. Or, quand le loup attaque une proie, il l’isole des autres et le troupeau ne voit pas ce qui se passe. Donc il n’est pas stressé. J’ai retrouvé le mien dans un état tranquille».
Un indice pour l’éleveuse qui a tout de suite alerté les techniciens de l’ONCFS (Office national de la chasse et la faune sauvage) pour les constatations d’usage. Mais leur manière de procéder a étonné la propriétaire de la brebis. «Ils n’ont pas prélevé les poils trouvés sur place au motif qu’ils n’avaient pas de bulbes et donc qu’on ne pourrait pas faire parler l’ADN».
- «Minimiser la question du loup»
Elle met aussi en doute la qualité de l’autopsie qui, telle que pratiquée, selon elle, «a brouillé des pistes», notamment pour définir la taille des marques de crocs dans le cou de l’animal. «On veut minimiser la question du canidé pour ne pas alarmer les gens», suggère-t-elle.
Un sentiment partagé et relayé par la Confédération paysanne du Cantal, hier, auprès du préfet. «Nous demandons un autre fonctionnement pour identifier le responsable lors d’attaques», plaide Stéphane Malroux, porte-parole du syndicat.
À la Direction départementale des territoires, on ne comprend pas «ce procès fait à l’État». «Nous sommes d’une totale transparence sur la question», assure Richard Siebert, directeur de la DDT. Et de rappeler que la collecte des données ne se fait pas au bon jugement de l’ONCFS mais repose sur une procédure précise, définie par un cahier des charges et qui s’appuie sur le Réseau loup. «Soit la responsabilité du loup est établie, soit elle ne l’est pas. Lorsqu’il y a doute, il profite à l’éleveur qui est indemnisé».
- «Pas établi dans le Cantal»
Mais là n’est pas la question pour l’élevage ovin concerné et le syndicat. Afin de prendre les mesures nécessaires pour protéger les bêtes, les agriculteurs veulent connaître la juste réalité du Cantal et de l’Aubrac, zone où la présence du loup est clairement établie dans sa partie lozérienne.
Plusieurs attaques ont été recensées dans tout ce département. «Le loup passe par là, c’est sûr. Il a été aperçu plusieurs fois. Je veux bien qu’une personne se trompe, mais quatre à cinq en même temps…», estime le président de la société de chasse de Saint-Urcize, Jacques Brunel. Qu’il passe dans le Cantal, cela a été démontré, confirme Richard Siebert, catégorique en revanche sur un point, expertise à l’appui: «Aucun indice ne permet de dire que le loup est établi dans le Cantal, qu’il s’y est installé et s’y reproduit».
Auteur: Chemcha Rabhi
Source: La Montagne du 19 janvier 2017
Plan. Lors d’une rencontre avec Isabelle Sima, préfet du Cantal, la Confédération paysanne a demandé l’application du Plan national d’action loup dans le département, pour que les éleveurs sachent comment réagir. «Impossible, répond Richard Siebert. Pour activer le Plan loup, il faut notamment que la présence de l’animal soit avérée au moins deux années consécutives». Ce dernier invite aussi à ne pas oublier la problématique des chiens errants.