Qui était l'artiste? Quel était le prix? Pas de facture? Normal, c'était un don. Mais comment est venue cette estimation de 20.000 euros devant le tribunal? Pas de devis pour en refaire une autre...
Voici donc cette histoire (ou une histoire) issue de plusieurs témoignages de personnes d'Arbas et de Héran (commune voisine) qui suivaient les coupes de bois comme ils suivent tout ce qui se passe chez eux... parfois chez le voisin.
A l'origine, c'était un arbre parmi d'autres destiné à la cellulose (usine de Saint-Gaudens) sorti d'une coupe faite sur la commune d'Arabas ou une commune voisine. Le problème est que l'arbre était "clouc" et la cellulose n'en a pas voulu. "On l'a donc utilisé pour l'ours". Mais tous les connaisseurs du bois savaient que son avenir était limité.
Sur la place du village, l'arbre "clouc", que les industriels n'ont pas voulu, a continué à moisir et pourrir. Mais le scandale arrivé. Au lieu de mourir de sa "belle mort" des vilains méchants incendiaires sont arrivés en hordes depuis les profondes vallées ariégeoises. Ils ont sorti l'ours en bois de son socle et là, le drame se produisit: il s'éclata en deux.
Ours, symbole sans valeur du village d'Arbas et des pro-ours, déjà détérioré par le temps et l'âge, y mettre le feu était un autre symbole. Mais la bête résista. Il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois, l'arroser plusieurs fois de gas-oil, rallumer plusieurs fois avant qu'enfin il se décide à brûler.
Arbas cultive l'adoration de l'ours mais pas celui du feu comme un autre peuple de montagne, celui des Andes. Personne pour se prosterner devant le spectacle. Juste le rituel de ceux qui ne veulent pas d'ours dans les Pyrénées. Un autre rituel que celui communément accepté à Arbas.
Un autre ours, fait par un artiste béarnais, est proposé en remplacement de celui détruit. Certes, il ne sera pas en or pour magnifier l'adoration. Il est aussi en bois. Mais un bois choisi qui devrait durer un certain temps et qui, parce qu'il est plus sec, plus sains, pourrait brûler plus facilement.