- Situation de l'ours au Japon
- L'ours noir adoré mais abattu
- L'ours noir du Japon "face à l'extinction"
- Rallye automobile, oui mais pas de randonneurs
- Au Japon, l'ours noir adoré mais abattu
"Des ours peuvent apparaître. Faites attention!" Le long d'une route de montagne au paysage somptueux menant à Maruta, un hameau de vingt maisons isolées à la lisière d'une forêt de la préfecture de Yamanashi (à deux heures au nord-ouest de Tokyo), des panneaux rongés par la rouille mettent en garde les passants contre les ours rôdant aux alentours. A Maruta, on s'est depuis longtemps habitués à vivre non pas avec les ours mais avec l'idée qu'ils vivent tout près. Ici, le kuro kuma (ours noir de 50 à 80 kilos), descendant d'un illustre lignage d'Asie, fait partie du décor. "Quand j'étais enfant, la maîtresse d'école répétait qu'il fallait faire attention aux ours. Sur le chemin de l'école, on agitait une clochette pour leur faire peur, se rappelle Kobayashi-san, née à Maruta il y a quarante-six ans. Aujourd'hui, on dit qu'ils sont moins nombreux." L'un de ses voisins, Hashimoto-san, un ouvrier de 52 ans au visage cireux, n'avait jamais vu d'ours jusqu'en juin dernier, quand, parti un dimanche à l'aube ramasser des légumes et des fruits des bois, il s'est retrouvé aux abords d'un chemin à quelques enjambées d'un imposant ours noir. "J'ai eu très peur, il était massif, plus d'un mètre à terre, armé de grosses griffes, témoigne Hashimoto-san. Je ne sais pas lequel des deux a eu le plus peur. J'ai chuté avant de fuir en courant."
Rencontres. "Nous recevons sans cesse des rapports de témoins ayant vu un ours, dit Shigeru Omata, attaché à l'environnement à la mairie d'Otsuki. Ce sont des rencontres, pas des accidents." Omata-san, 45 ans, est une figure parmi les petites gens du coin. C'est l'homme qui a vu l'ours! "Dès que quelqu'un tombe sur un ours, c'est moi qu'on appelle, dit-il fièrement. Si l'ours pose un risque, je décide des mesures à prendre." "En général, dit Katsuo Sato, un de ses collègues, l'ours est attrapé. Avant, certains étaient tués. Plus maintenant." Le 30 avril dernier, à Maruta, d'ordinaire visité par des singes, des renards et des sangliers affamés, le sang de Noriko Hashimoto, 56 ans, n'a fait qu'un tour quand elle s'est retrouvée dans son jardin nez à museau avec un ourson brun égaré. Les services municipaux sont accourus. Le mammifère a été anesthésié et emmené dans un centre spécialisé pour animaux de la forêt. Si Noriko Hashimoto a depuis quitté le village, l'ours est resté en cage. Condamné à la captivité. Peut-être au zoo... "Il est peu probable qu'on le relâche, dit Takahiro Hamanaka, de la division Midori (verte) à la préfecture de Yamanashi. Il s'est habitué à l'homme et à recevoir ses rations de nourriture journalières. S'il regagnait la forêt, il ne survivrait peut-être pas au sein d'un groupe estimé dans notre commune à 400 ours.
"Ces dernières années, malgré la chasse intense et la traque de braconniers, la population d'ours noirs a progressé dans les vallées de Yamanashi. D'après Kazuhiko Maïta, 55 ans, biologiste et expert reconnu de l'ours brun (il le trace en forêt depuis trente ans), fondateur (en 2001 à Hiroshima) de l'Institut de préservation et de recherche sur l'ours noir d'Asie, "les ours sont en voie d'extinction dans l'ouest et le sud du Japon, à Kyushyu et à Shikoku. Mais leur population croît au nord, à Hokkaido, dans le Kanto et le Tohoku." D'après son estimation "optimiste", le Japon abriterait près de 30 000 ours noirs, reconnaissables à leur tâche blanche en croissant de lune autour du cou.
Descentes. Ces derniers mois, les ours sont descendus des montagnes pour venir se nourrir dans les fermes et villages, pillant et détruisant sur leur passage ruches de miel, récoltes, champs, vergers et potagers. Deux raisons à cette dispute du territoire. "L'été très chaud a asséché les forêts et abîmé les fruits des bois, mûres, châtaignes, merises, devenus rares ou inconsommables, explique Kazuhiko Maïta. Puis les dizaines de typhons qui ont balayé le Japon en juin, septembre et octobre ont détruit des pans de forêt où se terraient les ours. Après leur hibernation, ils sont allés chercher de la nourriture là où il y en avait: chez l'homme." Pour Toshiki Aoi, professeur de sciences de la terre à l'université d'Iwate, les ours, de nature timide, évitent les bois trop denses et sombres et "fuient des forêts longtemps négligées par l'homme".
Le bilan n'a jamais été aussi lourd: 90 attaques d'ours sur des humains (dont une mortelle) ont eu lieu depuis avril dans les fiefs de Toyama, Ishikawa, Fukui et Hokuriku. Un combat bien sûr inégal: 258 ours ont été abattus. Comme celui qui, fin juin, près d'Hiroshima, s'était immiscé dans l'usine d'un équipementier automobile et avait attaqué et grièvement blessé un jeune employé. Kazuhiko Maïta relativise. "Au Japon, on a toujours tué des ours. Depuis quarante ans, on en tue 1.000 à 2.000 par an en moyenne." Une situation dénoncée par le WWF, Greenpeace Japan, le Japan Wildlife Research Center ou le Japan Bear Network (JBN). "En 2003, ajoute Maïta-san, 2.000 ours ont été tués. Environ 3.000 cette année. Rien qu'à Hiroshima où j'habite, 150 ours ont été abattus cette année. Dans ma région, l'espèce s'éteint. J'en suis très attristé. J'ai demandé maintes fois aux chasseurs de ne pas les tuer. Si les ours viennent à nous, il faut les attraper et les relâcher en montagne. Depuis 1990, c'est ce que j'ai fait 67 fois!"
Quota. Inquiet, le ministère en charge des Forêts a envoyé une missive aux régions leur priant d'étudier leurs ours de près et de collecter un maximum de données afin de réfléchir aux meilleures "contre-mesures." Lesquelles? Suffiront-elle? A Yamanashi, pendant la saison de la chasse (du 15 novembre au 15 février), les 3.000 chasseurs de la région ont le droit d'abattre 40 ours noirs pas un de plus. Ailleurs, dans les contrées retirées de l'ouest et du nord du pays, l'ours est tué pour sa viande grasse, très appréciée. "Au Japon, on mange l'ours en ragoût ou en yakiniku (grillé)", indique Takahiro Hamanaka. Dans l'Archipel, la paix avec l'ours noir des montagnes attend encore son heure.
Par Michel Temman
Maruta envoyé spécial
Source: Libération du jeudi 30 décembre 2004
- Japan's black bears "face extinction" / L'ours noir du Japon "face à l'extinction"
Conservationists warned today that Japan's population of Asiatic black bears faces extinction following a record number of killings of bears that strayed into towns and villages in
search of food.
Between April and November last year 4,251 black bears - between 30 and 50% of the total population - were killed because they were considered a threat to human safety and crops,
the environment ministry said.
The cull has prompted the ministry to urge hunters to show restraint amid fears that the population has reached dangerously low levels.
Experts say a meagre supply of acorns and other nuts last autumn drove an unusually large number of Japan's black bears into populated areas to forage for food. The previous year
an abundant crop prompted a rise in the number of bear cubs, leaving adults with more young mouths to feed.
"Bears need to stock up on food before they hibernate in the winter, which is one of the main reasons why so many have been spotted in towns and villages," Makoto Asano of the
Japan Bear Network told the Guardian.
Experts also believe that a decline in the number of hunters - from about half a million in the 1970s to about 150,000 in 2005 - means that bears no longer associate humans with danger.
The bears, which can grow up to 1.5m (5 ft) in height and weigh up to 100kg (220 lbs), have killed three people and injured 136 others, leaving officials unsure about how to strike a balance between conservation and public safety.
Hunting "dangerous" bears is legal, and locally set limits on the size of the cull carry no legal weight and are routinely ignored.
Sports hunters who at this time of the year would normally head to the mountains say there are not enough bears left in some areas to warrant an organised hunt.
"We killed too many bears that were thought to be harmful over the past year," Hideki Koumo, a member of a hunting association in Niigata prefecture told the Yomiuri Shimbun newspaper. "I don't think there are any bears left in these mountains."
Mr Asano, an assistant professor at Gifu University, said deforestation and an ageing rural human population were also to blame.
"In the past villagers grew crops on nearby foothills, but now their number has dwindled and those areas have become the bears' territory," he said. "It means that bears and humans are physically closer than ever."
Sports hunters prize the black bear for the bile from its gall bladder, which is used in traditional Chinese medicine.
The government has asked hunters not to kill for sport this spring to give the bear population time to recover, but few believe the measure will have much impact. Bears reproductive cycles are slower than those of many other wild animals, with females giving birth to only one or two cubs every two to three years.
The last nationwide survey, conducted in 1991, put the number of bears at between 8,400 and 12,600, but some conservationists believe the total was closer to 15,000.
Mr Asano believes that as long as the destruction of the bears' deciduous mountain forest habitat also continues, humans will have to get used to having them as close neighbours.
"The policy must be not to kill the bears but to improve their natural habitat and encourage them to return deeper into the mountains," he said.
"But reports of attacks on humans have led people to believe that bears are a threat and should be destroyed. If that attitude persists then extinction can't be too far away." [Ndr: Mais les rapports des attaques sur des humains ont mené des personnes à croire que les ours sont une menace et devraient être détruits. Si cette attitude persiste alors l'extinction est proche]
Justin McCurry in Tokyo
Monday January 8, 2007
Guardian Unlimited
- Rallye automobile, oui mais pas de randonneurs
Une vidéo automobile à visionner
Allez a 15 minutes et 30 secondes et regardez la vidéo
Phénomène étonnant d'un rallye automobile qui traverse une zone à ours au Japon interdite aux randonneurs pour raisons de sécurité liè aux ours.
Voulons-nous la même chose à moyen terme dans les Pyrénées?