Au-delà du débat sur la "réintroduction" de l’ours dans les Pyrénées, c’est la problématique de la présence des grands prédateurs carnivores sur les estives et alpages qui se posent. C’est aussi une question de démocratie. N’est-ce pas aux populations concernées de s’exprimer et dire ce qu’elles veulent pour leurs territoires?
L’utilité d’un tel débat, aujourd’hui en août 2014, est étonnante. Depuis 2009, il n’existe plus de Groupe National ours ni de Plan Ours. Ces questions sont du ressort du Comité de Massif des Pyrénées qui a élaboré la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité avec l’ensemble des représentants des acteurs des territoires. Situation bien différente de celle du passé où des plans d’introduction étaient mis en place par des nébuleuses administratives avec une participation sans partage d’une poignée d’écologistes militants sectaires sans aucune consultation des éleveurs. Plus tard, suite à des recherches menées par Madé Maylin aux archives nationales, Bruno Besche Commenge, pour la coordination pyrénéenne ADDIP, mettra en lumière ce qui sera appelé "un scandale d’Etat" et un "mensonge d'Etat". David Chétrit le fera connaître dans son ouvrage "La réintroduction de l'ours - L'histoire d'une manipulation". Quel que soit la tournure du débat et els arguments avancés par les pro-ours, les faits sont là et ne pourront jamais être niés.
Parmi les débateurs, deux opposants aux introductions
- David Chétrit, fils et frère de bergers de la vallée d’Ossau dans les Pyrénées-Atlantiques, auteur du livre "La réintroduction de l'ours - L'histoire d'une manipulation"
- Bruno Besche-Commenge, sociolinguiste, représentant la coordination pyrénéenne ADDIP
Mais aussi deux écologistes partisans des introductions d’ours:
- François Moutou, épidémiologiste à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Anses), mais aussi militant écologiste de la Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifère (SFEPM).
- Alain Reynes, Directeur de l’ADET-Pays de l’ours qui, toute sa vie, aura bénéficié des subventions du Plan Ours, c’est-à-dire de l’argent public, pour en arriver à un néant total. Il est un des initiateurs du fromage Pe Descaous qui est passé de 30 producteurs à sa création à tout juste 9 ou 10 et au broutard du Pays de l’ours passant de 10 à 2 producteurs… Sans parler du développement économique et touristique annoncé avec l’ours et la création de l’ADET.
Pour info sur les succès d'Alain Reynes:
- Fromage "Pe descaous": marque commerciale (et non un label de qualité comme une AOP) déposée par le FIEP, association de défense de l'ours, qui regroupe quelques éleveurs. Production très marginale de fromage fermier qui ne se distingue pas des autres. Il ne peut en aucune manière concurrencer l'AOP Ossau-Iraty d'autant que beaucoup des quelques producteurs de "Pe Descaous" sont également en AOP, la patte d'ours en moins.
- Broutard du Pays de l’ours: également une marque et non un label de qualité reconnu passé de 10 à 2 petits producteurs pour une production très saisonnière. L’ours ne devait pas être porteur pour atteindre un tel résultat. Cette démarche est purement idéologique et n'a rien à voir avec le label rouge agneaux des Pyrénées ou l'AOP mouton de Barèges-Gavarnie par ailleurs décrié et mis au pilori par les écologistes pro-ours parceque le cahier des charges ne correspond pas à la philosophie écologiste pro-ours. Le broutard du Pays de l'ours ne se dictingue pas des autres broutards élevés dans les Pyrénées sans marque ni label de qualité.
Si nous devions résumer, nous pourrions dire que ces marques ont été imaginés plus pour la promotion de l'ours que la promotion des produits et ceci, évidemment, sans aucune collaboration ni soutien de la profession agricole. Bien au contraire, manifestement tourné contre cette profession en tentant de diviser pour mieux s'imposer en qualité d'organisation écologiste face aux organisations d'éleveurs. Le piège n'a pas fonctionné.
- Commentaire sur le débat
Comme il fallait s’y attendre, un débat de plus pour rien avec un journaliste qui ne faisait qu’illusion avec la prétention de vouloir "sortir de la controverse" mais qui, en définitive, ne connaissait rien. Mais le fond du problème est-il une controverse ou un mensonge et une manipulation?
La réaction d’un auditeur avertit qui nous a contacté résume tout ce débat:
"Voilà un débat "amusant" à écouter quand on connait bien les acteurs... au sens cinéma du mot... et leur jeu.... ayez la patience d'écouter jusqu'à la fin... Ceci dit, il ne restera pas dans l'histoire de France... et les écolos ne s'en venteront certainement pas... Pauvre journaleux-spectacle… Minable! France Inter ne s'élève pas..."
Alain Reynes est parti sur ses obsessions traditionnelles de sondages en oubliant que la démocratie française s’exerce à travers des élus et que tous les textes internationaux comme la charte environnementale adossée à la Constitution française ne retiennent, dans ce domaine, que l’avis des populations concernées. La question des sondages avait déjà été balayée lors d’un débat sur France 3 Midi-Pyrénées entre Bruno Besche-Commenge / François Arcangéli. L’ADET-Pays de l’ours n’a manifestement pas retenu la leçon.
Bruno Besche Commenge a voulu aborder la question du scandale d’Etat par lequel les ours slovène ont été importés dans les Pyrénées en mettant en cause le haut fonctionnaire responsable à l’origine de cette manipulation, Gilbert Simon. Il s’agissait bien là, d’un des problèmes centraux du conflit.
Mais, pour François Moutou, vétérinaire épidémiologiste à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Anses), mais aussi et surtout militant écologiste de la Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifère (SFEPM), prononcer le nom de Gilbert Simon, responsable de cette faillite écologique, économique et sociale, devenait le 8ème pêché capital. Motif: il est décédé. Avec ce genre de raisonnement, il serait impossible aux historiens de travailler puisqu’ils ne travaillent qu’avec des morts. Mais chez les écologistes, l’histoire n’est pas, elle s'invente en fonction des circonstances. Et l’histoire inventée autour de Gilbert Simon a quelques difficultés à émerger.
Et puis, l’intervention inattendue d’une bergère, Marie, qui explique son travail et donne au sujet une dimension sociale. Nous comprenons mieux les raisons du refus qui dépassent la notion de pour ou contre, vision binaire du sujet totalement stupide.
- L'ours: les raisons de la colère de Violaine Bérot
- Pourquoi nous disons non à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées par Violaine Bérot
Nous retiendrons, grâce à David Chétrit, dont le livre est une référence, que l’ours brun n’est pas en danger de disparition selon les critères de l’UICN (même chose pour le loup) et que, contrairement aux affirmations des lobbyistes écologistes, la France n’est pas poursuivie pour «non réintroduction» mais pour défaillance de la protection des ours importés et leur descendance. Ce qui est très différent.
Y a-t-il vraiment controverse comme l'indiquait le journaliste en début d'émission? Il y a surtout à la base un énorme mensonge et uen grosse manipulation menée par des hauts fonctionnaires, ce que les écologistes n'arrivent toujours pas à assimiler.
Louis Dollo, le 14 août 2014