- CAP-Ours va plus loin….. Sans aborder le fond
Le collectif associatif CAP-Ours, auquel appartiennent FERUS et l’ADET, est allé encore plus loin en envoyant une lettre ouverte au Président de la République accompagnée d’un argumentaire assez stupéfiant. Mais comme toujours, il ne s’agit que d’un verbiage anesthésiant qui ne va jamais au fond du sujet. Et pour cause. Les fondements des introductions d’ours dans les Pyrénées ne sont pas si propres qu’il n’y parait et il devient quelque peu gênant de remuer tout le passé. Ce serait aussi se couper l’herbe sous le pied de financements non négligeables par des fonds publics pour des emplois improductifs dans lesquels certains font carrière.
- Plus que la réponse du berger à l’écolo
Le 28 juillet dernier, à partir d’un communiqué de l’ADDIP, nous faisions état de dysfonctionnements de l’Etat depuis 1991. Jamais les associations pro-ours n’ont abordé ce sujet, préférant tout accès sur un effarouchement marquant essentiellement l’exaspération de toute une population. Mais à ce qui est considéré comme une provocation, le berger répond à l’écolo par une «Lettre ouverte de l’ADDIP au Président de la République: ours, Pyrénées, de 1991 à 2013, un scandale d’État». Et la coordination pyrénéenne ADDIP ne se contente pas d’une lettre. Elle aussi a son argumentaire: un dossier qui prouve un scandale d’Etat. Et les références existent.
- Des accusations précises
Le dossier précise: «Le premier responsable est G. Simon, Conseiller technique puis Directeur de la Nature et des Paysages au Ministère de l’Environnement. Alors qu’il connaissait l’opposition pyrénéenne à toute réintroduction du carnivore, il décida de la cacher à l’Europe en faisant croire l’inverse à partir d’ «une petite structure bâtie pour l’occasion permettant ainsi au projet d’être moins parisien /…/ pendant que le projet «lourd» de réintroduction évoqué par ailleurs continuerait d’être discuté» (Note pour M. le Directeur de Cabinet du 28-01-1991)». Et c’est ce qui a permis la création de l’ADET – Pays de l’Ours en 1991…. Petite structure moins parisienne pour mieux tromper les Pyrénées.
Nous découvrons que l’opposition aux introductions d’ours n'est pas nouvelle. Elle était même mentionnée par l’ONCFS et la DIREN. L’ADDIP rapporte que pour l’ONCFS, E. Dubarry, Garde chef national de la chasse et de la faune sauvage, dans un rapport de mars 1991: «il est certain que la majorité des communes du Haut Comminges (31), du Castillonnais (09) et du Couserans (09) sont réticentes à l’idée de réintroduction de l’ours chez elle. /…/ La méfiance et le scepticisme semblent être les seuls sentiments actuels de ces populations montagnardes.» Par ailleurs, pour la DIREN (devenue DREAL), en janvier 1993 il est précisé: «Après quatre ans d’effort il existe toujours une opposition, voire une très forte opposition locale, à la présence de l’ours brun et tout ce que cette présence implique.»
Pour la création de l’IPHB en Béarn, nous trouvons la même démarche manipulatrice. En octobre 1993 dans un courrier adressé au Préfet des Pyrénées Atlantiques rédigé par Ph. Arnold, conseiller technique au Cabinet du ministre de l'Environnement, Michel Barnier, à propos de la Charte béarnaise il écrivait: «Je pense qu’il peut être utile de donner l’impression que les «parisiens» ne s’en mêlent pas trop.»
Et les références se poursuivent tout le long du dossier… Avec parfois des surprises
- Même la SEPANSO et la LPO étaient contre
La situation a bien évolué depuis le début des années 1990 mais nous relevons que au cours de la réunion du CNPN de juin 95 consacrée à la réintroduction et présidée par Gilbert Simon, les trois représentants d’associations environnementales votèrent contre: la SEPANSO et la LPO (avec pour suppléant un membre du WWF) en faisant référence «aux conditions dans lesquelles l’opération doit se dérouler». Mme Hercent de la fédération régionale des associations de protection de l'environnement des Pays de la Loire, après avoir posé le problème des attaques aux troupeaux et des conditions d’accueil des ours dans le milieu s’est vu répondre par Gilbert Simon: «tant qu’il y aura des moutons, il y aura des ours pour les manger. Les bergers doivent accepter cette coexistence douloureuse moyennent une indemnisation». La dictature écologique! Mais Mme Hercent n’est pas de cet avis et le PV de séance mentionne: «affiche un NON plus catégorique» que les deux autres associations environnementales ne le laisse entendre.
- Les Pyrénéens considérés comme des arriérés?
Depuis longtemps sur les forums du Web, les écologistes tenaient un discours tout à fait digne des romantiques du 19ème siècle avec une pointe de haine non dissimulée à l’égard des éleveurs et une condescendance assez déplorable. Ce n’était qu’une continuité de la présentation des Pyrénées dans de nombreux rapports: «Jusqu’à récemment encore zone isolée et inaccessible,… les Pyrénées sont un des derniers refuges en Europe pour quelques-uns de nos mammifères et oiseaux les plus spectaculaires et menacés: l’ours brun, /etc./». Il est évidemment mensonger de dire que les Pyrénées "sont un des derniers refuges en Europe" pour les ours bruns et outre le fait que pour les signataires de la lettre «l’espèce nullement menacée au niveau européen», nous constatons que les Pyrénéens sont relégués «aux marges de l’Europe, ultime isolat échappant à la civilisation». Pour l’ADDIP ce «n’était que la forme extrême du processus de marginalisation que la petite structure pour avoir l’air «moins parisien» jouait déjà sur un mode local», c’est-à-dire l’ADET. Mais derrière toutes ces manœuvres, l’argent n’était pas loin. Pour l’acceptation d’une telle image, «la frontière sauvage», l’ONC (FS) empoche de l’UE pas moins de 824.500,00 €. Quand l’écologie devient business… La même tentative a eu lieu récemment en Espagne mais sans succès.
- Sans les mensonges il n’y aurait plus d’ours
Pour l’ADDIP mais aussi des élus, des organisations agricoles et des chasseurs dont certains auront à rencontrer prochainement une mission interministérielle: «Sans les mensonges de l’État, les ours slovènes n’auraient jamais été là: toutes les suites du programme ours découlent de cette escroquerie initiale qui met en jeu la morale républicaine et la confiance des citoyens en leur État, ici sérieusement atteinte». Graves accusations avec des noms de fonctionnaires signataires de courriers qui sont l’occasion d’interpeler le Président de la République qui assure constitutionnellement «le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État».
Et l’ADDIP insiste: «Cette continuité concerne aussi les faces sombres de notre République, et dans le cas de l’ours il ne s’agit rien moins que d’une escroquerie d’État sans laquelle il n’y aurait jamais eu importation d’ours slovènes dans les Pyrénées». Le dossier joint au Président de la République est implacable. Mais la coordination pyrénéenne va bien plus loin: «L’État doit assumer ce dysfonctionnement et en tirer les conséquences: enlever ces ours, les placer en un lieu où ils ne nuiront à personne».
Cette situation fait que nous ne nous situons plus dans une logique d’introductions d’ours pour des raisons génétiques, souvent avancées, mais dans une logique de retrait pur et simple des ours encore présent, tous d’origine ou issus de Slovénie. Il est précisé: «Il est inadmissible de continuer à faire payer à ceux qui ne le voulaient pas les conséquences de ce qui est une escroquerie d’État alors que l’Europe elle-même en a tiré les conclusions que montre le dossier joint: stop aux réintroductions «à cause de l’opposition des populations locales.»» C'est en fait la stricte application de la directive européenne "Habitats" dans ses articles 2 et 22.
Face à une telle situation où des associations comme le WWF, Férus, l’ADET et le FIEP sont directement mises en accusation, il est difficile d’imaginer un avenir positif pour l’ours dans les Pyrénées. Nous pouvons même dire, comme nous le pressentions depuis plusieurs mois, qu’il n’y a aucun avenir.
Louis Dollo, le 6 août 2013
- La lettre de l’ADDIP adressée au Président de la République
- Le dossier accompagnant la lettre au Président de la République