Plus récemment, Bruno Besche Commenge, pour l’ADDIP, mettra en exergue quelques mensonges et déformations de textes qui ont d’ailleurs conduit aux introductions d’ours en 2006.
Nous reproduisons, dans une première démarche, le texte que vient de nous communiquer Bruno Besche Commenge avec seulement trois exemples. D’autres, tout aussi croustillant, pourrait bien suivre afin de montrer comment un fonctionnaire sans contrôle peut berner toute une population
- Pierre Yves Quenette, responsable «scientifique» (??) de l’Équipe Technique Ours ment et déforme sciemment la réalité quand ça l’arrange
Trois exemples parmi d’autres:
Mensonge sur le régime alimentaire des ours
Le faux: sur le site grand public de l’ETO, mise à jour du 11/03/2013:
«L’Ours Brun est un omnivore opportuniste à nette dominante végétivore. Dans les Pyrénées, la fraction d’aliments d’origine végétale représente 80 % des composants des fèces.» signé Quenette, Camarra http://www.oncfs.gouv.fr/Connaitre-les-especes-ru73/LOurs-ar974
Le vrai: dans la Revue Médicale Vétérinaire, article de 2003:
«la composition des fèces procure une estimation fortement biaisée du régime alimentaire réel de cet animal. /…/ L’aspect grossier des restes végétaux retrouvés dans les laissées indique une faible capacité du tube digestif de l’ours brun à effectuer une dégradation poussée de la matière végétale. Celle-ci occupe de ce fait la quasi-totalité du volume des laissées, et il est possible que l’orientation phytophage de l’ours brun des Pyrénées ait été surestimée jusqu’ici.» (1)
Dix ans après cet article scientifique, à lecture très restreinte – les seuls spécialistes -, M. Quenette continue donc sciemment à diffuser auprès du grand public un mensonge total.
Déformation des données dans les documents de synthèse officiels
Plusieurs exemples, dont celui-ci très caractéristique sur un point essentiel: en 2008 l’ETO consulte des experts internationaux à propos du comportement de l’ourse «Francka» réintroduite en 2006 et qui attaque sans interruption les troupeaux dans les Hautes-Pyrénées. L’ETO, dont M. Quenette premier signataire, rédige une note de synthèse où, en fait, les données gênantes sont passées sous silence pour ne conserver que ce qui arrange.
Déformation de la réponse:
La réponse de l’expert espagnol, G. Palomero, est ainsi résumée: «Les éléments dont il dispose au regard de son expérience sur la population d’ours dans les Monts Cantabrique ne lui
permettent pas de répondre sur le comportement de l’ours Francka.»
Source: ONCFS
La vraie réponse (document plus en ligne, disponibles sur demande à l’ADDIP):
«Les Monts Cantabriques ne sont pas une bonne référence pour répondre à vos questions, en effet, comme vous le savez, il y a à peine quelques troupeaux de brebis dans notre secteur, et les dommages que leur causent les 130 ours cantabriques sont négligeables»
Le document d’ensemble est très long et il faut traduire les réponses. On cache donc la vérité dans la note de synthèse, le seul texte que les intéressés vont consulter: c’est parce qu’il n’y a pas de brebis dans les secteurs à ours qu’il n’y a pas de problème!
La déformation s’explique: il ne fallait surtout pas que l’on sache que si à cette date (moins évident aujourd’hui) les choses se passent relativement bien dans les secteurs à ours des Monts Cantabriques, c’est parce qu’il n’y a pas de brebis!
Mensonge sur la réalité dans les documents envoyés à la Commission Européenne
En décembre 2012, la Commission Européenne de l’Environnement publie, en anglais, une note de synthèse sur la situation des ours dans l’UE. Chaque pays fournit son bilan, et l’on retrouve les mêmes acteurs: pour la France, Quenette, et l’Espagne, Palomero. Dans les Pyrénées, il s’agit des mêmes ours, des mêmes problèmes, et surtout du même rejet de la part des populations locales directement concernées. Or si très honnêtement Palomero mentionne ce rejet, Quenette, lui, le passe sous silence, comme le résume ce tableau:
C’est édifiant et ne nécessite nul commentaire.
La volonté de M. Quenette de masquer à l’Europe le rejet des «populations locales» est encore plus frappante lorsqu’on compare avec les rapports des autres pays concernés: Grèce, Macédoine, Albanie, Italie, Norvège, Bulgarie, Autriche («les ours réintroduits semblent être perçus par la population locale comme artificiels et appartenant au WWF»), Croatie, Serbie, Slovaquie, Suède. La Slovénie n’y échappe pas et le rédacteur pour ce pays précise: «les conflits avec les humains et la destruction de leurs propriétés sont une sérieuse menace.»
Heureusement l’Europe informée par de vraies scientifiques, a remis les pendules à l’heure dans sa propre synthèse de la situation pyrénéenne parue en mars 2013 («Large Carnivore Conservation and Management in Europe -The contribution of EC co-funded LIFE projects March 2013»):
- à propos des lâchers d’ours slovènes: «Le projet a subi une très forte opposition de la part des communautés locales»
- à propos de la situation actuelle: «Kazcensky et al. (2013) rapportent que les problèmes actuels de gestion les plus critiques sont le faible degré d'acceptation des ours réintroduits et les pertes dues au braconnage ou à d'autres accidents liés aux ressources humaines.»
Il n’y aurait eu que les mensonges de Quenette, ici par omission, c’est une vision totalement fausse de la réalité pyrénéenne que l’Europe aurait eu.
Auteur: B. Besche-Commenge – ASPAP/ADDIP – 6 juin 2013
(1) Y. Lagalisse, P.Y. Quenette, J.Rech et Y. Lignereux, Étude coproscopique du régime alimentaire d’une population d’ours bruns (Ursus arctos) réintroduite dans les Pyrénées (1996-1999), Revue Méd. Vét., 2003, 154, 10
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