Le sénateur mosellan, François Grosdidier, appartenant au parti «Les Républicains», loin de la Vanoise et de la Maurienne, intervient sur le loup et les éleveurs de montagne, comme le ferait n’importe quel militant de base écologiste, en reprenant les mêmes argumentaires entretenus depuis plus de 20 ans, sans jamais vérifier et se poser une question personnelle. François Grosdidier serait sans doute plus à son aise s’il changeait de groupe parlementaire pour siéger aux côtés de ses collègues EELV afin de défendre leurs dogmes du 19eme siècle.
L’incompétence s’expose à toutes les lignes de sa question écrite au gouvernement.
«…les attaques dont le loup fait l'objet et l'impunité dont paraissent bénéficier les éleveurs…» Est-il interdit de s’opposer aux loups et de défendre son troupeau? Qu’il n’y ait que 2 ou 3 prédations, l’éleveur a le droit d’exprimer son opposition. En 1992, dans les Alpes-Maritimes, et avant dans le Var, tout a débuté avec une centaine de brebis tuées. Aujourd’hui, nous en sommes à plusieurs milliers. Ils ont quand même le droit de faire le parallèle et de manifester s’ils ne veulent pas terminer comme leurs collègues du sud. Quant à l’impunité…. Nous n’avons jamais vu ce sénateur manifester, à ce point, son indignation face à des manifestations de certains syndicats ouvriers. Jusqu’à preuve du contraire, des plaintes ont été déposées pour avoir séquestré de manière très pacifique des personnels du Parc National. Rien d’extraordinaire au regard d’autres séquestrations ouvrières beaucoup plus musclées.
Obtenir «l’abattage de 6 loups»… Est-ce illégitime? Une baisse des prédations? Sans doute. Attendons fin 2015. Mais c’est encore trop de prédations et rien n’oblige les éleveurs à devoir accepter les contraintes qu’on leur impose sans leur demander leur avis. François Grosdidier accepterait-il que des voyous viennent s’installer chez lui sans son accord et casser quelques objets au simple motif que de toute manière l’assurance paiera? Probablement pas. C’est la même chose pour les éleveurs avec le loup.
Les lourdes conséquences du retour du loup en France - Vidéo
L’éradication du loup… Oui, c’est une revendication qui n’est pas nouvelle. Elle est réclamée par de très nombreux éleveurs. Ce fut le cas à l’occasion des débats des journées du col du Glandon (Isère / Savoie) et Yves Derbez, Président de l’association Eleveurs et Montagnes, l’a clairement dit dans son discours à la foire de Seyne-les-Alpes. Rien de nouveau mais le sénateur découvre un sujet qu’il méconnait.
«…les moyens sur la protection des troupeaux et l'accompagnement des bergers vers des méthodes permettant de partager l'espace naturel…» Pauvre sénateur, plus lamentable que jamais. Voilà plus de 20 ans que les éleveurs ont tout essayé et que, comme les anciens, n’y sont pas parvenu. Aucun système ne fonctionne comme cela a été prouvé au séminaire de Valdeblore organisé par le CERPAM et la Chambre d’Agriculture des Alpes-Maritimes autrement mieux documentés qu’un sénateur de la Moselle.
Protection des troupeaux contre la prédation
Le sénateur de Moselle écrit: «….lorsqu'elle ne peut supporter 30 ours et 300 loups, soit dix fois moins que ses voisins européens,…» Le même discours, mot à mot, que toutes les organisations écologistes et le parti écolo qu’il est censé combattre. Non seulement il est faux de prétendre que les autres pays voisins aient dix fois plus de prédateurs et que les dits pays acceptent sans rien dire.
Il est normal dans une démocratie que nous puissions avoir des opinions différentes. Mais lorsqu’à l’ignorance et l’incompétence s’ajoute le mensonge, il y a un sérieux problème quand il s’agit d’un élu de la République.
Quand on ne sait pas, on s’informe ou on la ferme. Mais dans tous les cas on évite de s’exposer. La Moselle a déjà été exposé à quelques loups, sans doute introduits comme les autres, qui disparaissent aussi vite qu’ils arrivent. Souhaitons à ce sénateur que les éleveurs de sa région ne soient jamais confrontés aux problèmes que rencontrent ceux de la région PACA. Et avant de parler et apprécier, il devrait faire comme Rachida Dati (LR), députée européenne, qui a su salir les chaussures.
Retour naturel ou réintroduction des loups? A vous de juger!- 3 vidéos
Louis Dollo, le 15 octobre 2015
Voir également:
Le loup au Sénat: droite ou gauche pas mieux, pas crédible!
- Question écrite n° 18151 de M. François Grosdidier (Moselle - Les Républicains)
Publiée dans le JO Sénat du 08/10/2015 - page 2406
M. François Grosdidier attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur les attaques dont le loup fait l'objet et l'impunité dont paraissent bénéficier les éleveurs qui ont obtenu l'abattage de six loups en Savoie après avoir séquestré le président du parc national de la Vanoise. Sur le plan des principes républicains, comme sur le tout autre sujet des gens du voyage sur l'autoroute A1, il apparaît que l'autorité de l'État s'incline systématiquement devant la violence. Sous cette pression, le préfet de la Savoie a autorisé l'abattage de six loups.
Cette décision paraît d'autant moins fondée que les dégâts ont chuté de 30 % en Savoie par rapport à l'année 2014. Entre le 1er janvier et le 31 août 2015, 316 ovins sont morts en Savoie suite à des attaques de loup, contre 452 sur la même période de 2014, soit une baisse de 30 %, selon les chiffres publiés par la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Rhône-Alpes, coordinatrice nationale du plan loup. À l'issue de l'hiver 2014-2015, la population minimale de loups en Savoie détectée par l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) est de sept loups, et un loup a déjà été tué en Maurienne le 13 juillet 2015. L'autorisation d'abattage de six loups entraînerait son éradication dans la zone cœur du parc national de la Vanoise. Il lui demande donc de refuser cette éradication et de mettre tous les moyens sur la protection des troupeaux et l'accompagnement des bergers vers des méthodes permettant de partager l'espace naturel, dont la Vanoise devrait être un exemple pour la France et l'Europe.
Il lui demande si cette éradication programmée n'est pas en contradiction totale avec le droit européen. Il lui demande comment, à la veille de la conférence de Paris, la France peut entraîner le monde lorsqu'elle ne peut supporter 30 ours et 300 loups, soit dix fois moins que ses voisins européens, et qu'elle donne des leçons aux peuples d'Afrique et d'Asie sur la préservation des fauves prédateurs pour l'Homme et les grands pachydermes destructeurs de cultures.
En attente de réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie