- Ours: un bras armé pour confisquer les territoires
Pour sa première réunion publique, Sébastien Uthurriague, maire de Larrau, a fait fort mardi soir. Tout le village était là ou presque pour évoquer l'ours. Avec du lourd à la table des interventions: Philippe Lacube, de l'Addip (1), Jean-Baptiste Larzabal de l'Aspp 65 (2), Bruno Besche Commenge et Magali Boniface de l'Aspa (3) et les locaux de l'étape Madé Maylin et Philippe Lahourcade du Comité de défense contre la réintroduction de l'ours. Tous, on l'aura compris, farouches militants de la lutte contre cette réintroduction.
"L'annonce de la réintroduction de deux ours en avril prochain en Béarn a été faite hier soir", a justement lancé Philippe Lacube, en reprenant les propos tenus par Jean Lassalle la veille à Buzy. Sébastien Uthurriague a replacé le débat sous le signe de la défense des intérêts des montagnards. "La charte de développement de la montagne basque a été mise en place pour faire passer Natura 2000", a-t-il répété.
"Toutes ces politiques, Natura 2000 et sa directive habitats n'ont qu'un but dont l'ours est le bras armé: confisquer nos territoires", a estimé Philippe Lacube, en rappelant que les 10 à 13 ours qui circulaient en Ariège ont commis 500 dégâts en 2006.
"Nous sommes allés voir ailleurs. Partout où il y a l'ours, l'élevage est moribond ou a disparu. Ca ne marche pas", a-t-il insisté. "Ils n'ont qu'une idée: "ensauvager" les Pyrénées de l'Atlantique à la Méditerranée", en a-t-il conclu.
"L'ours est le plus grand carnivore. Il lui faut au moins 50 % de viande", a ajouté Jean-Baptiste Larzabal pour aller contre une autre idée reçue.
Les bergers trahis
Pour Madé Maylin, ces réintroductions ne sont que le résultat de politiques définies longtemps à l'avance. "Ils ont dit Je laisse faire les tunnels du Puymorens et du Somport et, en échange, vous allez laisser faire la réintroduction de l'ours." Les deux ours qui arrivent, c'est tout simplement le paiement de ces engagements pris en 1992", a-t-elle estimé. "Le mensonge qui a été fait aux bergers est impardonnable", a-t-elle dénoncé.
Pour elle et pour Philippe Lahourcade qui estime que deux ours en Béarn, "ce sera le carnage", l'heure est donc à la mobilisation. "Vous êtes venus manifester avec nous. Nous viendrons vous soutenir si vous nous le demandez", a promis Philippe Lacube.
Ariégeois, Bigourdans, Béarnais et Basques commenceront par interpeller les candidats aux futures élections régionales sur ce sujet à nouveau brûlant semble-t-il.
1) Association pour le développement durable de l'identité pyrénéenne;
2) Association de sauvegarde du patrimoine pyrénéen 65;
3) Association de sauvegarde du patrimoine Ariége-Pyrénées.
Auteur: Marcel Bedaxagar
Source: Sud-Ouest du 26 novembre 2009