Le Monde des Pyrénées

Le dialogue ou l'abattoir - 2015

En janvier 2005 j'avais écrit que le Ministre Lepeltier avait signé l'arrêt de mort de l'ours en décidant autoritairement l'introduction de cinq spécimens étrangers. J'avais été ridiculisé par de nombreux pro-ours sur des listes de dialogue et forums. Aujourd'hui, André Etchelecou, Président du Conseil Scientifique du Parc National des Pyrénées, enfin consulté, ne dit pas mieux dans d'autres termes.

- Le dialogue ou "l'abattoir"

Réintroduction de l'Ours: Pour le comité scientifique du Parc national des Pyrénées, le plan ministériel ne sera viable que s'il est largement accepté. Le président André Etchelecou s'en explique

A la demande de l'ancien ministre de l'écologie, Serge Lepeltier, le comité scientifique du Parc national des Pyrénées a été appelé à donner son avis sur le programme de réintroduction de l'ours dans le massif. Depuis, Nelly Olin a pris le maroquin et annoncé que cinq ours femelles slovènes seraient introduites dans les Pyrénées à partir du printemps 2006 (lire Sud Ouest de jeudi et vendredi derniers). Elle avait déjà pu prendre connaissance de l'avis du comité scientifique tombé à la fin du mois de juin. Ce report de calendrier "ne change rien sur le fond. C'est reculer pour mieux sauter", explique André Etchelecou, président du comité et par ailleurs universitaire à Pau, spécialisé dans l'aménagement du territoire.
Dans son rapport, celui-ci ne s'oppose pas au plan de réintroduction. "Depuis plus de 30 ans, la cohabitation ours-bergers a été rendue possible grâce aux actions de concertation" est-il noté, avant que ne soit dressé un constat d'échec. La mort de Cannelle le 1er novembre dernier a signé l'arrêt de mort de la lignée pyrénéenne. Un bilan qu'André Etchelecou qualifie à titre personnel de "minable".

- Echec sur toute la ligne.

En cause, "les tirs, accidentels ou non, les empoisonnements..." qui, au fil des trois dernières décennies, ont réduit la population ursine à peau de chagrin. "Il y a 25 ans, il y avait 17 ou 18 ours bruns. En abattant alors trois ou quatre femelles, c'était forcément une catastrophe. Il aurait fallu prendre des mesures qui n'auraient sans doute pas tout empêché mais qui auraient peut-être permis de limiter les dégâts". Il se souvient de l'instauration de zones de non-chasse, les "réserves Lalonde", qui n'ont jamais été "acceptées et respectées. Cela m'a personnellement valu sept pneus crevés", soupire André Etchelecou.
Quant à la création de l'IPHB, l'Institution patrimoniale du Haut-Béarn, elle est pour lui un échec: "l'Etat lui a délégué son pouvoir de protection des ours, en lui accordant beaucoup d'argent pour le résultat que l'on connaît."
Si de nouvelles ourses doivent être parachutées, le comité scientifique pense que certaines conditions doivent être remplies pour éviter de nouveaux déboires. "On insiste beaucoup sur l'acceptation sociale du projet. Sans l'aval des populations concernées - bergers, chasseurs - on condamne ces ourses à mort. Elles se feront abattre ou empoisonnées".
André Etchelecou note que certaines communes de Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées ou Ariège avaient délibéré en faveur de la réintroduction: "Ici, en Béarn, la pression est énorme. Une ou deux communes, en vallée d'Aspe notamment, ne seraient pas forcément hostiles mais elles ne se font pas entendre."

- Ethique.

Le comité scientifique du PNP pose d'autres conditions qui portent en germe autant de questions. De bon sens d'abord avec la diversité génétique pour éviter à terme toute consanguinité, ou l'instauration de zones refuges "sans battue en cas de présence de femelle suitée". D'équilibre ensuite, en prenant en compte les autres usagers de la montagne, comme les chasseurs et les bergers, sans l'adhésion desquels toute réintroduction sera impossible. Question d'éthique scientifique enfin en défendant "le respect de l'état sauvage des ours".
Le comité estime ainsi qu'"il est essentiel de ne pas envisager de dispositions qui pourraient induire des modifications comportementales des ours, notamment en évitant toute forme artificielle de nourrissage et d'éviter les suivis télémétriques".
En clair, un ours sauvage n'est pas un ours qu'on suit à la trace, sauf à "vouloir le parquer dans un immense zoo que seraient les Pyrénées". Le président du comité scientifique interroge les pouvoirs publics: "La souche pyrénéenne étant éteinte, la question de la biodiversité ne se pose plus. Pourquoi réintroduire des ours qui ne sont pas, à l'échelle de l'Europe, menacés de disparition? En quoi et pour qui, est-ce indispensable?". Sans réponse claire, cohérente et partagée, André Etchelecou doute du succès de toute réintroduction.

Auteur: Anne-Marie Siméon
Source: Sud-Ouest du 26 juillet 2005

- Commentaires

Les propose d'André Etchelecou, s'ils sont bien rendus par les médis, apparaissent souvent contradictoires

Ces deux points sont assez proches des fantasmes et délires fumeux et intellectuels de l'ADET, FERUS et autres organismes pompeux qui doivent supporter le poids de l'échec du dialogue, de la compréhension et de la cohabitation.

Il est un peu normal qu'André Etchélécou tienne se discours puisqu'il est issu de ce milieu.

Par contre sa conclusion est tout à fait exact. En poussant le raisonnement il aurait pu critiquer son ancien Ministre de l'écologie d'avoir pris une décision autoritaire sans consultation et concertation, uniquement dans un but politique et dogmatique épousant, là aussi la thèse pro-ours de l'ADET et FERUS qui constitue un échec évident de la cohésion sociale pyrénéenne.

En conclusion, il semble bien que, plus nous avançons dans la connaissance des divers rapports, plus nous sentons que nous nous rapprochons d'un abandon d'introduction de 5 ours. Peut-être 2 ou 3 en Béarn si le dialogue renaît avec l'IPHB, si non RIEN!

Néanmoins, à suivre. Tout peut évoluer...