- Mail adressé le 17 mars 2000 à Monsieur le Préfet des Hautes-Pyrénées.
Monsieur le Préfet,
Un arrêté municipal de la commune de Lannemezan "part en guerre" contre les taupes avec le concours du Groupement de défense contre les ennemis des cultures de la Haute Vallée de
l'Adour et du Groupement de défense sanitaire du bétail qui ont pour mission de détruire les taupes par empoisonnement.
Les actions d'empoisonnement se feront tous les 3 premiers jours de chaque quinzaine jusqu'en juin. Durant ces périodes et les 3 jours suivants (soit 6 jours par quinzaine), la
divagation des chiens, des volailles et autres animaux domestiques est interdite dans la commune sous peine de PV. Afin d'éviter tout accident, les personnes qui trouveront des
animaux morts pendant ces périodes devront les enfouir immédiatement ou les remettre aux agriculteurs et propriétaires fonciers chargés de la destruction.
Un communiqué de presse expliquant toute cette procédure a été diffusé.
Ce type d'opération entraîne autant e commentaires que de questions quelque soit la valeur juridique d'une telle décision.
1/ Sur le plan sanitaire, le fait de découvrir des animaux morts par empoisonnement ne risque-t-il pas d'avoir des conséquences sur des populations non averties. Je pense en particulier aux promeneurs, randonneurs et autres sportifs du dimanche ayant pour habitude de parcourir la campagne, éventuellement avec leur chien sans être passé par la Mairie ou la Sous - Préfecture lire le panneau d'affichage (c'est une démarche assez peu usitée) ou sans avoir lu la presse locale (personne n'a l'obligation de lire la presse et les personnes peuvent venir d'un autre département). Envisager d'enterrer les cadavres est sans doute possible pour le milieu agricole mais il ne faut pas oublier que la campagne n'est pas parcouru que par les agriculteurs. Ramener les cadavres aux propriétaires foncier nécessite des connaître, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde. Alors que vos services tentent des mesures sanitaires auprès du milieu médical et paramédical, il est surprenant que l'on favorise ici la multiplicité potentielle de cadavres. Quel pourraient être les incidences de ces cadavres sur la santé des personnes?
2/ Sur le plan écologique, tout les publications existantes y compris celles des services de l'état tel que la DIREN, expliquent que les rapaces, espèces protégées, se nourrissent
de divers animaux du type des taupes mais également des carcasses d'autres animaux sauvages qui sont susceptibles d'être empoisonnés en même temps que les taupes. Pouvez-vous nous
dire quel sera l'incidence de ces empoisonnements sur les rapaces?
A l'occasion de mes anciennes responsabilités au sein de la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade), j'ai pu développer un partenariat avec la DIREN en
vue de la protection et la défense du gypaète barbu en particulier pour responsabiliser les grimpeurs sur les falaises et l'équipement de falaises ainsi que les montagnards à
l'occasion de randonnées ou de la pratique de l'alpinisme. J'ignore quelle est la position du Comité Départemental de la FFME actuel, mais j'ai le sentiment personnel d'avoir perdu
mon temps et mon énergie pour la défense de rapaces qui, aujourd'hui, semblent institutionnellement condamnés.
Pour votre information, je me permets de vous mettre en fichier joints trois réactions reçues par mail.
Comptant sur votre compréhension et en espérant que vous prendrez les mesures nécessaires pour éviter que les efforts de protection entrepris depuis plusieurs années soient
anéantis
Croyez, Monsieur le Préfet, en, l'assurance de ma considération distinguée.
Louis Dollo