Le Monde des Pyrénées

Après Franska les problèmes restent - 2008

Certains pensaient qu'une fois Franska disparue, tous les problèmes étaient réglés. Erreur! Tous les problèmes persistent. Les éleveurs, les gestionnaires d'estives sont abandonnés à leur sort face à une situation qui se dégrade de jour en jour.

Pour le seul secteur de l'Ouzoum - Estibette, c'est 76% du cheptel ovin qui a disparu depuis 2000, laissant à l'abandon total plusieurs estives qui se font grignotées par la sauvagine. En même temps, c'est une multitude d'espèces végétales qui disparaît, une diversité floristique qui ne reviendra pas, des paysages et des chemins qui se ferment. C'est un patrimoine écologique qui s'appauvrit et qui, à moyen terme, disparaîtra définitivement.

Alors qu'une mission sénatoriale préconise une relance de la filière ovine tout simplement parce que la France en a besoin pour nourrir la population (la production française ne produit que 42% des besoins de la France), dans les Pyrénées tout a été mis en oeuvre pour décourager ceux qui veulent travailler. Et lorsque les éleveurs conservent leur exploitation, avec la présence des grands prédateurs, la devise devient "travailler plus pour gagner moins."

En effet, constater plus de 7% de prédations réelle alors que seulement un peu plus de 1% ont été reconnues diminue pour le moins la rentabilité des troupeaux sur une estive comme à Saint-Lary (Couserans -Ariège). Et cette ourse n'hiberne pas beaucoup. Le 16 décembre ce sont 3 chèvres qui ont été mangées sous les fenêtres d'une maison d'habitation dans un hameau à proximité de Boutx (Haute-Garonne). L'éleveur a vendu son troupeau de 70 chèvres et est allé s'installer en un lieu plus sûr avec ses enfants en bas âge. Le 3 février, à proximité du même endroit, c'est une autre chèvre qui est tuée. L'éleveur n'étant pas en règle tout est passé sous silence avec la complicité des agents en charge des constats. Et puis il y a les pressions et les menaces subies par les éleveurs pour ne pas parler à la presse, pour ne rien dire y compris dans leur entourage afin de garder le secret de la vérité sur les prédations. Ambiance à la hauteur de la haine dont certains font état à l'égard du milieu pastoral.

Cette situation n'est pas très nouvelle. Déjà en Béarn depuis 1984, c'est ce type de comportement qui prévaut. "Si vous parlez, vous ne serez pas indemnisés." De toute manière au tarif appliqué par rapport au travail et aux bêtes réellement perdues, il n'y a plus grand-chose à perdre en parlant.

Non content de la présence de l'ours, c'est maintenant le loup qui menace. Dans les Pyrénées-Orientales, le phénomène s'étend. En janvier, des observations étaient faites au-dessus de Targasonne. Des éleveurs du haut Ariège disent en avoir vu et manifestent leur mécontentement face au refus de l'accepter. "Ils ne veulent pas qu'in en parle de peur d'avoir trop d'indemnisation" nous disent-ils. Déjà en fon d'été 2006 des doutes étaient apparus en vallée d'Ossoue. Aujourd'hui il se dit, selon certaines indiscrétions des milieux officiels de la chasse, qu'une meute de 7 loups serait aux alentours d'Argelès-Gazost. Vrai ou faux? De toute manière il faut s'attendre à leur arrivée tôt ou tard.

Face à l'inertie des services de l'état, à leur incurie à trouver des solutions réalistes, "leur incapacité voir leur incompétence manifeste" à gérer ces problèmes, au refus de dire la vérité et cette "volonté à s'enfermer dans le mensonge" des éleveurs n'hésitent pas à dire ouvertement qu'eux "vont faire ce qu'il y a à faire."

Voilà des perspectives bien inquiétantes pour un printemps qui risque d'être très chaud dès que les troupeaux sortiront en estives intermédiaires pour lesquelles le plan ours ne prévoit rien.

Louis Dollo, le 17 favrier 2008