Dans son rapport du 30 août 1996 à destination du Ministère de l'Environnement, Laurent Garde, écologue au CERPAM, écrit: «Les données généralement admises en Europe sont issues de Boitani (1983 in DELIBES 1990; et 1992): on compterait en Italie 600 000 chiens errants et 80 000 chiens ensauvagés». Et il précise: «Dans cette situation de compétition entre ces deux canidés, c'est surtout la fréquence de l'hybridation que Boitani considère comme une menace majeure sur l'avenir du loup». En 2007, le même Boitani prétend sans autre discussion: «nous n'avons pas un seul cas d'hybridation dans les Alpes».
Admettons. Mais alors pourquoi tous ces programmes de travail en Italie précisément sur les loups hybrides, financé par l’Europe, structure dont Boitani est le conseil via la LCIE? De la même manière, pourquoi la Convention de Berne imagine une nouvelle recommandation qui ressemble, a s’y méprendre, à une forme de protection de fait des loups hybrides? Sans doute parce que face à l’hostilité montante des populations humaines contre le loup et aux constats de plus en plus nombreux de comportements de chiens, qui ne protègent plus rien, mais aussi de loups particulièrement familier, il fallait créer un mécanisme lourd ne permettant pas d’abattre aussi facilement un hybride qu’un chien sans pour autant l’interdire explicitement. Il s’agit bien là d’une forme de sauvegarde de la protection au profit des chiens / loups.
Pour sauvegarder la "cause du loup", les écologistes sont prêts à tous les excès, y compris protéger des animaux qui ne sont pas des vrais loups. Preuve est faite que Luigi Boitani, et beaucoup d’autres, n’ont pas une démarche scientifique et encore moins de conseil neutre, mais une démarche typiquement idéologique au seul profit d’une seule espèce animale. Avec ce type de comportement, additionné à celui de re-wilding pour le ré-ensauvagement des territoires, nous ne sommes pas prêts de développer la biodiversité et de sauvegarder une vie humaine dans les montagnes comme c’est le cas depuis des millénaires. L’homme écologiste, pseudo-défenseur de la nature, aura tout saccagé dans moins de 10 ans.
Louis Dollo, le 29 novembre 2014
- Extraits de "Wolves: Behavior, Ecology and Conservation" de L. David Mech et Luigi Boitani
- Le chien domestique
L’espèce la plus proche du loup est le chien domestique (Canis familiaris). Un examen des séquences mitochondriales effectué sur 140 chiens et 162 loups a montré que le loup gris était l’ancêtre le plus probable du chien (Vilà-1997). Récemment, ce résultat a été confirmé dans une étude portant sur 650 chiens et 38 loups eurasiens (Savolainen-2002). Ces analyses contredisent donc les précédentes théories suggérant que le chacal pouvait être impliqué dans cette ascendance (Lorentz-1954, Coppinger et Schneider-1995). D’autres études ont pu montrer que Canis latrans et Canis simensis étaient également des proches parents du loup mais les valeurs de divergence de séquences sont plus élevées d’environ 4%, bien au dessus donc de la moyenne de 1,8% apparaissant entre chien et loup (Wayne-1999). Néanmoins, chiens et loups ne sont pas deux groupes monophylétiques, les études de Randi (2000) accréditant une origine multiple des chiens à partir de diverses sous-espèces de loups.
Une étude récente contradictoire, sur la base de comparaisons de l’ADNmt de chiens originaires d’Amérique du Nord d’avant l’arrivée des européens a montré que ces chiens ne provenaient pas d’une domestication indépendante de loups d’Amérique du Nord mais de chiens arrivés dans le nouveau monde avec les premiers immigrants (Léonard-2002). Environ 80% du lignage mitochondrial du chien est contenu dans un clade et la diversité de celui ci a été utilisée pour estimer la date de la première domestication à plus de 100.000 ans (Vilà-1997).
Même si cette estimation est encore basée sur de nombreuses hypothèses concernant le taux de mutation, elle définit malgré tout, selon certains scientifiques, une date plus ancienne que celle supposée par les découvertes archéologiques la situant à environ 12.000 ans (Clutton et Brock-1999). Le débat est cependant encore considérable sur cette hypothèse d’autant qu’une dernière étude génétique de Savolainen (2002) tend à montrer, selon lui, que les données des séquences ADNmt pouvaient concorder avec une origine unique du chien à partir de l’Est de l’Asie, il y a environ 15.000 ans.
- Hybridation
Etant donné leurs liens étroits, loups et chiens peuvent facilement s’hybrider, de même que peuvent le faire loups et coyotes même si aux USA il semble que cette hybridation se soit limitée à un groupe unique de loups censés être une espèce distincte récemment identifiée en Canis lupus lycaon (Wilson-2000). Nous savons également que le loup d’Abyssinie peut s’hybrider avec les chiens sauvages. En fait, toutes les espèces du genres Canis, mais aussi le dhole asiatique et le lycaon africain, possèdent un nombre identique de chromosomes (2n = 78) (Wayne et O’Brien-1987). De même, les résultats de séquençages ADN et les études utilisant d’autres marqueurs génétiques comprenant des séquences du chromosome Y établissent clairement une relation étroite entre Canis latrans et Canis simensis (Roy et Geffen-1994). Cette découverte peut ainsi suggérer l’éventualité d’une hybridation importante, résultat de barrières insuffisantes pour isoler la reproduction. En fait, comme on le verra plus loin, l’hybridation a pu être la cause de l’extinction de sous-espèces de loups en Amérique du Nord.
- Hybridation loup/chien
Depuis l’origine des chiens à partir du loup, il y a des dizaines de milliers d’années, loups et chiens se sont plusieurs fois croisés. Plus tard, beaucoup de tribus indigènes ont occasionnellement croisé leurs chiens avec des loups pour les rendre plus vigoureux (Schwartz-1997) et plusieurs centaines de milliers d’hybrides peuvent aujourd’hui exister aux USA ou ailleurs (Hope-1994). Dans la vie sauvage, l’hybridation entre chien et loup est probablement plus fréquente dans des zones difficiles, pauvres en ressources alimentaires et à proximité d’installations humaines où les chiens errants sont plus communs (Boitani-chap. 13). L’intégrité génétique de quelques populations de loups peut ainsi être un souci constant pour certains conservationnistes, même si une grande majorité d’analyses ADN indiquent que l’hybridation naturelle reste un phénomène marginal et rare (Vilà-1999, Randi-2000).
Une étude génétique détaillée fut menée sur un hybride loup/chien tué par une voiture en Norvège (Walker-2003). La comparaison avec un échantillonnage de loups et de chiens a montré que l’haplotype de l’hybride suspecté correspondait plus au croisement d’une première génération entre une louve et un chien. De plus, l’étude suggéra que la population de loups était nettement différenciée des chiens et que les contacts entre les deux espèces étaient rares, voire inexistants. En Amérique du Nord, il n’y a pas de preuve génétique d’hybridation entre loups et chiens dans la vie sauvage.
D’autres études ont également montré une rare hybridation dans plusieurs régions d’Europe: en Bulgarie (Randi-2000), en Lettonie (Anderson-2002), en Italie (Lucchini-2002) et en Espagne (Lhaneza-obsev. pers.). Des données limitées rassemblées en Lettonie ont suggéré que l’hybridation pouvait devenir plus fréquente au cours de périodes de déclin d’une population de loups (Anderson-2002).
Source: Extraits de "Wolves: Behavior, Ecology and Conservation" de L. David Mech et Luigi Boitani - Editeur: University of Chicago Press - 2 février 2007 (en anglais) - 472 pages - ISBN-10: 0226516970 - ISBN-13: 978-0226516974
Traduction non officielle et non professionnelle