Le Monde des Pyrénées

Des clowns parlent du loup et d'élevage

Il y a des gens tout à fait extraordinaire qui parviennent à parler de choses qu'ils ne connaissent pas et, mieux encore, donner des leçons à des professionnels. C'est le cas pour l'élevage de mouton où, depuis l'arrivée artificielle de prédateurs, il n'y a jamais eu autant de donneurs de leçons et spécialistes en élevage. A se demander pourquoi il n'y a pas plus d'éleveurs et bergers dans les Alpes et les Pyrénées.

- Qui a peur du loup?

Le loup est un animal magnifique. Il est non seulement d'une grande beauté, mais sa façon de vivre, on pourrait même dire son art de vivre, est exemplaire.
Savez-vous que dans le grand Nord, la meute est dirigée par un couple? Le mâle dominant s'est choisi une femelle digne de lui et lui restera fidèle jusqu'à la mort. Dans des conditions extrêmes, quand les proies manquent, seule la femelle dominante aura une portée de louveteaux. Les autres femelles de la meute ne pourront procréer qu'en période d'abondance.

Quand la meute a tué un gibier, le mâle dominant est le premier à se nourrir. Sa femelle tient en respect toute la meute, lui permettant de manger tranquillement. Les rôles s'inversent ensuite et le mâle protège le repas de sa compagne. C'est seulement ensuite que la meute se rue sur les restes.

Le loup revient chez nous, dans les pays d'Europe occidentale. Ce terrible carnassier, heureusement protégé par des lois européennes (nous, les Suisses avons ratifié ces accords), crée la controverse. Les citadins et les verts en général sont enchantés de la biodiversité retrouvée. Les agriculteurs et les chasseurs se trouvent exceptionnellement unis pour hurler contre le retour de ce prédateur. Ils estiment son éradication comme une victoire de l'homme sur la nature et son retour comme une faute de bon sens.

Pour ma part, montagnarde et partiellement éleveuse, je me réjouis du retour de cet animal fascinant. Je n'ai pas peur du loup. Au contraire des chiens qui lorsqu'ils redeviennent sauvages sont véritablement dangereux, non seulement pour les troupeaux mais pour les hommes, le loup redoute l'homme et ne l'attaquera jamais.

Un loup tue tant que les proies fuient. Un troupeau de moutons abandonné par le berger va agir stupidement. Les individus vont courir dans tous les sens et le loup tuera jusqu'à ce que le calme revienne. Remarquez, quand le loup attaque une harde de chevreuils, ceux-ci s'arrêtent dès que l'un d'entre eux a été tué, et le loup cesse son carnage. (En Afrique, quand les grands félins se nourrissent, la logique est la même. Les zèbres broutent tranquillement à côté d'une lionne qui dépèce sa proie).

Si un âne est intégré au troupeau et surtout si le berger est près de ses animaux, le loup peut tuer un agneau, mais les autres moutons vont se calmer tout de suite et l'âne va braire méchamment, avertissant le berger, puis il chargera le loup qui va prendre la fuite avec l'agneau dans la gueule. Comme le loup est protégé par les lois européennes, le berger va toucher une indemnité pour la perte de son agneau.
Si l'âne s'avère insuffisant, en cas d'attaque par une meute, les bergers ont à disposition quelques races de chiens extraordinaires, comme le Patou des Pyrénées et le Kangal de Turquie. Ces chiens, capables d'attaquer des loups s'avèrent d'une grande douceur pour les moutons et les êtres humains, mais défendront le troupeau avec acharnement et beaucoup d'efficacité.

Je repose la question: Qui a peur du loup?

Auteur: Anonyme courageux
Source: Ponts Communs du 30 mai 2009 (Site Internet fermé depuis)

- Commentaire

Il y a dans ce texte des phrases tout à fait extraordinaires.

"Les citadins et les verts en général sont enchantés de la biodiversité retrouvée".
Si la biodiversité n'est que pour satisfaire les Verts et les citadins et se limiter à une espèce emblématique, la vision de la nature est assez déplorable. La biodiversité c'est l'ensemble du vivant animal et végétal y compris l'homme. Cet aspect du sujet semble ignoré.

Cet auteur est "partiellement éleveuse", un peu comme Marie-Antoinette au Petit Trianon et elle se réjouit "du retour de cet animal fascinant". Elle a raison tant que le loup n'est pas tombé dans son troupeau. C'est préférable. Attendons la suite....

Si la Suisse a ratifié un certain nombre d'accords internationaux comme l'Europe, ce n'est pas pour autant la meilleure référence. Mais à chacun ses valeurs.

"Un loup tue tant que les proies fuient". L'homme aussi fuit face au danger, les courageux face à un danger inégal, cela s'appelle des héros. En général ils servent de décor dans les cimetières. Tenir un tel propos c'est ignorer que le mouton a perdu depuis longtemps certains instincts sauvage. C'est la raison pour laquelle c'est un animal d'élevage. La comparaison avec un chevreuil ne tient pas la route.

Quant à l'âne, il fera sans doute face quelque temps à un loup mais pas longtemps face à une meute capable de tuer une vache.

Tant que l'on n'a pas été confronté à la réalité on peut toujours prodiguer des conseils aux autres plus qu'à soi-même et, curieusement, la Suisse est le pays où on tue le plus facilement des loups.
Cherchez l'erreur de la part de cette donneuse de leçons.

Louis Dollo, le 9 juin 2009