A court terme, la population d’ours cantabrique est viable. C’est la première conséquence de l’augmentation du nombre d’individus recensés par les chercheurs de l’Université d’Oviedo et du CSIC. Il y a environ 200 ours bruns dans la Cordillère cantabrique, plus du double que dans les années 1995. Mais un «défi démographique se pose pour la zone orientale» comme le reconnaît l’un des auteurs des travaux scientifiques, Javier Naves, chercheur du CSIC à la station de Doñana. Il y a dans ces montagnes approximativement entre 20 et 30 ours.
Selon la Principauté des Asturies, les études ont demandé un investissement d’environ 400.000 €. Elles ont permis de recueillir des informations exhaustives sur la situation démographique de l’ours brun cantabrique, son habitat, et ses caractéristiques génétiques. Elles analysent aussi leur comportement individuel, et ont identifié des couloirs de connexion entre les populations orientale et occidentale. Au départ, deux conventions fixant la collaboration entre la Principauté et, d’une part l’Université de l’autre le CSIC, à cet effet deux groupes de travail ont été dirigés par la professeure Ana Domínguez et le biologiste Miguel Delibes de Castro. Comme l’a indiqué Javier Naves, qui avait en outre amené des prélèvements analysés, le financement était assuré par les Asturies avec la collaboration de la Junte de Castille et León.
L’étude de la population s’est déroulé entre 2008 et 2010, et Javier Naves précise: «c’est la première fois qu’est effectuée une estimation directe du nombre d’individus». Les estimations les plus solides concluent qu’il y a entre 175 et 190 ours dans le noyau occidental (Asturies en grande partie, avec des zones dans le Alto Sil et Ancares, entre León et Lugo), et cette population a été au centre des analyses. Pour la zone orientale, les information précises «restent encore proches de l’inconnu» mais on estime qu’existent entre 20 et 30 animaux. «Le défi démographique» est posé dans cette zone, à la fois en terme de recherches comme en matière de conservation. Pour assurer la validité des recherches de terrain effectuées dans la zone occidentale, deus types de données ont été relevées et combinées: des opérations «d’observations simultanées» à partir de toute la superficie du champ visuel couvert pour une aire donnée, et leur mise en relation avec des prélèvements d’excréments et de poils, «afin que l’ensemble fournisse une base d’analyse fiable.»
Sur le nombre d’ours bruns (Ursus arctos cantabricus) dans la Cordillère, la dernière référence disponible datait des années 1995 et se situait entre 70 et 90 individus. Les experts estiment que la population a progressé jusqu’à doubler au cours de ces trente années. Cela signifie «une viabilité à court terme seulement parce que pour le long terme il faudrait 2000 individus», selon la professeure Ana Domínguez cité par Naves, «dans tous les cas, nous continuons à parler de risque d’extinction pour cette population.»
Étude génétique
L’étude génétique réalisée à partir des prélèvements révèle que la rupture entre les deux populations s’est produite «il y a des décennies», et que la sous population orientale présente l’un des taux de diversité génétique «les plus bas du monde.» Chez les espèces animales, cette faible diversité implique une moindre capacité à affronter des changements divers, davantage de sensibilité aux problèmes sanitaires tels que les maladies, et sans doute un plus faible taux de reproduction «comme on s’en rend compte, dans un tout autre domaine, pour ce qui est arrivé aux familles royales en Europe.»
Une des conséquences de la croissance démographique est qu’elle a permis la circulation des animaux entre les deux zones. On a relevé plusieurs cas de mâles ayant voyagé vers la zone orientale, ce qui a permis d’améliorer la situation génétique de ce noyau. En 2008, deux hybrides de mère oriental et père occidental, deux frères, ont été détectés, l’un dans la zone de Redes et Ponga (Asturies) et l’autre dans le León aux alentours de Riaño.
Voie de passage à proximité de La Robla
Le travail de terrain et ensuite les analyses des prélèvements ont fait l’objet d’un travail commun des Universités d’Oviedo et du CSIC. La caractérisation génétique et la détection des hybrides relevaient uniquement du travail universitaire. Le CSIC de son côté analysait les formes de communication entre les zones orientale et occidentale, ainsi que les barrières entre les deux populations. Les chercheurs ont découvert que la zone d’échange ne se limitait pas au Port de Pajares, ligne divisoire usuelle entre les deux populations. Ces dernières années de nouveaux couloirs naturels sont apparus au Sud de la Cordillère, dans la province de León, depuis La Robla, au Nord. Et ces couloirs sont même arrivés, explique Naves «quasiment jusqu’à la ville de León.»
Auteurs: Antonio Martín / DICYT
Source: Agence de Presse pour la Diffusion de la Science et de la Technologie (DiCYT) León – 25 février 2011
Traduction: B.Besche-Commenge – ASPAP/ADDIP