Le Monde des Pyrénées

L’ours se promène à Bimeda (Cangas del Narcea)

Bimeda
Trace relevée à Bimeda

Cet article récent, 4 avril 2013, vient relayer les interrogations de Javier Naves du 7 février dernier sur le degré d’acceptabilité sociale dans les zones où les ours deviennent plus nombreux et étendent leur territoire.

- Comme le révèlent leurs traces, une ourse et son petit se sont offert un tour, tôt le matin, à 50 mètres d’un des villages du consejo de Cangas del Narcea.

Il était trois heures du matin lorsque les chiens de chasse de Gonzalo Aumente, habitant de Bimeda (Cangas del Narcea), commencèrent à aboyer frénétiquement. «Chispo» et «Selva» finirent par être comme fous et réveiller la moitié du village. Aumente, qui avait voyagé toute la journée et était fatigué, jura dieu et diable contre le comportement de ses chiens, ce qui ne les empêcha pas de continuer leur bruit jusqu’à plus de six heures du matin. Toujours aussi fatigué, il se leva alors pour voir ce qui avait pu autant exciter ses chiens et il comprit tout de suite: sur le chemin de Bimeda il y avait les traces fraiches d’un ours, signe indubitable qu’un plantigrade avait passé la nuit dans les environs.

«C’est incroyable de voir qu’ils sont à 50 mètres du village, incroyable! Il y a des traces tout le long du chemin. On peut voir qu’ils sont venus jusqu’au ruisseau et partis par le chemin qui monte à la montagne», et si Aumente parle du visiteur au pluriel c’est qu’il a pu reconnaître deux types de traces. C’est un chasseur émérite, il est d’ailleurs président de la société de chasse du Narcea, il en a déduit qu’il s’agissait certainement d’une ourse qui, tous les printemps, a coutume de fréquenter la zone, et qu’elle était accompagnée de quelque petit puisqu’on voyait des traces de deux tailles différentes.

L’événement a alerté les habitants. Certains ont exprimé leur crainte à sortir la nuit dans le village. «Il y a des gosses qui me l’ont dit, oui. Ecoutez, il n’est pas question d’alarmer qui que ce soit, mais quand même on ne peut pas se permettre de ne pas faire attention, parce que, si près du village, on ne peut pas écarter qu’une rencontre malencontreuse se produise un jour, et là ça serait très dangereux.» A Bimeda, comme dans les autres villages du consejo et plus largement d’autres zones du Sud-Ouest, les ours se rapprochent de plus en plus, conséquence directe de l’augmentation et l’expansion géographique de leur population. Les habitants sont nombreux qui ont déjà averti que cette situation pouvait dégénérer dans le futur, parce que «si quelque chose devait se produire, alors ce serait une catastrophe, et ça, moi, je les en ai déjà alertés à la Fundación Oso Pardo», ajoute Aumente.

Bimeda est situé en pleine zone de passage des ours. Traditionnellement, les animaux de la zone de Trasmonte utilisaient ce chemin pour descendre au ruisseau et franchir les montagnes jusqu’à la zone de Carballo, voire Somiedo: les anciens du village se souviennent d’ailleurs avoir vu des ours de toute la vie, mais jamais aussi près des maisons.

La visite aujourd’hui s’est passée sans drame ni incident. Aucun dommage aux ruches ni aux enclos, au moins celles et ceux les plus proches du village. Cependant, pour les habitants du Sud-Ouest, et ceux de Cangas del Narcea en particulier, l’idée fait son chemin que les ours se rapprochent trop du village et qu’il est nécessaire de prendre des mesures pour éviter que, dans un avenir proche, quelque malheur ne survienne.

Auteur: Pepe Rodriguez
Source: La Nueva España - Diario Independiente de Asturias - 04.04.2013

Traduction: B. Besche-Commenge ASPAP/ADDIP