Bilan des dommages d'ours sur le massif des Pyrénées françaises 2014
Aire de répartition et sites d’activités de l’ours brun dans les Pyrénées françaises - Période 2010 – 2014
- Le nombre d’ours et leur répartition
La discussion sur le nombre réel d’ours minima détectés est ouverte. Tous les médias se sont précipités sur le chiffre de 31 annoncé par des communiqués de presse d’associations environnementalistes alors que 29 aurait été plus juste en décomptant les morts et 24 plus probable et cohérent en retirant ceux qui, en 2014, n’ont pas été détectés. Soit un de moins qu’en 2013 alors que les espagnoles annonçaient une fourchette de 31 à 35 pour 2013. Où est la vérité?
A ce jour, nous n’avions pas encore le rapport sur l’aire de répartition et sites d’activités de l’ours dans les Pyrénées françaises. C’est chose faite… Il est à regretter de ne pas avoir le même travail sur le versant espagnol. La coopération serait-elle en panne? Pour ce qui est de la France, inutile de se noyer dans un gargarisme littéraire, il suffit de se rendre page 5, figure 1 "Evolution de l’aire de répartition quinquennale entre 2005 et 2014" pour se rendre compte que cette aire se réduit considérablement. Pourquoi?
Selon l’ONCFS, "l’aire de répartition quinquennale de l’espèce diminue entre 2013 et 2014 (-9.5%). Cette diminution est liée à la disparition progressive du noyau oriental (Est de l’Ariège, Aude et Pyrénées-Orientales) où seulement deux ours étaient présents sur le secteur jusqu’en 2011". L’art d’embrouiller les pistes… Car s’il n’y a plus d’ours depuis 2011, cela n’explique sûrement pas la baisse de 9.5% de 2013 à 2014. L’ONCFS estime qu’il y a eu une diminution de l’aire de 25% sans préciser de dates. Disons, pour être réaliste, une diminution de 50% de 2010 à 2014…. Tout ceci pour conclure que "l’évolution de l’aire de répartition n’est pas corrélée positivement avec la tendance démographique de la population" d’ours. A moins que la référence du nombre d’ours ne soit pas bonne comme vu plus haut.
- Le bilan des dommages d’ours en 2014
Comme chaque année, l’autosatisfaction d’une stagnation des prédations sera la version officielle. Les divers services de l’Etat sont satisfaits de voir 178 cadavres de bêtes mortes dans des conditions atroces, sans aucun respect de la sensibilité animale. Et aucun mot des conséquences sur le reste du troupeau et des incidences sociales et économiques (suivi génétique du troupeau).
En introduction de son bilan, la DREAL rappelle l’importance du pastoralisme sur la chaîne des Pyrénées. Une manière de laisser croire que le nombre de victimes est globalement acceptable. Tromperie habituelle et annuelle sur l’interprétation à faire. Si un rapprochement doit être fait entre le nombre de têtes de bétail et les nombre de bêtes tuées, il faut prendre uniquement les exploitations et le bétail concerné par les zones de prédation et non toutes les Pyrénées…. Et pourquoi pas toute la France. L’idéal serait d’ailleurs de prendre en considération l’ensemble des dégâts en France et Espagne tout comme il est pris le nombre d’ours minima détectés.
Il est facile de dire que "le nombre de dommages imputables à l’ours reste stable avec 178 animaux indemnisés". On ne parle évidemment pas de ceux qui ne sont pas indemnisés (non retrouvés… sauf cas exceptionnel) et des dossiers examinés en CIDO. D’ailleurs, dans ce cas, il n’est question que de dossiers et non de bêtes. Pourquoi? Et même si l’indemnisation est acceptée en CIDO, les bêtes ne sont pas rapportées aux dommages imputées. Et comme par hasard, depuis 2012, le nombre de dossiers progressent: 56 en 2012, 58 en 2013 et 74 en 2014…. Et toujours cette interrogation: Combien de bêtes?
Si la population d’ours est dynamique du fait de naissances chaque année, rien ne prouve qu’elle augmente. Malgré une coopération franco espagnole, la coordination ne semble pas vraiment évidente sur le nombre d’ours. Quant à l’aire de répartition et l’évolution des dégâts, tant que nous resterons dans le cadre d’un raisonnement franco-français pour une population de plantigrades qui ne connait pas les frontières, nous n’aurons jamais d’éléments d’appréciation cohérents. Ce qui n’est pas très grave puisque tout le monde sera comptant de voir le nombre d’ours augmenter les prédations stagnées… Une bonne manière de s’accommoder de chiffres politiquement corrects. Les éleveurs pyrénéens s’en accommoderont ils?
Une seule observation des bilans des 5 dernières années: Lorsqu’il n’y a plus d’ours sur un territoire, il n’y a plus de dégâts des troupeaux.
Louis Dollo, le 16 avril 2015