- Empoisonnement de loups: Peine aggravée en appel pour un berger
Un berger du parc national du Mercantour (Alpes-maritimes) a été condamné lundi à deux mois de prison avec sursis pour "destruction d'espèce protégée", l'empoisonnement d'un loup en 1997, par la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui a doublé la peine prononcée en première instance.
Le 24 novembre 2003, le tribunal de Nice avait condamné à un mois d'emprisonnement avec sursis Christian Poguntke, 49 ans, berger à La Brigue depuis 1980, à la tête d'un troupeau de 160 moutons. Ce dernier avait reconnu avoir exhibé en 1997 la tête d'un jeune loup empoisonné à l'entrée de sa propriété.
"Le loup est nuisible. Je n'ai pas de regrets. En 1997, soixante de mes brebis ont été tuées par des loups", avait déclaré à la barre en novembre 2003 ce berger d'origine allemande.
"Avant que les loups ne soient introduits volontairement dans le parc, on ne parlait pas d'empoisonneurs. Il n'y avait que des bergers et des moutons. Le loup, c'est une façon de faire disparaître les bergers", avait ajouté le prévenu, absent lundi à la lecture de l'arrêt, tout comme il l'avait été le 21 janvier dernier à l'audience d'appel.
Depuis 1992, partisans et opposants s'affrontent sur la présence des loups dans les Alpes-Maritimes. Pour les premiers, ils sont venus "naturellement en provenance d'Italie". Pour les bergers qui leur attribuent les attaques contre leurs troupeaux, ils ont été introduits "de façon intentionnelle".
La cour a également confirmé lundi le versement d'un "euro symbolique" à France Nature Environnement (FNE) et à l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) et a ordonné la publication du jugement dans le quotidien Nice-Matin.
Dans un communiqué, le mouvement écologique indépendant (MEI), partie civile, a salué le "signal sans ambiguïté en direction de tous les tenants de l'éradication du loup et autres utilisateurs de poison".
"Une fois de plus, la justice n'a pas voulu prendre en compte la situation de désespoir dans laquelle il (M. Poguntke, ndlr) se trouve. Depuis neuf ans, il subit des attaques de loups, il était en état de nécessité", a rétorqué le porte-parole de la Confédération paysanne, Jean-Emile Sanchez, venu à Aix.
Selon M. Sanchez, le berger "a voulu alerter les pouvoirs publics, mais l'Etat a montré son incompréhension et son autisme. On nous dit qu'il faut protéger la biodiversité, mais il n'y a pas de biodiversité sans pastoralisme".
Me Jean-Louis Keita, avocat du berger, a indiqué de son côté que son client "se réservait le droit de se pourvoir en cassation".
Source: L'Express du 21 mars 2005