Le Monde des Pyrénées

Attaques de loups, éleveurs en colère... - 2010

Attaques de loups, éleveurs en colère... ils organisent un barrage filtrant sur la RD 900, ce mercredi dans la vallées de l'Ubaye

La colère gronde chez les éleveurs de la vallée de l'Ubaye. Leurs troupeaux viennent de subir une douzaine d'attaques de loups en deux semaines. Ils lancent un appel au secours en manifestant ce mercredi matin aux Thuiles, près de Barcelonnette. Les éleveurs prévoient de mettre en place un barrage filtrant avec des engins agricoles sur la RD 900 et de distribuer des tracts entre 6 et 10 heures.

«Les attaques de loups sont devenues quotidiennes dans la vallée de l'Ubaye» explique Yves Derbez, président de l'association de défense des traditions pastorales, lui-même éleveur ovin au Martinet à Méolans-Revel. «Il y a eu douze ou treize attaques de troupeaux en quinze jours. La situation est insoutenable. Les éleveurs vivent dans le stress et dans l'angoisse, comme les employés de France Télécom. Pour moi, chaque attaque est assimilable à un attentat». L'offensive du loup tombe mal en pleine crise de la filière et alors que plusieurs éleveurs font face à des difficultés de trésorerie.

- Encore une attaque hier matin à Jausiers

La dernière attaque du loup en Ubaye remonte à hier matin. Un troupeau appartenant à Philippe Rayne a été attaqué au Meyre sur la commune de Jausiers.

«Une de ses bêtes a été tuée. Il a vu le loup. Il est en train de les compter pour voir s'il ne lui manque pas d'autres bêtes. Malgré son chien patou, cet éleveur a subi trois attaques en quelques jours» raconte Yves Derbez.

Lundi, le loup avait déjà frappé à Jausiers, à un kilomètre du Meyre. «Serge Rebattu a encore perdu une brebis et un agneau. Il en est à sa cinquième attaque en deux semaines» s'alarme le président de l'association de défense du pastoralisme.

Au Villard, sur la commune de la Condamine-Châtelard, le loup s'en est pris à un troupeau de chèvres vendredi après-midi. «Les chèvres venaient de sortir de la bergerie. Le loup est venu prendre une chevrette à trois mètres de la bergère. Même les bergers sont maintenant en danger» observe Yves Derbez. D'autres bêtes ont été égorgées à Faucon-de-Barcelonnette et à Pontis.

- «Il attaque en plein jour»

Le changement de comportement du loup inquiète les éleveurs. «Maintenant, il attaque en plein jour, en présence des bergers et des chiens de protection. Le loup s'adapte. La nuit, les attaques sont plus difficiles car les bêtes sont rassemblées dans des enclos électrifiés. Le loup n'a pas peur de l'homme et il a toujours un temps d'avance sur nous» constate Yves Derbez.

Selon le président de l'association, la population de loups ne cesse d'augmenter dans la vallée de l'Ubaye. «Le comité du loup reconnaît officiellement entre 40 et 50 loups. À mon avis, ils ne sont pas loin de 80. Leur nombre augmente de 20 % à 30 % chaque année».

Les éleveurs réclament une régulation de la population de loups. «Les écologistes reconnaissent eux-mêmes que ce n'est plus une espèce en danger. Pourtant, les éleveurs n'ont toujours pas le droit au tir de défense. L'arrêté n'a pas encore été signé par le préfet» regrette Yves Derbez.

Le choix de la commune des Thuiles pour la manifestation d'aujourd'hui n'est pas le fruit du hasard. Les éleveurs reprochent au maire, Jean-Pierre Bultel, de ne pas soutenir leur profession face aux attaques répétées du loup.

Source: Dauphiné Libéré du 23 juin 2010