Sous l'impulsion de l'Adet, la Maison de l'ours va voir le jour à Fos. Le maire de Melles, André Rigoni, en profite pour régler ses comptes avec les détracteurs du plantigrade.
André Rigoni a remis son bleu de chauffe. Avec une poignée de fidèles, le maire de Melles retape une ancienne épicerie appelée à devenir la Maison de l'ours dans le joli village de Fos.
"Cette maison présentera tous les aspects de la réintroduction depuis la génèse du projet jusqu'au lâcher de Pyros", commente le vice- président de l'Adet (1).
"Nous possédons des centaines de documents, en particulier des films encore inédits auprès du grand public", ajoute Didier Rous, embauché comme CES pour tenir la future boutique.
Si tout se passe bien, la Maison de l'ours ouvrira ses portes, le 1er juin. Car, s'il n'est plus le capitaine de l'Adet, André Rigodi entend bien garder le cap. "Sur la vallée, on sombrait dans l'anonymat le plus total, alors que des milliers de personnes nous pressaient de faire quelque chose en faveur des ours"
Electoralisme primaire
Une initiative qui vient peut- être un peu tard au moment où les parlementaires débattent de l'amendement Bonrepaux. "Je suis certain que, finalement, celui-ci ne sera pas adopté",
s'enflamme André Rigoni.
Et le maire de Melles de poursuivre: "Bonrepaux fait de l'électoralisme primaire, mais il se trompe. Le véritable ennemi du mouton pyrénéen, ce n'est pas l'ours mais bien le mouton de Nouvelle-Zélande. Je reste persuadé que l'ours et les bergers peuvent cohabiter dans les Pyrénées et se rendre mutuellement service." André Rigoni se dit même prêt à faire une place aux produits des éleveurs locaux dans la future boutique... avant de lâcher passablement amer et désabusé: "Les politiques, tant qu'il s'agissait pour eux de se montrer devant les caméras, ça se bousculait."
Piégeages en Espagne?
Et, pour faire bonne mesure, le bouillant maire de Melles vilipende aussi l'action des administrations françaises et espagnoles: "On a confisqué la gestion de l'opération aux
locaux. En procédant de la sorte, on va droit dans le mur. On évoque les piégeages de l'autre côté de la frontière et les Espagnols ne nous donnent aucune information, c'est
scandaleux!" André Rigoni entend pourtant rester optimiste: "De toutes façons, la réintroduction n'appartient ni aux politiques ni à l'administration mais bien à la population.
"Depuis quelques semaines, une pétition de soutien circule. Elle aurait déjà recueilli près de 40.000 signatures. Une raison supplémentaire pour le maire de Melles de garder la foi.
Ce qui ne l'empêche pas de proférer sur le registre menaçant: "Il n'y a pas que les chasseurs qui votent, les amis des ours aussi. Nos élus seraient bien inspirés de ne pas
l'oublier."
Auteur: Alain Puente
Source: La Dépêche du Midi du mardi 23 mai 2000
(1) Adet: association pour le développement économique et touristique.