Cette photo a été prise dans la nuit du 6 au 7 mars à 1h20 du matin. Sa diffusion via des mails n’a véritablement débutée que le 7 mars à partir de 14h15 dans un cercle amical. Ce n’est que le lundi 10 au matin qu’une diffusion plus large a été faite (associations de l’ADDIP, Chambre d’agriculture, etc….) avec notamment cette information: "prise par Hubert Girbal, La Coume, Ribouisse, l'ONCFS ayant posé le même genre de caméra et obtenu le même genre de cliché, confirmerait que c'est bien un loup. Les empreintes relevées vers Plavilla ou autour de chez M.Juin seraient très ressemblantes">.
Ce type d’information ne mentionne pas l’implication de l’ONCFS.
Nous l’avons mis en ligne dans la nuit du 11 au 12 mars et, après recoupement de l’information, largement diffusée dans la nuit du 12 au 13 mars.
Le 14 mars, un article de Dépêche du Midi publie la même photo mais tronquée à sa base avec cette mention: "Le loup de Ribouisse pris au piège photographique/ Photo Frédéric Salgues et Jean-Pierre Pompidor". Deux personnes non mentionnées dans les mails transmis.
Plus tard dans la journée, France 3 publiera la même photo que nous, non amputée de sa base avec cette mention: "© F.SALGUES - JP.POMPIDOR avec la collaboration de Mr et Mme Girbal et de l'ONCFS 11 Le loup capté par le détecteur de présence de l'ONCFS 11 à Ribouisse dans l'Aude à 1 h 20 du matin le 7 mars 2014">
Cette troisième version finit par mentionner tout le monde. Pour la paix des ménages??
Nous ne rentrerons pas dans le débat en nous en tenant aux échanges de mails du 10 mars et non aux convenances du 14. Quel que soit l’auteur ou plus précisément le propriétaire de l’appareil automatique, n’a strictement aucun intérêt. C’est uniquement la photo et les conséquences de son existence qui présente un réel intérêt.
Les conséquences de cette photo
Nous pouvons nous étonner qu’il ait fallu attendre 14 mois et plus de 140 brebis tuées pour en arriver en quelques jours à affirmer officiellement ce que tous les intéressés savaient depuis longtemps: c’est bien le loup. Des photos avaient été prises en novembre (nous en publions une) qui n’avaient pas convaincu l’ONCFS. Néanmoins le mode opératoire des prédations apparaissait comme des évidences pour beaucoup d’éleveurs.
Nous apprenons également que l’ONCFS avait aussi au moins un appareil automatique en fonction avec des clichés similaires. De la même nuit? Ou de nuits précédentes? Clichés qui n’ont pas été diffusées pas plus que les dates de prise de vue. Alors, pourquoi ne pas jouer carte sur table? Pourquoi ne pas dire toute la vérité? Depuis quand l’ONCFS sait-elle, à partir de ces clichés, s’ils existent bien, qu’il y avait au moins un loup? Et dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir indemnisé les éleveurs "au bénéfice du doute"?
Voilà beaucoup de questions sans réponse qui en amène une autre: si un agriculteur n’avait pas pris l’initiative de se faire installer une caméra automatique et diffuser la photo, est-ce que nous en serions toujours à accuser un chien? (Cf. Chiens en divagation)
Les mesures préfectorales
Toujours le même discours quel que soit le département selon le communiqué de la Préfecture de l'Aude publié le 12 mars: "les services de l’État réuniront dès vendredi, les Présidents de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, afin de partager les informations et d’étudier les mesures d'accompagnement des éleveurs pouvant s'inscrire dans le cadre du plan national Loup récemment modifié et des dispositions réglementaires." >Il aura fallu une semaine pour envisager une réunion pour mettre en place des solutions qui n’existent pas. Attendre, toujours attendre… pour rien sauf des contraintes inefficaces. (Cf. Séminaire de Valdeblore du CERPAM - 4 juin 2013)
Les indemnisations…. "La procédure d'indemnisation adéquate sera par ailleurs mise en œuvre pour tout dommage causé à des éleveurs à la suite d’attaques de troupeaux, présentant des traces de prédation…" … Pour quelles bêtes? Les futurs? Les passées? Encore l’incertitude…. Et pourquoi ne pas avoir pris de mesures avant? (1)
Le public autant que les éleveurs concernés ont le droit de savoir. L’administration a le devoir d’informer. La compréhension entre les parties dépend de la qualité et de la rapidité de la communication en transmettant des informations fiables, cohérentes et sérieuses. Ne pas informer, mal informer ou le faire tardivement c’est laisser s’installer les interrogations, les hypothèses et les suspicions. La lenteur administrative autant que la culture de la rétention d’informations ne favorisent pas la bonne communication et la compréhension ce qui peut avoir pour effet le conflit.
Louis Dollo, le 16 mars 2014
(1) Vont apparaître de manière claire les différences d'indemnisations entre prédations de loups et d'ours. Ce qui pourrait bien créer des problèmes... au moins d'incompréhension. A noter que tous les systèmes de protection et indemnisation ont été fait sur la base d'un modèle pastoral alpin sans jamais aucune consultation et encore moins concertation des pyrénéens ou autres massifs.