Le Monde des Pyrénées

Les prédations de l'ours en 2011 dans les Pyrénées

A partir des articles de presse et des informations que nous aurons pu recueillir, nous allons tenter de faire un inventaire des prédations de l'ours dans les Pyrénées au cours de l'année 2011.
En général, mais ce n'est pas une garantie, les prédations les plus importantes se trouvent au printemps et à l'automne.

- Départements des prédations en 2011

- Expertises et recommandations

- Informations diverses

"Empreinte ours" - Revue du Ministère de l'écologie

- Ariège

- Hautes-Pyrénées

- Un bélier tué sur sa couche à Camurac

Jeudi dernier Olivier Bedos exploitant agricole à Camurac à découvert la carcasse d'un bélier récemment acquis, sur le lieu de la couche du troupeau gardé par quatre patous. Après avoir retrouvé le bélier mort, Olivier se rend compte qu'une partie du troupeau à disparu, lorsqu'il retrouve les bêtes elles sont incontrôlables, stressées elles partent dans tous les sens. On retrouve alors deux brebis blessées présentant des griffures.

Depuis un mois c'est le troisième animal retrouvé mort aux alentours, les deux attaques précédentes se situent à Montaillou à quelques kilomètres de Camurac. D'après les gardes et vacataires de l'oncfs, il s'agit d'un grand "prédateur", quel autre grand prédateur et qui plus est carnivore pourrait être coupable de ces attaques sinon un ours. Balou est photographié, filmé, pisté par les agents du suivi de l'ours, il est sûr que cet ours vit sur ce territoire.

Il est donc surprenant que ces attaques ne soient pas admises par les équipes chargées d'établir les constats. On espère que ces dossiers seront finalement acceptés, mais aujourd'hui les éleveurs sont en colère, la réalité de la situation n'est pas reconnue par les autorités. Olivier Bedos nous dit "notre parole est mise en doute, notre travail aussi".

Version imprimable (pdf)

Commiqué de l'ASPAP du 17 juin 2011

- Biros. L'ours multiplie les attaques

"Huit jours d'estive, douze brebis tuées", c'est le bilan révélé par l'Association pour la sauvegarde du Patrimoine d'Ariège-Pyrénées, qui témoigne de nombreuses attaques d'ours en Biros.

La transhumance, dans cette petite région du Couserans, qui cumule de superbes paysages et une concentration d'ours remarquable, vient de débuter, et les attaques s'additionnent, à en croire l'association pour la sauvegarde du patrimoine en Ariège-Pyrénées: " deux attaques et huit bêtes tuées sur l'estive du Bentaillou, une attaque et deux bêtes tuées sur l'estive du pic de l'Har, idem sur l'estive de l'Arech ; soit au total, douze brebis tuées en huit jours d'estive ", récapitule l'association dans un communiqué de presse remis à notre rédaction.

"Nous avons la certitude qu'il s'agit d'attaques d'ours, et les techniciens du comité de suivi l'ont admis, et nous savons également qu'il y a plusieurs ours à l'origine de ces attaques, reprend Véronique Estrémé, de l'Aspap. Ces attaques sont quasiment simultanées, et le territoire concerné est vaste". Les éleveurs évoquent leur "ras-le-bol, leur lassitude et leur dégoût": "Ils travaillent dans ces montagnes pour qu'elles soient vivantes, dynamiques, accessibles, pour fabriquer des produits sains, de qualité", expose le communiqué de l'Aspap. Et Véronique Estrémé d'ajouter: "Nous n'élevons pas des moutons pour qu'ils nourrissent les ours".

Autre motif d'inquiétude pour les éleveurs, l'inefficacité des mesures de protection des troupeaux qui avaient été prises: "Tous les troupeaux attaqués étaient gardés, fait remarquer Véronique Estrémé. Mais les ours ont attaqué à la nuit tombée, ou au petit jour. Ni les bergers, ni leurs chiens Patous n'ont été capables de les chasser". Les éleveurs s'inquiètent enfin des conséquences, à long terme de ces attaques répétées: le stress provoque, en effet, des dégâts à long terme sur les troupeaux: des agneaux nouveaux-nés qui peuvent se laisser mourir de faim, des fausses couches fréquentes, notamment, explique l'Aspap.

Auteur: L.G
Source: La Dépêche du Midi du 17/06/2011

- Commentaire

Fin mai, Alain Reynes, Directeur de l'ADET-Pays de l'ours, se répandait sur tous les médias pour expliquer qu'il existait "une fenêtre favorable" pour introduire une ourse en Béarn au motif que la transhumance n'intervenait que à partir du 10 juin.

Tous les éleveurs connaissaient le ridicule de cette affirmation qui n'était que l'expression d'une ignorance autant que d'une incompétence manifeste de ce directeur d'association qui a toujours la prétention de "gérer" des introductions dans les Pyrénées

Cette même association et d'autres comme FERUS, le FIEP ou le WWF en partenariat actif avec la DREAL Midi-Pyrénées de répandent pour expliquer comment il faut garder et élever des brebis selon des principes de "bonne conduite". Parmi ces mesures il y a le gardiennage, la présence de chiens de protection et le regroupement nocturne. Tous les faits autant que les rapports un peu sérieux, non diligentés par des associations militantes, montrent que ces mesures sont inefficaces. L'ours fait ce qu'il veut quand il veut puisque de toute manière il n'a rien à craindre de l'homme en raison de sa totale protection.
Une fois encore, la preuve est faite dans le Biros. Le problème est donc: jusqu'à quand les services de l'état vont ils poursuivre dans l'erreur et la stupidité?

Certes, ces attaques sont moins importantes et moins mortelles que les attaques de loups dans les Alpes. Néanmoins, les conséquences directes et indirectes sur un troupeau sont assez considérables pour une exploitation qui reste une entreprise comme une autre. Un élevage de brebis n'existe pas pour la figuration et la carte postale. Tout éleveur doit faire face aux exigences d'un compte d'exploitation comme n'importe quel commerçant ou industriel. Or, les conséquences indirectes ne sont JAMAIS pris en considération ni indemnisées. Parmi ces conséquences nous pouvons noter le temps réel passé à la recherche des brebis égarées, des cadavres situés loin de la base des troupeaux, la non indemnisation des carcasses non retrouvées ou non identifiables après le passage des nombreux vautours, le stress provoqué sur les bêtes et les conséquences à terme comme fausses couches ou des agneaux nouveaux-nés qui peuvent se laisser mourir de faim.

Louis Dollo, le 17 juin 2011

- L'ours attaque en Pays Toy au pays du mouton de Barèges-Gavarnie

Alors que certains tiraient des plans pour introduire un autre prédateur, un ours attaquait les troupeaux au Pays Toy. Pour les éleveurs victimes du grand carnivore, la manifestation paloise pro-ours et le discours de Gérard Caussimont aux premières assises nationales de la biodiversité apparaissaient quelque peu décalé par rapport à la réalité du terrain.

Une première attaque sur le Montaigu de Betpouey
Le troupeau de Jean-Marc Souberbielle de Viella est situé au Montaigu au-dessus de Betpouey. Comme tous les week-end, il va rendre visite à ses 420 brebis barégeoises et les soigner si nécessaire. Des brebis de race rustique dont l'avenir est encore incertain et enregistrées à l'UPRA (Unité nationale de sélection et de Promotion de la Race). Surprise sur place: 2 brebis mortes et quelques autres manquantes. Sur place, les gardes du parc nationale font le constat: c'est l'ours.
Depuis 2000 o Néré avait croqué 17 brebis retrouvées, le traumatisme reste. "En mai, 5 à 6 brebis étaient mortes on se demandait pourquoi... Et il y a eu les vautours qui m'ont pris 2 agneaux et 2 au voisin" nous dit Jean-Marc. Puis la colère éclate: "On n'est jamais informé. Il y a un manque d'information. Est-ce que les gardes sont au courant? Quel ours? ça commence à bien faire". Et il explique: "Je les ai laissé là parce que elles sont bien. On a débroussaillé et l'herbe pousse bien. Normalement elles vont au Tourmalet".

La colère du maire de Betpouey
Coup dur pour ces éleveurs qui proposent à ceux de la plaine victimes de la sécheresse de venir en montagne, là o il y a de l'herbe. Pas très encourageant. Et le maire de Betpouey, Bernard Souberbielle, vice-président du Parc National est furieux. "ça me gonfle. ça fait rire les écolos. Que l'ADET vienne se le chercher, ils n'en ont pas à Arbas". Faut-il rappeler qu'Arbas, siège de l'association pro-ours, ADET, présidée par le conseiller régional Europe écologie -Les Verts, François Arcangéli, n'a connu l'ours qu'à l'occasion des lâchers. L'ours ne reste pas sur le territoire de la commune. "Facile de vouloir introduire des ours dans les Pyrénées quand on sait qu'il ne reste pas chez soi" nous dit Bernard Souberbielle.

Une autre attaque à Bachibirou
Bachebirou, une estive peu visible de celui qui remonte la vallée de Luz au col de Pierrefitte. Pour découvrir cette estive, il faut passer la crête du Bergons, basculer sur le versant de la vallée de Gédre-Gavarnie. C'est par là que passait certains gros matériels destinés à la station de pompage de Pragnères en passant la fenêtre du tunnel. Des colonnes de chars à beufs sont passés par là. Plus précisément des vaches probablement de race lourdais, une race pratiquement disparue aujourd'hui... Une perte de biodiversité dont personne ne parle et pourtant tout aussi emblématique que l'ours. Mais ce n'est pas une bête sauvage... Parce que les les écologistes ne sont intéressés que par la biodiversité sauvage... Et c'est sur cette estive que Thierry Lassay-les-Chateaux monte ses brebis comme avant lui sont père Laurent et encore avant ses grands parents.... et ceci depuis des siècles. Laurent nous raconte: "Je vais voir les bêtes tous les dimanches. Il manquait 10 bêtes. J'ai retrouvé 4 brebis. Le garde a dû en achever une. Il en manque encore 6 mais les vautours oint dû tout manger. ça s'est produit dans la semaine." Coup dur pour ce jeune éleveur qui a des réunionnaises enregistrées à l'Euphrate. Et ce ne sont pas les seules attaquées. Il y a eu aussi un bélier de Didier Pareille tué entre dimanche et lundi. Un autre appartenant à René Belladone de Vizirs. Jusqu'à quand l'ours aura-t-il faim?

Qui est cet ours?
Difficile à dire. Le fait est que jeudi dernier, à Bastaing et sur le Cabalistique il n'y avait plus de trace d'ours. Les éleveurs s'interrogeaient. Ou est-il? Et bien le voilà. Il est probable que ce soit celui qui se fait appeler "Cannelito", un ours mâle de 7 ans, fils de Cannelle tuée en vallée d'Aspe en 2004. Il faut donc s'attendre à d'autres prédations, ce qui rend le Conseiller Général, Jacques Béhague, "furieux". Et il précise: "Je suis déjà intervenu contre la réintroduction d'une ourse en Béarn. Il va falloir ré intervenir auprès du Ministère.... C'est vraiment pénible d'autant que ce sont des prédateurs qui nous sont imposés, qu'on nous a amené".

L'Etat ne tient pas ses engagements
On se souvient l'an dernier des conflits avec les gardes faisant des constats. Cette année, ces conflits n'existent pas. Du moins actuellement. Qu'il s'agisse des gardes du parc national venant de Cauterets pour constater des prédations non indemnisées de vautours sur le Hautacam ou des gardes du Pays Toy pour l'ours. Une évolution heureuse. Mais tout n'est pas rose pour autant. Les constats sont irréguliers. Les éleveurs ne disposent d'aucun double, aucune copie. Le fait avait été soulevé l'an dernier par l'ASPP 65. Son avocat avait écrit au Directeur du Parc National, Giles Perron. Des promesses avaient été faites. Dans les faits, rien n'a été fait. Strictement rien. Faudra-t-il engager des procédures judiciaires? Dans l'état actuel, c'est une option qui ne semble pas exclue. Encore un conflit, du seul fait de l'état ou du moins de ses représentants.
Et puis, depuis le 27 juillet 2010, l'état a d'autres obligations réunies dans l'article L 113-1 du Code Rural: "En conformité avec les dispositions des traités instituant la Communauté économique européenne, le Gouvernement, ….s'attache à: ….. Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l'ours dans les territoires exposés à ce risque".

Louis Dollo, le 15 juin 2011