Une fois de plus, les patous, les chiens des Pyrénées qui surveillent les troupeaux, n'ont pas pu faire grand-chose. A Saint-Vallier-de-Thiey, sur les hauteurs de Grasse, les loups sont venus et ont égorgé trois moutons dans le troupeau de Bernard Bruno. Cette attaque vient s'ajouter à une liste déjà longue: 35 en 2012 et 180 bêtes tuées dans l'exploitation de cet éleveur de 46 ans, berger depuis 32 ans.
Les mesures de protection sont souvent inefficaces. Les neuf chiens patou ne limitent pas le nombre d'attaques. Simplement, ils en diminuent l'ampleur.
Les tirs à la carabine suffisent à peine à effrayer les loups qui profitent des mauvaises conditions climatiques (pluie et brouillard) pour tromper la vigilance de l'éleveur et de ses chiens.
Au-delà des victimes qu'il laisse dans son sillage, le loup cause d'autres dommages. Le troupeau est stressé et bien souvent des brebis avortent. Les bêtes blessées meurent souvent quelques jours plus tard.
- "Le loup ne sert à rien"
L'éleveur s'interroge sur l'avenir de son métier, qui a radicalement changé depuis l'apparition du loup, en 1992, dans le Mercantour. Il relève que le nombre d'installations de nouveaux éleveurs est en chute libre et s'inquiète de devoir parquer dans sa bergerie les moutons pour diminuer le risque d'attaques. Et économiquement, enfermer les moutons coûte cher.
Bien plus qu'au loup, c'est à "ceux qui l'ont laissé revenir" que l'homme fait des reproches, ces "gens de la ville" qui ne comprennent rien. Quand on lui parle écologie ou biodiversité, l'éleveur s'emporte. "Le loup ne sert à rien", assène-t-il.