- Piège ou pas?
- Les faits enfin reconstitués
- Reconstitution de l'abattage de Cannelle (France 3 Aquitaine)
- Quatre heures de reconstitution
- Un face à face sous tension
- Deux scénarios s'opposent
- Retour sur les lieux
- Piégée ou pas?
La reconstitution de la mort de l'ourse Cannelle se déroule aujourd'hui à Urdos, en vallée d'Aspe, sur les lieux mêmes où le plantigrade a été abattu le 1er novembre 2004
Il devrait y avoir du monde aujourd'hui au Pas de l'ours, sur les hauteurs du Rouglan (1), à Urdos. Le juge d'instruction palois, Jean-Luc Puyo, organise en effet
la reconstitution de la mort de l'ourse Cannelle.
René Marquèze, le chasseur poursuivi pour "destruction d'espèce protégée", va devoir repréciser le déroulé des événements; et refaire un à un tous les gestes qui l'ont amené à
commettre l'irréparable. Une confrontation de sa version à la configuration des lieux dont toutes les parties au procès attendent beaucoup.
A commencer par le prévenu et son avocat, Me Sagardoytho. Tous deux défendent la thèse de "l'état d'extrême nécessité" pour justifier le coup de feu mortel. Ils espèrent donc que
cet acte d'instruction débouchera sur un non lieu (lire SO du 1er novembre).
- Pléthore de parties civiles.
Mais ils seront nombreux dès aujourd'hui à leur porter la contradiction. Une vingtaine d'associations et d'organismes se sont constitués parties civiles. Citons, entre autres, le
FIEP (Fonds d'intervention éco-pastorale), France-Nature-Environnement, tous deux représentés par Me Jean-François Blanco, ou encore la Sepanso, représentée par Me François Ruffié,
du barreau de Libourne. A noter également la présence de la SPA, de la fondation Brigitte-Bardot, etc.
En revanche, la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques ne s'est pas constituée partie civile. Elle estime qu'en l'état du dossier, rien ne permet de mettre en doute la
version du chasseur. Celui-ci était, peu de temps avant les faits, président de la société de chasse d'Urdos. Et, en ce 1er novembre 2004, il était accompagné de cinq chasseurs
dont le nouveau président de ladite société. Me Sagardoytho s'empresse d'ailleurs de souligner "qu'aucune infraction de chasse n'a été relevée".
Ce n'est pas tout à fait l'avis de Me Blanco. Pour lui, "la destruction d'une espèce protégée est en soi une infraction". Son fondement tiendrait "dans la présence des chasseurs
dans cette zone répertoriée comme refuge de l'ours depuis des temps immémoriaux. Les chasseurs ne pouvaient pas l'ignorer. L'endroit s'appelle d'ailleurs le Pas de l'ours."
- "Cannelle gênait..."
Me Blanco s'appuie en outre sur les déclarations du garde du Parc national qui avait rencontré, quelques jours avant le drame, René Marquèze et le président de l'ACCA d'Urdos.
Il leur avait signifié la présence de Cannelle et de l'ourson. Ces derniers l'avaient remercié pour cette information, mais en glissant que cela ne les arrêterait pas, évoquant
même clairement l'hypothèse d'un destin funeste pour l'ourse...
Si Me Blanco se refuse "à tout procès d'intention" et n'envisage pas de plaider la volonté délibérée de chasser le plantigrade, il voit dans cette petite phrase la preuve
que "Cannelle gênait les chasseurs dans l'exercice de leur passion".
Il attend la reconstitution pour se forger une opinion définitive, mais il ne cache pas que pour lui, "il s'agit de vérifier que Cannelle et son ourson ont été pris au piège". Car,
explique-t-il, "de l'avis des naturalistes et des constatations qu'ils font sur le terrain, l'ours fuit toujours l'homme. La version de René Marquèze est incompréhensible sur le
plan comportemental ursin".
Enfin, lorsque Me Sagardoytho avance qu'aucun texte réglementaire n'interdisait la chasse en ces lieux, Me Blanco réplique: "Juridiquement, lorsqu'une espèce est protégée, son
biotope l'est aussi. Le recours à un acte réglementaire n'est pas nécessaire. Il avait d'ailleurs été abandonné après la création en 1992 des zones Lalonde qui étaient contestées
par les chasseurs. Il avait été décidé de privilégier la contractualisation en associant tout le monde, des ours étaient communiqués. La veille de la mort de Cannelle, les
chasseurs d'Urdos comme les autres avaient été informés de sa présence". Autant de points qui devraient être âprement débattus au Pas de l'ours aujourd'hui.
(1) Le procureur Erick Maurel ne sera pas présent mais le parquet de Pau sera doublement représenté par la vice-procureur, Marie-Noëlle Jaffart et par la substitut, Melle Caroline Gaussens. Elles monteront sur les lieux en hélicoptère de la gendarmerie comme le juge d'instruction et son greffier. Le prévenu, son avocat et toutes les parties civiles devront gagner le site à pied.
Auteur: Anne-Marie Siméon
Source: Sud-Ouest du 8 novembre 2005
- Les faits enfin reconstitués
Mort de Cannelle. Pourquoi les chasseurs ont-ils croisé l'ourse près d'Urdos, en haute vallée d'Aspe, le 1er novembre 2004? C'est l'une des clés de l'instruction
En vallée d'Aspe, ce matin du 1er novembre 2004, ils sont six chasseurs de la société locale d'Urdos à grimper en montagne pour une partie au sanglier. A la mi-journée, dans le
secteur du Rouglan, René Marquèze, 68 ans, allait tuer Cannelle, la dernière ourse béarnaise. Dans la foulée, une information judiciaire est ouverte pour destruction d'espèce
protégée.
Les enquêteurs de la brigade de recherches d'Oloron ont mené leurs auditions.
Mais l'instruction de l'affaire, confiée au juge Puyo, n'est toujours pas bouclée. L'avocat du chasseur mis en examen espère un non-lieu. Selon lui, aucun acte de chasse illicite
ne peut être reproché à son client. Mais pourquoi, dans ce secteur où avait été signalée la présence de l'ourse, les fusils ont-ils parlé ce jour-là?
- Naissance de l'ourson.
Retour au 1er septembre 2004. La France entière apprend la naissance d'un ourson dans la montagne de Cette-Eygun. Les images réalisées par un garde du Parc national des Pyrénées
font le tour des journaux télévisés. En Béarn, tous les partenaires, engagés par ailleurs dans l'évaluation de la population d'ours, veulent protéger l'animal. On croise de nouveau
à la table de l'IPHB (1) le
patron des chasseurs, Bernard Placé (2). A la mi-octobre, des chasses sont même annulées ou reconsidérées pour respecter la tranquillité du territoire.
C'est aussi l'époque où enfle une rumeur. Deux chasseurs auraient été attaqués par un ours au-dessus de Laruns. Info ou intox? Toujours est-il que la pression monte. Dans le même
temps, les Aspois notent un regain d'intérêt pour la randonnée, entre Etsaut et Urdos. Difficile d'affirmer aujourd'hui encore si la probabilité de voir l'ourson a alimenté le phénomène.
Mais les chasseurs s'en agacent. Pour eux, pas de doute: le flux de curieux a poussé Cannelle à se déplacer. Jusqu'à se retrouver à une altitude où personne ne l'attendait.
C'est l'avis de Bernard Placé: "Je l'ai toujours affirmé, et personne ne m'a jamais contredit. L'ourson est né dans une zone protégée. La curée médiatique qui a suivi a fait qu'il a
été dérangé!"
- L'envie de chasser.
Pour le pont du 1er novembre, à Urdos, l'envie de chasser devient la plus forte. Les premières neiges condamnent les zones les plus hautes. Les six chasseurs disposent de deux
autres secteurs, plus bas. Ils se rendent ainsi entre le fort du Portalet et le village d'Urdos, à 1.100 mètres. Ce matin de Toussaint, ils y tuent un chevreuil et y cassent la
croûte.
Selon leur témoignage, c'est dans cette zone que Cannelle déboule une première fois. Elle charge le chien du traqueur. Un premier coup de feu est tiré en l'air. L'homme croit être
sorti d'affaire. Mais Cannelle le suit. Une nouvelle détonation la fait détaler. Un peu plus haut, vers le Rouglan, René Marquèze a entendu les coups de feu. Il s'attend à voir
surgir un sanglier. Il tombe sur l'ourse.
Les arguments des protecteurs de la nature mettent en pièces cette version. Selon eux, le déplacement de Cannelle et de son ourson est logique. Elle a tout simplement recherché de
nouvelles sources d'alimentation. Il s'est, en effet, écoulé deux mois entre le moment où elle est filmée au milieu des framboisiers et le jour de sa mort.
- Prise de risque.
Selon les écologistes, les chasseurs ont, en toute conscience, pris un énorme risque en chassant du côté du Rouglan. Ils ne pouvaient pas ignorer que l'ourse organisait sa vie sur
ce flanc est de la vallée d'Aspe. Dans cet espace, plusieurs dégâts d'ours imputés à Cannelle sont connus de tous depuis la fin d'août.
Le 30 octobre, des traces fraîches de Cannelle et de l'ourson sont de nouveau identifiées, à quelques jets de pierre du Rouglan. Le directeur de l'
IPHB est prévenu le lendemain matin, 31
octobre. Selon la procédure d'alerte, la fédération de chasse est à son tour contactée. Le relais est également assuré auprès des sociétés de chasse d'Etsaut et d'Urdos.
Le lendemain, 1er novembre, la dépouille de Cannelle est transportée par hélicoptère à l'école vétérinaire de Toulouse.
(1) L'institution patrimoniale du haut Béarn.
(2) Jean Saint-Josse avait claqué la porte de l'institution.
Auteur: Patrice Sanchez
Source: Sud-Ouest du 8 novembre 2005
- Reconstitution de l'abattage de Cannelle
Le 1er novembre 2004, sur les hauteurs d'Urdos, un chasseur a ôté la vie à Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne. La nouvelle annoncée, les défenseurs et les montagnards, attristés, voulaient savoir les circonstances de la mort. Les chasseurs étaient plus discrets. La présence des ours dans les estives est diversement appréciée.
- La reconstitution doit apporter des réponses.
Une instruction a été ouverte après le décès de Cannelle, pour destruction d'espèce protégée.
Plutôt que les circonstances exactes de l'abattage de Cannelle, l'instruction s'intéresse aussi à la présence de six chasseurs, dans ces lieux, alors que le site avait été
répertorié comme territoire de déplacement de l'ourse et de son ourson auprés des sociétés de chasse.
Les gendarmes ont donc mené une enquête sur les circonstances, les
protagonistes, les lieux, mais l'instruction menée par un juge du Tribunal de Pau, n'est toujours pas close. En septembre 2004, des images font le tour du monde des télévisions, un
garde forestier a filmé les premiers pas dans les prairie pyrénéenne de l'ourson de Cannelle. Le plantigrade est une victoire pour les défenseurs de la présence des ours dans les
Pyrénées, des réunions ont lieu pour prévenir des risques que la présence de l'homme pourrait provoquer sur le territoire de la mère et de sa progéniture. Toutes les parties
avaient convenu, les chasseurs aussi, de ne pas pénétrer dans ce territoire afin d'éviter de déranger les ours. Mais la pression montent sur les flancs des Pyrénées, deux chasseurs
auraient été attaqués par des ours au-dessus de Laruns.
Dans le même temps, les randonneurs se font de plus en plus nombreux dans l'Aspois, en quête d'une hypothétique vue de la mère et de son ourson. La version des chasseurs s'appuie
sur cet engouement soudain, Cannelle aurait changé de territoire, préférant pour la quiétude de son ourson,une altitude plus élevée.
Altitude à laquelle personne ne l'attendait.
Les six chasseurs, en progressant vers les hauteurs d'Urdos, ne semblaient pas s'attendre à croiser le chemin de l'ourse. En ce pont du 1er novembre, l'envie de chasser est plus
forte, tous filent sur les versants entre le Fort du Pourtalet et Urdos, à une altitude assez basse, les neiges ont commencé à tomber sur les hauteurs. lls tuent un chevreuil,
à 1.100 mètres, ils cassent la croûte, un premier coup de feu retentit. Il est donné pour chasser Cannelle qui vient de débouler sur le chien d'un traqueur, mais Cannelle est
tenace, elle suit le chasseur et les chiens. Un second coup de feu tiré en l'air doit la faire déguerpir du territoire de chasse. Vers le Rouglan, René Marquèze a bien entendu les
coups de feu, mais il pense voir débouler un sanglier. Cannelle surgit, il tire et tue l'animal. Cette thèse ne tient pas pour les écologistes, deux mois se sont écoulés entre les
premières images de Cannelle et de son ourson dans les framboisiers, logiquement elle s'est déplacée, la même logique permet de la situer sur le site du Rouglan. Alors la présence
des chasseurs sur ce lieu est pour les écologistes, intentionnelle. Des indices avaient été relevés à proximité du Rouglan, l'Institut de Protection du Haut-Béarn était sur les
lieux la veille de la mort de Cannelle, à quelques centaines de mètres du Rouglan, les comités de chasse, dont celle d'Etsot et d'Urdos, avaient la même information au même moment.
Donc la présence des chasseurs se trouve contestable dans le massif, à proximité du Rouglan.
Auteur: Bertrand Lerossignol
Source: France 3 Aquitaine - Publié le 08/11 à 16:54
- Quatre heures de reconstitution pour la mort de l'ourse Cannelle
Le juge d'instruction Jean-Luc Puyo a procédé mardi pendant environ quatre heures à la reconstitution de la mort de l'ourse Cannelle, abattue il y a un an par un chasseur en vallée
d'Aspe, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Durant cette reconstitution, qui se tenait dans un lieu très escarpé sur la commune d'Urdos, un gendarme a été blessé aux jambes
par la chute d'un rocher, selon la même source, précisant que l'homme avait dû être évacué en hélicoptère.
La reconstitution a eu lieu au-dessus du village d'Urdos, à plus de 1.200 mètres d'altitude, dans une zone bouclée par la gendarmerie, là où a été tuée l'ourse Cannelle, le 1er
novembre 2004. De retour des lieux, Jean-François Blanco, l'avocat du Fiep,
une association de défense de la nature, partie civile dans cette affaire, a contesté devant la presse la version du chasseur, René Marqueze, 63 ans, mis en examen pour
destruction d'espèce protégée. Il a notamment affirmé que le chasseur, contrairement à ce que ce dernier soutient, avait la possibilité de fuir.
A l'issue de la reconstitution, René Marqueze s'est déclaré "content" d'avoir pu s'expliquer.
Source: AFP 8 novembre 2005 - 16h12
- Un face-à-face sous tension
Vallée d'Aspe. - Pendant quatre heures, les chasseurs, dont René Marquèze, ont dû subir une volée de questions, venant notamment des parties civiles
Quand la date de la reconstitution a été choisie voici plusieurs semaines, le seul enjeu était de retrouver les lieux dans un état similaire à celui du 1er novembre 2004. La
météo a finalement été du côté de la justice et à 24 heures près, il en aurait été tout autrement, la neige étant prévue pour aujourd'hui. "Une journée très belle", a commenté
Jean-François Blanco, un des avocats de la partie civile. Mais, a-t-il précisé aussitôt en faisant référence à la disparition des plantigrades, "très triste, comme la vallée
d'Aspe l'est souvent".
Une journée tendue également, en particulier pour René Marquèze qui a dû revenir sur les faits et gestes qui l'ont conduit à abattre l'ourse (lire ci-dessous),
simulée pour la circonstance par une simple planche en bois.
Il a dû surtout, avec ses autres compagnons de battue, répondre au tir groupé des parties civiles. Quelques incidents entre avocats ont d'ailleurs émaillé la reconstitution,
réveillant les vieux clivages entre montagnards et parisiens, chasseurs et écolos...
A ceux qui dénonçaient "l'irresponsabilité, l'inconscience, la succession de maladresses et d'inconséquences" des chasseurs, Me Sagardoytho a répliqué par "un festival de bêtises"
et par "une collection d'hypocrisies". Les joutes ne sont restées que verbales. Vu la situation très escarpée du site sécurisé par des cordes, c'était préférable.
Source: Sud-Ouest du 9 novembre 2005
- Deux scénarios s'opposent
Mort de Cannelle. -Hier, la reconstitution a duré environ quatre heures sur les lieux où l'ourse a été tuée. Chaque partie ressort confortée dans ses convictions
Le petit village d'Urdos, en vallée d'Aspe, a vu sa population de 67 âmes plus que doubler hier matin. Il y avait autant de gendarmes que d'habitants pour empêcher l'accès à la
cabane du Rouglan, où a débuté vers 10 heures la reconstitution de la mort de Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne.
Le juge d'instruction palois, Jean-Luc Puyo, tenait à confronter le scénario décrit par le chasseur, René Marquèze, à la configuration des lieux.
C'est à quelque 1.200 mètres d'altitude qu'il a tiré sur Cannelle le 1er novembre 2004, lors d'une battue au sanglier avec cinq autres nemrods. Il a toujours affirmé ne pas avoir
eu d'autre choix, en ce lieu escarpé et dangereux (1), tant l'ourse était agressive.
Hier, à l'issue des quatre heures de reconstitution, il a laissé son avocat, Me Thierry Sagardoytho, s'exprimer à sa place: "Chacun a pu constater que les lieux ne ressemblent
guère au boulevard Haussmann, avec à une pente très inclinée. Mon client a revécu la triste rencontre de sa vie avec un fauve menaçant qui, pour protéger son petit, était prête à
attenter à sa vie. Je mets quiconque au défi de dire comment il pouvait préserver sa vie autrement."
"Invraisemblances".
Un défi que certains des six avocats des dix-neuf parties civiles ont tenu à relever. Me Jean-François Blanco, conseil du Fonds d'intervention écopastorale (FIEP) et de France
Nature Environnement, s'est glissé à l'endroit où René Marquèze s'était réfugié avant de remonter et d'affronter une ultime fois Cannelle: "Il pouvait s'en sortir autrement. En
contrebas, une issue était possible pour tout montagnard expérimenté. En revanche, l'ourse ne pouvait, pour regagner sa couche, qu'emprunter le passage où elle a été piégée et
tuée", conclut-il.
Il n'estime pas crédible le comportement du plantigrade tel que décrit par le prévenu: "C'est contraire à toutes les constatations des scientifiques. Un ours ne charge pas l'homme
et ne le place pas quarante minutes sous surveillance." Des "anomalies et invraisemblances" dénoncées aussi par Me Brard, représentant WWF.
Me François Ruffié, avocat de la Sepanso, pose d'autres questions: "Pourquoi, une fois l'ourse levée, les six chasseurs n'ont-ils pas fait de rappel général et mis fin à la chasse?
Pourquoi Marquèze, lorsqu'il informe par portable ses compagnons de la présence de l'ourse et qu'ils lui disent "on arrive", ne les attend-il pas?"
Accident ou trahison?
Me Sagardoytho dénonce "une littérature de salon". Et maintient la thèse de l'accident, quand les parties civiles évoquent soit "une chasse à l'ours", soit "la volonté de débusquer
Cannelle et son ourson pour libérer le territoire de chasse". Car, et ce point est incontestable, la présence sur cette zone de la femelle et de son petit avait été signalée
aux chasseurs, à plusieurs reprises.
Ce qui fait dire à Me Blanco "qu'ils ont trahi et utilisé à leur profit les informations communiquées quarante-huit heures avant". Pour cet avocat, "le procès est inévitable".
Pis, "la responsabilité pénale des autres chasseurs doit être recherchée pour complicité, ainsi que la responsabilité civile de l'ACCA d'Urdos et de la Fédération des chasseurs".
(1) Lors de la reconstitution, un gendarme de la brigade d'Oloron a été blessé à la cuisse par la chute d'un petit rocher. Il a été héliporté jusqu'à l'hôpital d'Oloron pour y être soigné.
Auteur: Anne-Marie Siméon
Source: Sud-Ouest du 9 novembre 2005
- Cannelle: retour sur les lieux
René Marquèze, après un an d'une longue polémique entourant la mort de Cannelle, a retrouvé hier les lieux où les faits se sont produits. Des lieux où la dernière ourse de souche pyrénéenne est morte après un coup de feu fatal, laissant un ourson. "Légitime défense" a toujours déclaré René Marquèze ainsi que ses compagnons de chasse. "Geste délibéré", répondent depuis des mois les défenseurs de la nature. Afin de déterminer le vrai du faux, le magistrat chargé d'instruire l'affaire, le juge Jean-Luc Puyo, avait organisé une reconstitution sur la commune d'Urdos, en vallée d'Aspe (64). Une reconstitution sous haute surveillance afin d'éviter tout risque de débordement. Toutes les voies d'accès étaient bloquées et c'est par hélicoptère que le juge se rendait sur site. Les avocats de la partie civile, (Me Jean-François Blanco (FIEP, France Nature Environnement) Lionel Brard (WWF France) en tête, et pour la défense, Me Thierry Sagardoytho ont effectué les quelque 1h15 de trajet à pied. Tous ont reconnu l'utilité d'une telle reconstitution, René Marquèze le premier. "Je me sens soulagé... il fallait y aller". Les parties civiles dénonçaient "une volonté des chasseurs de débusquer Cannelle... de la chasser". "Il n'y a pas eu de charge volontaire de l'ourse et l'on n'a jamais vu un plantigrade mettre sous surveillance un homme pendant 40 mn". La mise en examen est donc demandée. Pour la défense, "René Marquèze a rencontré un fauve... Comment pouvait-il faire autrement que de se défendre?... Cela relève surtout de l'héroïsme. La légitime défense est désormais un point commun que nous avons avec la partie civile... Nous n'avons pas à subir le lobby écologiste et cette affaire doit se conclure par un non lieu."
Auteur: Philippe Delvallée
Source: Dépêche du Midi du 9 novembre 2005