Le Monde des Pyrénées

Les loups suisses sont-ils vraiment sauvages?

Les témoignages de loups qui attaquent des troupeaux en plein jour sans aucune peur de l'homme ou qui se retrouvent nez à nez avec un homme comme le ferait un chien, sont de plus en plus nombreux dans les Alpes françaises et se confirment en Suisse. Bien sûr, ces témoignages sont, en France, le plus souvent niés ou occultés par les responsables de la faune. Cela ferait "tache" face au discours officiel. En Suisse plusieurs ouvrages émettant des doutes sur un retour naturel du loup ébranlent quelques peu les thèses françaises. Mieux encore, les déclarations affirmatives du WWF prévoyant le retour du loup pour l'été ne font que renforcer les doutes sur le comportement de cet organisme. Quant à l'Italie, la présense d'élevage à la frontière avec la France, au contrôle, semble-t-il, assez aléatoire ne fait que renforcer le doute.

Ci-dessous un autre cas avec l'avis personnel d'une biologiste qui s'interroge sérieusement sur le comportement de ces loups dit "sauvages".

- Attaqués par le loup en plein jour

Dimanche après-midi, le prédateur a agressé des moutons devant témoins. La veille, il s'était approché à cinquante mètres du troupeau et des bergers.

Deux autres moutons sont à inscrire au palmarès du loup du val d'Illiez, portant son tableau de chasse à seize animaux en un peu plus d'un mois. Aucun tir n'a été décidé pour l'instant... L'attaque est survenue dimanche après-midi sur l'alpage de Soix à environ 1400 mètres d'altitude. Sur le même troupeau qui avait perdu sept moutons il y a moins de deux semaines. Fait exceptionnel, cette nouvelle attaque a eu lieu en plein jour. Le loup avait déjà attaqué les années précédentes un troupeau vers Salanfe, mais il y avait à chaque fois du brouillard. Cette fois, il est sorti au grand jour.

Les bergers ont vu une première fois le loup tout près de l'enclos samedi en début de soirée. Ils étaient en train de parquer les moutons pour la nuit, lorsque la bête sauvage s'est approchée à cinquante mètres des animaux et des hommes. "Ce comportement est tout simplement incroyable de la part d'un loup", indique un spécialiste de l'Etat du Valais.

- Crise cardiaque

Le prédateur est revenu lelendemain à 15 h 30. Les bergers constatent que deux moutons se sont éloignés à une centaine de mètres en contrebas du parc. Le temps qu'ils descendent pour les récupérer, le loup avait surgi et gravement blessé un premier mouton qu'il a fallu achever. Le second animal est mort d'une crise cardiaque. Il a ensuite fallu faire fuir le loup qui est remonté dans la montagne... en direction d'un autre troupeau. Outre les bergers, un éleveur a aussi été témoin des faits.

"Samedi soir, les deux bergers ont tenté de le chasser. Le prédateur s'est éloigné sans se presser, se retournant même pour voir s'il était toujours suivi par un humain. Il n'était pas apeuré. Ce comportement est étonnant", commente Christine Cavalera, biologiste au Service de l'agriculture, chargée de défendre les intérêts des éleveurs dans ce dossier.

Elle ajoute, à titre personnel: "Je ne crois pas qu'il s'agit d'un loup à l'état réellement sauvage. Je ne crois pas à son retour naturel. Le fait que cet animal ne soit pas tellement méfiant tend à confirmer mon impression."

De son côté, le responsable du troupeau dit "avoir bien des doutes" sur la provenance du prédateur. "Il connaît drôlement bien l'homme, c'est bizarre."

- Danger pour l'homme

Il ne sera pas possible de procéder à des analyses génétiques, la brebis blessée ayant roulé dans un torrent. "Mais le garde-chasse présent dimanche a pu certifier qu'il s'agissait d'un loup grâce à la façon d'attaquer et aux morsures caractéristiques."

Sans oublier le témoignage des personnes présentes. "A mon avis, nous allons droit à l'accident avec l'homme. C'est malheureux, mais la proximité est telle avec la population que le loup risque fort de se sentir acculé un jour ou l'autre et d'attaquer", note le spécialiste déjà cité plus haut.

"Dix mille randonneurs empruntent le sentier du Tour des Dents du Midi qui passe précisément à cet endroit. D'ailleurs, le prédateur lui-même emprunte souvent des tronçons de ce sentier. Il a été vu encore vendredi soir sur ce tracé."

Auteur: Gilles Berreau
Source: Le Nouvelliste du 23 juin 2009